Après la saison estivale et la trêve forcée du ramadhan, l’Algérie reprend langue avec les salons et autres manifestations parrainées le plus souvent par le ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication. Comme d’habitude, ils constituent une excellente opportunité pour les officiels qui se succèdent sur la tribune, surtout lorsque l’ENTV couvre l’événement, et prononcent des discours en employant des termes très en vogue comme « réforme », « relance » ou « stratégie ». Un jargon tellement répété que les Algériens ont le plus souvent l’impression du « déjà-vu » ou du « déjà entendu ». Et finissent par y croire de moins en moins… Dans ce contexte, un salon semble avoir trouvé sa vocation : le Med IT. Après un glissement dans le calendrier, il s’empare du thème qui surfe sur l’actualité nationale : la 3G et les applications mobiles. Mais si des conférences, nous dit-on, de haut niveau sont proposées, le commercial est en embuscade. Par contre, le citoyen ne perçoit pas d’incidence directe ou indirecte sur sa vie de tous les jours. Le paiement électronique est encore un projet sans crédit. Il n’y a qu’à voir les interminables chaînes dans les bureaux de poste. Les sites web marchands se comptent sur le bout d’une seule main et les centres d’appel n’ont pas eu le succès escompté et reste sans voix, ni voie ! Il y a des frémissements, des étincelles ou un début de concrétisation de projets mais rarement l’Algérie n’est allée au bout de ses ambitions et passer la vitesse supérieure sur les autoroutes de l’information. Et ce n’est pas Ahmed Hamoui, expert en télécommunications qui va nous contredire. Animant la dernière session de formation destinée aux journalistes adhérents au Club de presse de l’opérateur étoilé Nedjma, il souligne que les réseaux mobiles sont arrivés à une forme de saturation. Des décisions doivent être prises pour proposer de nouveaux services innovants et de cesser de croire que le miracle algérien se limite à atteindre 31 millions d’abonnés actifs en téléphonie mobile. Les décideurs doivent prendre conscience que le monde a changé et que les TIC ne sont plus une affaire d’informaticiens, dixit un ingénieur en télécoms. Qu’est-ce qui empêche le m-paiement de devenir une réalité alors qu’au Kenya, près de 15 millions d’utilisateurs de ce système sont recensés et près de 8 millions en Tanzanie ? Pourquoi le m-éducation a du mal à tisser sa Toile ? Alors que le m-santé peut résoudre beaucoup de problèmes du département de Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière. On se contente de jubiler après une simple opération de télémédecine entre un hôpital à Alger et un autre à Marseille. L’important serait-il de soigner les apparences au lieu d’aller vers de véritables exploits et surtout soigner le patient ? Et pour en revenir à cette histoire de 3G, on a l’impression que c’est un dossier qui occulte d’autres préoccupations plus urgentes. L’ARPT lance l’opération et le ministre du secteur, Moussa Benhamadi, affirme que les offres seront sur le marché à partir du premier trimestre 2012 ! Les opérateurs ne seront pas prêts à cette date, affirment les spécialistes, connaissant le climat des affaires en Algérie et les lenteurs bureaucratiques. Les conditions d’octroi de la licence (contrepartie financière éventuelle) détermineront les tarifs qui seront établis par les opérateurs et auront donc une influence directe sur le marché. De plus, cette opération se déroule dans la plus grande opacité alors que la téléphonie mobile atteint les 34 millions de lignes. Alors que l’on attendait une transparence, l’ARPT ne communique que sur son site web et même dans ce cas, elle ne livre que quelques bribes d’infos dans la limite de ce que permet l’officiel… Elle a peur d’en dire trop mais dans cette prudence excessive, elle ne dit en tout cas pas tout. Et puis la 3G est-elle vraiment une donne qui va bouleverser le secteur ? On en doute car le défi est de permettre aux Algériens de se connecter en masse à Internet, de se l’approprier, de l’utiliser pour le ludique et le professionnel, de se projeter vers le futur et non rester sur des acquis. Algérie Télécom par exemple doit devenir réellement l’opérateur des opérateurs et le bon choix car jusqu’à présent, l’unique choix des Algériens est d’être connecté et en cas de rupture du câble sous-marin, il faut attendre que le salut vienne encore une fois de l’étranger. La boucle est bouclée mais il ne faut plus confondre rêves et…illusions ! Les salons, c’est bien, la concrétisation des projets, c’est nettement mieux.