11 décembre 2024

Djamel-Eddine Bou Abdellah,CEO SDG Consulting Algerie, déclare «Nous avons besoins de véritables first-movers pour imposer le numérique comme moteur de croissance économique»

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Cela faisait deux ou trois fois que je lui avais demandé un entretien pou comprendre la démarche qu’il avait pour constitué une société de Conseil en stratégie qui vise à faire converger les technologies et les divers métiers de l’entreprises. Djamel-Eddine Bou Abdellah est Docteur en sciences économiques de l’Université Oran2 et est présentement Manager de SDG Consulting Groupe filiale SDG GROUP. Le groupe SDG est un cabinet de conseil international en management, doté d’une vision globale des pratiques en matière d’analyse commerciale, de gestion de la performance d’entreprise et d’architectures commerciales avancées. Humble et simple à la fois, Djamel-Eddine Bou Abdellah a bien voulu nous accorder cet entretien pendant cette période de crise Covid-19 par Internet. C’est est un serial entrepreneur. Il n’a pas monté non pas une, ou deux, mais trois sociétés ! Toujours un projet dans un coin de la tête, il enchaînent les expériences et l’apprentissage. Soif d’entreprendre, goût du challenge, envie de réussir… Quel virus a donc frappé ce dirigeant pas comme les autres ? Mais ce n’est pas nos propos. Nous voulions avoir une vision sur l’entrepreneuriat en Algérie dans le domaine des Data en période de Covid. Écoutons-le.

IT Mag: De l’éducation à distance aux courses en ligne, des habitudes prises pendant le confinement risquent de durer. Quelle sera la réalité des systèmes d’information et de la consommation de solutions IT après la crise du Covid-19. L’une des multiples dimensions de cette crise concerne la manière dont le numérique se retrouve au cœur d’un monde qui se réinvente sous nos yeux. En quelques semaines, l’utilisation des produits et services numériques s’est répandue à travers le monde à une vitesse comparable à celle de la propagation de ce virus. Comment votre entreprise a-t-elle réagit face à cette crise ?

Djamel-Eddine Bou Abdellah: A SDG Group Algérie nous avons dès le 15 Mars décidé d’opter pour le télétravail et autoriser quelques déplacements ciblés chez nos clients dans le but d’assurer notre engagement en termes de planning, ceci avant l’annonce officielle du confinement partiel en Algérie, en date du 24 mars 2020.
En tant qu’entreprise spécialisée dans la gestion de l’information et l’utilisation des systèmes d’information à des fins de performance business, il était en effet spontané pour nous de procéder à l’utilisation des solutions IT pour assurer nos activités. Nous avons également incité nos client à le faire et de s’adapter à cette situation, non seulement en utilisant les outils technologiques, telles que les vidéoconférences et autres solutions de communication, sinon optimiser l’automatisation des systèmes d’information pour permettre un management de qualité et sans presence physique.
Au début de la crise nous étions tous quelques parts sclérosés, à la recherche de comment pérenniser l’activité et essayer de maintenir le minimum requis pour faire survivre l’entreprise sur le plan financier. Hélas la réalité des événements a contraint les entreprises à acquiescer raisonnablement la réalité de la situation et envisager l’utilisation des solutions IT comme nouveau modus operandi.

L’Algérie est tenue, comme le reste du monde, à engager sa transformation post-Covid 19 qui commence dès maintenant. Les chantiers sont nombreux mais le chantier de la transformation numérique de l’Algérie y est incontournable. Par contre, l’absence d’une vision prospective pour soutenir la transformation numérique n’est pas traitée comme une priorité sans oublier l’absence de support de la part de l’État pour permettre l’éclosion et le développement d’acteurs des numériques forts ne nous prépare-t-il pas à une transformation numérique imposée ? En tant qu’acteur incontournable sur le terrain, comment voyez vous cela? Et comment peut on organiser cela pour que cela puisse profiter aux entreprises algériennes et in finé aux citoyens.

A chaque pays son rythme ! Car la problématique de la transformation numérique en Algérie est d’ordre culture économique, elle est prisonnière du modèle économique en vigueur. Notre modèle national ne se base pas sur les économies innovantes et par voie de conséquence les pouvoirs publics, sensés accompagné en termes de politiques d’incitation tardent à promouvoir ces nouveaux concepts.
Nous assistons tout de même en ce début d’année à une reconfiguration structurelle des pouvoirs publics pour accélérer la numérisation économique, connaissant l’impact positif et grandissant sur l’emploi et la croissance économique qu’elle peut produire.
Il est aussi fondamental que les influenceurs à tous les niveaux de la société algérienne envisagent d’opérer cette mutation numérique dans le quotidien de tout un chacun.
Le numérique demeure un produit ésotérique réservé à une population qui entend son utilité économique, il doit être démocratisé à l’ensemble des activités furent-elles économiques, sociales ou culturelles..etc

L’ensemble des secteurs économiques peuvent profiter de la transformation numérique en commençant par les secteurs relevant directement de l’économie numérique : communications numériques, commerce électronique, banque et finance numériques. Cette amplification sans précédent des usages numériques a permis, d’une part, de révéler les carences de l’Algérie dans sa transformation numérique et les IT, mais aussi de montrer de grandes opportunités car il y a une marge importante de progression pour saisir ce que lui offre le numérique. Quelles sont d’après vous les premières démarchés à prendre en charge et quels scénarios pour le marché IT après la crise Covid 19?

