21 mai 2025

L’administration Trump pourrait revoir les subventions du Chips & Science Act <br> Vers une renégociation des subventions aux semi-conducteurs

Adopté en 2022, le CHIPS & Science Act visait à renforcer l’autonomie des États-Unis dans le domaine des semi-conducteurs. Pour cela, 39 milliards de dollars de subventions ont été alloués aux entreprises du secteur afin de stimuler la construction d’usines sur le sol américain, réduire la dépendance aux fournisseurs asiatiques (notamment Taïwan et la Chine) et sécuriser l’approvisionnement face aux tensions géopolitiques.

Ce programme répondait à plusieurs enjeux majeurs : la pénurie mondiale de puces, la montée de la compétition technologique avec la Chine, la volonté de renforcer l’économie américaine et de créer des emplois, ainsi que des préoccupations de sécurité nationale. Il s’agissait d’une intervention gouvernementale majeure pour remodeler l’industrie américaine des semi-conducteurs et renforcer son expertise scientifique et technologique.

La pandémie de COVID-19 a révélé la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales, en particulier dans le secteur des semi-conducteurs. Une grave pénurie de puces a affecté de nombreuses industries – automobile, électronique, dispositifs médicaux et défense – mettant en évidence la dépendance des États-Unis aux fabricants asiatiques, notamment taïwanais et sud-coréens.

Un changement de stratégie sous l’administration Trump
La nouvelle administration pourrait modifier les conditions d’octroi des subventions, voire en retarder le versement pour certains bénéficiaires. Le bureau du programme CHIPS & Science Act réexamine actuellement certaines clauses pour les aligner sur la politique de Donald Trump, une démarche qui inquiète les entreprises du secteur.

Cette révision s’inscrit dans une stratégie plus large de protection de l’industrie américaine. Donald Trump a récemment exprimé son intention d’imposer des droits de douane pouvant atteindre 100 % sur les importations de semi-conducteurs. L’objectif serait de contraindre les fabricants étrangers à investir aux États-Unis sans bénéficier d’aides publiques.

Ce virage protectionniste pourrait redéfinir la politique économique américaine et avoir des répercussions importantes sur le commerce international ainsi que sur la compétitivité du secteur des semi-conducteurs à l’échelle mondiale.

Quelles conséquences pour l’industrie des semi-conducteurs ?
Si ces restrictions sont mises en place, elles pourraient avoir de multiples répercussions. Elles inciteraient les entreprises à relocaliser leur production aux États-Unis, mais au prix d’investissements considérables. Parallèlement, une hausse des coûts de production serait à prévoir, entraînant une augmentation des prix des semi-conducteurs.

Ces mesures risqueraient également d’exacerber les tensions commerciales, en particulier avec la Chine et l’Union européenne, qui pourraient riposter par des restrictions similaires. En adoptant une approche plus protectionniste, l’administration Trump rompt avec la stratégie précédente fondée sur les incitations financières et pourrait ainsi redéfinir en profondeur l’avenir de l’industrie des semi-conducteurs aux États-Unis.

Dans cette nouvelle orientation, subventions et droits de douane ne sont plus envisagés comme des leviers complémentaires, mais comme des stratégies opposées. Les droits de douane apparaissent ici comme une alternative, voire un substitut, au modèle d’aides publiques instauré par le CHIPS & Science Act. Ce changement témoigne d’un durcissement potentiel de la politique américaine, passant d’une logique incitative à une approche plus coercitive pour forcer la relocalisation de la production. L’administration Trump semble privilégier l’outil des droits de douane afin d’attirer les investissements étrangers sans recourir aux subventions publiques.

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