En plein cœur du Mois du Patrimoine, célébré cette année sous le signe de l’Intelligence Artificielle, de jeunes talents algériens démontrent concrètement comment la technologie peut aider à sauvegarder et à valoriser notre histoire. Au Centre universitaire Cheikh Amoud Belmokhtar d’Illizi, des étudiants en Master d’IA ont proposé deux projets captivants, l’un nous invitant à une immersion virtuelle dans le Tassili N’Ajjer, l’autre offrant une traduction instantanée vers la langue amazighe, illustrant parfaitement l’ambition de lier modernité et héritage national.
Visiter le Tassili depuis chez soi grâce à l’IA
Difficile d’accès pour beaucoup, le Tassili N’Ajjer est pourtant l’un des joyaux les plus précieux de l’Algérie. Classé au patrimoine mondial par l’UNESCO, ce site est mondialement connu pour ses paysages lunaires spectaculaires et surtout pour sa « bibliothèque » d’art rupestre – des milliers de peintures et gravures préhistoriques d’une valeur inestimable. Comment faire découvrir ce trésor au plus grand nombre ?
C’est le défi relevé par le premier groupe d’étudiants. Leur projet ? Une maquette virtuelle du Tassili N’Ajjer. Concrètement, grâce à l’Intelligence Artificielle, ils ont créé une simulation numérique fidèle de cette immense zone, incluant ses formations rocheuses uniques et la reproduction de ses célèbres œuvres pariétales. « L’idée est de rapprocher cette zone touristique de renommée mondiale des visiteurs virtuels, dans le but de les inciter ensuite à se déplacer sur ces sites pour les découvrir de près », explique Dr. Rym Kacemi, qui a encadré ces projets. Cette maquette, accessible potentiellement via une application baptisée « Metadigital », ne serait pas seulement un outil pour le grand public ; elle pourrait aussi servir de « fenêtre » interactive dans les musées, notamment dans le nord du pays, offrant aux touristes étrangers une première immersion avant, on l’espère, une visite réelle.
Préserver la langue et faciliter l’échange
Le second projet, baptisé « Imazighene » (qui fait référence aux Amazighs et à la langue amazighe), s’attaque à un autre pilier du patrimoine : la langue, partie intégrante de notre identité culturelle immatérielle. Sachant que l’Algérie a plusieurs variantes de la langue amazighe, ce projet utilise l’Intelligence Artificielle pour proposer un système de traduction simultanée.
Ce qui est particulièrement innovant ici, c’est l’application de l’IA pour la reconnaissance non seulement de la langue parlée, mais aussi du timbre vocal. Cela ouvre la voie à des traductions en temps réel de conversations. Les variantes gérées initialement sont le Kabyle et le Targui (parlé notamment dans la région d’Illizi). « Ce projet vise à préserver notre legs immatériel national, à assister les touristes non-amazighones qui souhaitent interagir avec les populations locales et à bénéficier de la traduction pour vulgariser la culture locale », détaille Dr. Kacemi. Imaginez un visiteur étranger pouvant échanger plus facilement avec les habitants grâce à une traduction quasi-instantanée dans une variante locale de Tamazight !
Ambitions et soutien pour l’avenir
L’équipe d’étudiants ne compte pas s’arrêter là. Selon leur encadreur, ils envisagent déjà d’intégrer d’autres zones et sites touristiques et archéologiques à leur modèle virtuel du Tassili pour couvrir d’autres trésors algériens. Côté traduction, l’objectif est d’ajouter d’autres langues de travail (aux côtés de l’arabe, de l’anglais et du français) ainsi que d’autres variantes de la langue amazighe, soulignant la richesse et la diversité linguistique du pays.
Ces initiatives sont une magnifique illustration de l’engagement de la jeunesse algérienne pour son patrimoine. Loin de le voir comme un simple objet d’étude, ils l’abordent avec les outils de leur temps, proposant des mécanismes novateurs non seulement pour le préserver, mais aussi pour le rendre vivant, accessible et attractif dans un monde numérique. Le Mois du Patrimoine sert justement de catalyseur pour ces idées créatives.
Il est essentiel de noter que l’État algérien encourage activement cette dynamique. En développant les formations dans des domaines de pointe comme l’Intelligence Artificielle et en ouvrant ses portes aux meilleurs projets pour leur concrétisation, il offre aux jeunes créateurs les moyens de transformer leurs visions en réalités au service du patrimoine et du développement national. Les projets d’Illizi en sont une preuve inspirante.