Cette crise du Covid19 est venue confirmer qu’en fait le numérique n’est plus réservé à certaines activités dites à usage technologique, le numérique comme vous le décrivez dans votre question, touche l’ensemble des activités d’une manière ou d’une autre. La situation que nous vivons nous interpelle encore une fois sur l’utilisation des solutions IT et du besoin vital et indéfectible que cela comporte.
Pour ce qui est de la seconde partie de votre question, il est indéniable que cette situation de faible usage du numerique constitue un manque à gagner dans le PIB et aussi dans la chaine de valeurs qu’il pourrait produire. Je pense que nous devrions faire une prospection à très large niveau pour évaluer le manque à gagner, chemin faisant nous découvrirons les secteurs à promouvoir en premier pour qu’ensuite généraliser le boom numérique. Nous avons besoins de véritables first-movers pour imposer le numérique comme moteur de croissance économique. Nous pensons aux banques, l’e-commerce, le management numérisé, dit intelligent et l’administration. Je pense qu’il est évident de commencer par parfaire tous les impératifs en termes de supports et solutions techniques, la connectivité, les Datacenters et soutenir les activités connexes.
Favoriser sur le plan fiscal, et financement de toutes ces activités d’une manière prompte et concrète. Je pense aussi qu’il faut former le législateur et l’administration afin de pouvoir suivre avec lucidité les nouvelles innovations et inventions et traduire leurs usages en textes juridiques.

Vous dites «cette situation de faible usage du numérique constitue un manque à gagner dans le PIB et aussi dans la chaîne de valeurs qu’il pourrait produire». Comment pourrions nous changer cela pour aller vers le digital? Que suggérez vous? Ou quelle est la démarche a suivre?

A mon sens nous devrions avant tout Opter pour une économie de production et ouverte, par voie de conséquence. Le problème ne réside pas dans le numérique mais dans le modèle économique qui reste hermétique aux innovations en raison de son caractère répartition, ou l’on produit peu. Comment faire ? Je pense que la conjoncture est en train de s’en occuper. Nous devrions faire de grands ajustements et de grandes réformes pour ouvrir les portes à la gouvernance intelligente à tous les niveaux et les pans de l’économie nationale.
Tant que l’informel persiste et continue à s’imposer, le numérique sera banni car source de transparence.
Ce modèle privilégie la zone grise en matière de fiscalité. Une zone où l’on trouve la majorité des entreprises privées et très souvent forcées d’y être car elles s’approvisionnent du marché parallèle sans traçabilité comptable. Cette zone largement fréquentée permet de jouer à la fois sur le tableau officiel et informel en faisant de « l’optimisation » fiscale.

A l’heure du Covid-19 et du confinement, cela sous entend moins de travail et surtout moins de visibilité. Comment faites-vous avec vos employés, les impôts et la Cnas?

Nous sommes en effet dans notre troisième mois de crise et nous avons été contraints de rompre certains contrats par manque de facturabilité. Notre société a de tout temps privilégié la ressource humaine dans ses stratégies, considérant que la ressource humaine est le facteur déterminant dans notre spécialité. Nous avons fait beaucoup d’effort en 2019 à ce niveau, année de crise également, chemin faisant il ne nous est plus possible de maintenir l’effectif tel quel car la société ne pourra plus assurer les salaires.
Sur les déclarations fiscales et para fiscales, il va y avoir de grands cafouillages. Autour de nous je ne vois pas beaucoup d’entreprises enclines à honorer, notamment l’IRG et la Cnas d’ici fin Mai. Les pouvoirs publics devraient revoir cette problématique et faire des propositions plus concrètes et rationnelles

Dans le même ordre d’idée, d’après vous quelles sont les pistes de solutions que vous pourriez susciter?
Encore une fois le secteur privé a été laissé pour compte devant cette crise inédite, les pouvoirs publics n’ont pas assez soutenu l’entreprise privée, mis à part le report des déclarations fiscales et parafiscales pour la fin Mai et le report des échéances des crédits bancaires.

L’entreprise algérienne a entamé l’année 2020 dans des conditions très difficiles, en raison de la crise politique qu’a traversée le pays, très affaiblie, elle peine à résister à cette crise supplémentaire.
A l’instar de 140 pays à travers la planète, le gouvernement devrait constituer un fonds pour faire face à cette crise, le secteur privé emploie plus de 60% de l’emploi total en Algérie. Soutenir l’entreprise privée est capital si nous voulons éviter une érosion de l’emploi et une contraction à la fois de l’offre et de la demande.
La démarche la plus évidente serait d’établir les modalités de financement de ce plan de riposte économique, inconnues pour l’heure. Un fonds de riposte COVID-19 doit être mis en place et la valeur du fond déterminée. Il pourra être alimenté par des économies sur le budget de l’État et quelques retenues sur des produits subventionnés. Par exemple, la retenue d’un montant à fixer par litre de carburant, une manière d’atténuer sa subvention (acte retenue par la LFC), la liste peut s’étendre sur d’autres produits (électricité, gaz, eau..etc.), à un certain niveau de consommation pour les ménages, une ponction sur les dépenses, du budget d’équipement, notamment sur des projets non productifs, et des transferts sociaux qui n’atteignent pas les souches les plus démunies.Sans oublier de collecter l’épargne des ménages et des entreprises, notamment celle de l’informel par des incitations et avantages réels et/ou édition de nouveaux billets de banque. S’il y a solidarité nationale, elle devrait s’opérer à ce niveau.
La collecte de l’impôt à travers un prélèvement forfaitaire pour 2020 ou faire table rase pour cette année. Commencer à imposer l’économie informelle le plus largement possible. L’endettement extérieur à des fins de production et le financement non conventionnel sans oublier l’actif de la banque d’Algérie et les 130 tonnes d’Or que détient le trésor public.
Ce plan de financement non exhaustif déclinera par la suite les mesures de sauvetage économique et social, chiffrées tout en précisant les enveloppes allouées.

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