Nous sommes dans le flou concernant le développement des TIC en Algérie. Après avoir lancé la 3 G et la 4 G, il n’y a presque plus d’événements. La crise, nous dit-on, çà et là. Apparemment, il y a «la rationalisation des dépenses» et celle des technologies dans notre pays. Mortelle confusion. Certaines situations nous donnent l’étrange impression qu’on est réfractaire à toute modernité et à toute avancée technologique. Des opérations sont lancées en grande pompe dans des hôtels étoilés avec présence des officiels, petits fours et gazouz à volonté et puis, tout d’un coup, la machine grince. Dans un quotidien national, une question pertinente a été posée : à quoi sert la carte d’identité biométrique ? Quand elle a été mise en circulation, nombreux ont été ceux qui ont applaudi des deux mais. Ils se sont dit qu’enfin, elle allait contribuer à réduire les tracasseries administratives des citoyens. Il se trouve que l’identité du possesseur de la carte est inscrite en de si minuscules caractères arabes que vous auriez besoin d’une loupe pour les lire. Sur la carte de la femme mariée, on n’inscrit que son nom de jeune fille ! Allez savoir pourquoi. Une personne qui posséderait un compte CCP avec son nom de mariée, est forcée par les agents d’Algérie poste à fournir un livret de famille pour que sa demande de retrait d’argent soit prise en compte. Cela nous rappelle étrangement le receveur du bus de la RSTA qui nous disait «avancez lellour» (avancez en arrière). Autre aberration. Si un couple se présente à la réception d’un hôtel, il devra montrer son livret de famille, vu que sur les deux cartes d’identité, il y a deux noms différents. On est à mille lieues de la modernisation de l’administration chère à Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales.
Les fonctionnaires ont du mal à se départir des réflexes bureaucratiques et continuent à réclamer des piles de papiers à des citoyens déboussolés. Et dans ce cas, on est tenté de croire que la corruption n’est pas très loin. Il faut bien lui «payer son café» au planton qui vous accueille avec un sourire qui en dit long sur ses intentions. L’administration est encore gangrenée par des méthodes de travail dépassées à l’ère du tout numérique. Que doit-on faire ? Se déconnecter ? Baisser les bras ou résister et relever les défis ?
D’autre part, les élections pour l’APN approchent et on entend parler que de chkaras (gros sacs de billets), que de coup de pouce pour être «sur la liste» le plus haut possible mais jamais d’un programme et encore moins d’un programme digital pour ce XXIe siècle où tout sera numérique. Très peu de partis politique utilisent les TIC afin d’élargir leurs bases, diffuser leurs messages et animer leurs campagnes électorales. Les partis sont aux antipodes de cette évolution à la fois technologique et sociologique. Pour eux, les TIC, c’est un gadget, un passe-temps pour jeunes désœuvrés. Pour preuve, et à quelques semaines uniquement des élections législatives, les sites des partis politiques continuent de mettre en ligne des contenus qui datent de plusieurs mois. Un tour d’horizon sur les quelques sites Internet qui existent déjà, le constat est vite fait ; les partis ne sont finalement connectés ni au monde réel ni au monde virtuel.
Beaucoup de ministres sont cependant sur Facebook. Nos ministres se défendent de toute mise en scène électorale. Leur but serait de créer un lien de proximité avec les abonnés. Mais il faut être continuellement actif et attentif, prêt à répondre aux questions posées, à ne pas utiliser les réseaux uniquement à sens unique. Ces plates-formes ne sont pas qu’un panneau d’affichage et les officiels doivent s’attendre à être interpellés et critiqués. Pas de coup d’éclat, les statuts, tweets, photos, vidéos relèvent plutôt de l’agenda officiel et restent très consensuels. Créer une Page doit être une décision réfléchie et doit s’inscrire dans une stratégie, la création en elle-même ne s’improvise pas. Bon nombre de ces pages n’ont pas une activité régulière, ce qui dénote souvent un manque de volonté politique.
L’Algérie est à la croisée des chemins. Mais le virtuel n’a jamais été aussi réel que de nos jours. Ce n’est pas un mirage mais une projection.
Une marche vers l’avenir…