par Le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, M. Kamal Badari, a marqué de sa présence le parc scientifique et technologique Ihaddaden de Sidi Abdullah, ce 12 février 2025. L’occasion était solennelle; présider la cérémonie inaugurale du tout premier programme doctoral algérien en technologies des semi-conducteurs, une initiative ambitieuse propulsée au rang de projet stratégique national.
Les semi-conducteurs sont des matériaux aux propriétés uniques, se situant à mi-chemin entre les conducteurs électriques traditionnels comme le cuivre, et les isolants tels que le verre. Leur véritable atout réside dans leur capacité à moduler précisément la circulation du courant électrique. Cette caractéristique fondamentale les place au cœur de la fabrication de composants électroniques indispensables à notre monde moderne. Le silicium, par exemple, est le semi-conducteur roi, dominant l’industrie par son utilisation massive.
Les semi-conducteurs : un enjeu technologique majeur
Omniprésents dans notre quotidien, ces matériaux sont les piliers de nombreuses technologies contemporaines. Ils sont essentiels à la production des microprocesseurs et des circuits intégrés, véritables cerveaux électroniques qui animent nos ordinateurs, nos smartphones et une myriade d’autres appareils. Leur rôle ne se limite pas à l’électronique grand public ; ils sont également cruciaux dans le secteur médical, où l’on retrouve des capteurs et dispositifs médicaux sophistiqués, utilisés en imagerie de pointe, dans les équipements de diagnostic toujours plus performants, et même dans les prothèses intelligentes qui repoussent les limites du handicap.
Le secteur des télécommunications, colonne vertébrale de notre société connectée, repose entierement sur les semi-conducteurs, indispensables au déploiement des réseaux 5G ultra-rapides et aux infrastructures numériques de demain. L’industrie automobile, en pleine mutation, est elle aussi devenue largement dépendante de ces composants, notamment pour les systèmes de navigation embarqués, les capteurs de sécurité qui améliorent la conduite, et le développement fulgurant des véhicules électriques, piliers de la mobilité durable.
Enfin, les enjeux énergétiques contemporains placent les semi-conducteurs au premier plan des solutions durables, avec leur rôle incontournable dans la fabrication des panneaux solaires photovoltaïques et des batteries avancées qui stockent l’énergie propre, contribuant ainsi activement à la transition énergétique mondiale.
Un projet ambitieux pour l’autonomie technologique de l’Algérie
Le programme doctoral lancé ce jour porte une ambition claire; former une nouvelle génération de talents algériens, chercheurs et ingénieurs hautement qualifiés, capables de maîtriser la conception et la fabrication de puces électroniques.
Ce secteur, stratégique entre tous, est identifié comme un moteur essentiel pour l’innovation technologique et un pilier de la souveraineté numérique du pays. Cette initiative s’inscrit donc dans une volonté politique forte de réduire la dépendance de l’Algérie vis-à-vis des technologies étrangères, et de positionner la nation comme un acteur incontournable et émergent sur la scène internationale du domaine des semi-conducteurs.
Afin de soutenir concrètement cette ambition, le ministre a saisi cette occasion pour annoncer la construction imminente d’un complexe d’envergure, intégralement dédié à la recherche et à l’enseignement supérieur dans ce domaine pointu. Spécialement conçu pour accompagner et amplifier le programme doctoral, ce futur centre de référence se dotera d’infrastructures de pointe, intégrant des équipements spécialisés à la fine pointe de la technologie.
L’objectif est clair. Offrir aux chercheurs, doctorants et étudiants un environnement de travail exceptionnel, propice à l’éclosion de l’innovation et à la stimulation de la collaboration avec les industries du secteur, tant au niveau national qu’international. Ce complexe a également vocation à devenir un catalyseur de partenariats stratégiques avec des institutions académiques de renommée mondiale et des entreprises technologiques internationales, renforçant ainsi l’écosystème national de la microélectronique et ouvrant la voie à des échanges fructueux de savoir-faire et d’expertise.
L’Algérie ne part pas de zéro dans cette course technologique. Le CDTA (Centre de Développement des Technologies Avancées) constitue un atout précieux, fort d’une expérience reconnue dans la conception de circuits électroniques spécialisés.
Le CDTA s’est notamment illustré par la fabrication d’ASICs (circuits intégrés spécifiques à une application), des composants électroniques sur mesure, conçus pour répondre à des besoins précis dans des domaines variés, allant des systèmes embarqués complexes aux infrastructures de télécommunications de pointe.
Cette expertise nationale, souvent méconnue, pourrait s’avérer un levier puissant pour propulser le développement du secteur des semi-conducteurs en Algérie et favoriser l’émergence d’une industrie locale compétitive et innovante.
À travers ces initiatives audacieuses et structurantes, l’Algérie affirme avec force son ambition de se positionner comme un acteur significatif sur l’échiquier technologique mondial. La stratégie est claire: investir massivement dans la formation de talents, soutenir la recherche de pointe, et développer des compétences locales de haut niveau dans le domaine stratégique des semi-conducteurs, gage d’un avenir technologique souverain et prospère.
