26 mars 2025

En couv: Guerre commerciale USA-Chine Le choc des puissances

Ren Zhengfe, le fondateur de Huawei

La rivalité croissante entre les Etats-Unis et la Chine ne se limite pas au domaine commercial, avec droits de douane prohibitifs et ouvertures de marchés. Elle se focalise désormais sur les patents ou brevets pour la 5G dont le rôle est encore à dessiner mais pour lequel tout le monte techno dira que c’est réellement un shift. Le passage à la 5G des télécommunications mobiles va permettre de développer les véhicules autonomes, l’internet des objets avec comme conséquence de multiples applications de l’intelligence artificielle, dans un premier temps.

D’apres l’ensemble des spécialistes que nous avons consultés ou vu sur Internet, Huawei est en avance. Huawei, l’un des grands groupes chinois, est un symbole à la fois de la réussite de l’économie chinoise et de l’ambition de Pékin dans le monde.
Selon le cabinet Deloitte dans son rapport « 5G: The chance to lead for a decade », la Chine, dans son plan quinquennal 2015-2020, a prévu un budget de 400 milliards de dollars d’investissement lié à la 5G. Le pays est actuellement très loin devant les Etats-Unis et Huawei pourrait fixer les prochaines conditions de marché relatives à cette technologie». L’équipementier de télécoms Huawei, numéro un mondial du secteur, dont le rôlr central se trouve dans la transformation digitale des prochaines années, fait travailler plus de 180.000 salariés et a dégagé plus de 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2018.

Premier épisode L’allumette
Le 1er décembre dernier, à l’aéroport de Vancouver, la police canadienne arrête une citoyenne chinoise de 46 ans, en transit entre deux vols. La femme arrêtée s’appelle Meng Wanzhou. Cette inconnue du grand public appartient au cercle très fermé de la nomenklatura chinoise. Directrice financière de Huawei, elle est la fille du fondateur du géant des télécoms. Elle est interpellée à la demande de la justice américaine qui l’accuse de fraude et exige son extradition. Première sortie publique de Ren Zhengfei, le fondateur de Huawei. Meng sera rapidement libérée sous résidence surveillée après avoir versé une caution de 10 millions de dollars canadiens.

Deuxieme épisode: La liste
L’administration Trump a placé Huawei Technologies sur une liste noire, rendant presque impossible pour l’entreprise l’achat de produits fabriqués aux États-Unis.
En effet, le président des États-Unis, Donald Trump, a signé un décret déclarant «une urgence nationale» et interdisait aux entreprises étrangères – par peur de la surveillance – d’intervenir dans le secteur des télécommunications aux États-Unis sans l’approbation du gouvernement.
Huawei et 68 filiales sont sur la liste de sociétés avec lesquelles les compagnies américaines telles que Qualcomm, Intel et Google ne peuvent pas commercer sans une approbation du gouvernement américain.
Aussitôt dit aussitôt fait. Google révoque la licence de Huawei avec pour conséquence que la révocation de la licence Android signifie que les futurs smartphones Huawei ne pourront plus avoir accès aux mises à jour et applications Android telles que Gmail ou Play Store, ainsi qu’au support technique de Google.
Les utilisateurs actuels de smartphones Huawei ne seront pas entièrement coupés des services Google. En effet, dans une déclaration via le compte Twitter officiel d’Android, la société indique que les smartphones Huawei actuels continueront d’avoir accès à des services tels que Google Play et à la sécurité de Google Play Protect.
Par contre, ils ne recevront aucune mise à jour les futures versions du système d’exploitation, comme l’Android Q. Il est écrit que «les utilisateurs de Huawei ont des questions concernant nos démarches de conformité avec les actions récentes du gouvernement américain: nous vous assurons que nous nous conformons à tous les exigences du gouvernements américains». Il ajoute que « les services tels que la sécurité Google Play de Google Play Protect continuent à fonctionner sur votre appareil Huawei existant»,
Toutefois, les futurs appareils Huawei continueront d’avoir accès à la version du système d’exploitation Android disponible via Android Open. Source Project (AOSP), disponible pour tout le monde gratuitement. Les applications phares de Google, telles que Gmail, YouTube et le navigateur Chrome, disponibles via le Google Play Store, ne seront plus disponibles sur les futurs modèles de smartphones Huawei car ces services ne sont pas couverts par la licence en open source et nécessitent un accord commercial avec Google.
La décision de Google ne devrait pas avoir d’effet en Chine car la plupart des applications mobiles de Google y sont interdites et remplacées par des alternatives chinoises, telles que Tencent et Baidu. Le reste du monde risque en revanche d’être davantage affecté par cette décision.

Troisieme épisode; les suiveurs
Et cela va plus loin, non seulement Google, mais également quatre des principaux fabricants mondiaux de puces – Intel, Qualcomm, Xilinx et Broadcom – seraient également en train de mettre fin immédiatement à leurs transactions avec Huawei.
Et ce n’est pas tout. ARM, proprieté de SoftBank a recommandé à ses collaborateurs de geler toutes les affaires en cours avec Huawei, comme l’annonce la chaîne britannique BBC. Cela comprendrait tous les contrats actifs, mais aussi le support et toutes les relations futures. Il faut savoir que l’architecture d’ARM est la base des processeurs mobiles qui sont sur le marché. Sans les licences d’ARM, Huawei ne pourrait donc pas fabriquer les puces Kirin pour ses appareils mobiles.

Les réponses
Huawei n’a pas attendu cela et il semble que ce dernier s’est préparé au «pire scénario possible», spécifiquement pour le cas d’interdiction d’utiliser Android. Il travaille déjà sur un système d’exploitation pour smartphone.
En effet, le fondateur et chef de la direction de Huawei Technologies, Ren Zhengfei, a déclaré dernièrement au Nikkei Asian Review que la croissance du géant chinois de la technologie ‘pourrait ralentir, mais légèrement’ en raison des restrictions récentes imposées par les États-Unis. Ren Zhengfei a déclaré aussi que la société était prête à franchir cette étape et que Huawei serait «bien», même si le fabricant américain de puces pour smartphones Qualcomm et d’autres fournisseurs américains ne lui vendraient pas de puces. Huawei possède HiSilicon, son fabricant de puce.
Il ajoute à la presse japonaise que «Après les restrictions américaines, la croissance de son chiffre d’affaires annuel pourrait être inférieure de 20%». De plus, le fondateur de Huawei a déclaré que la société ne suivrait pas les instructions du gouvernement américain. ‘Nous ne changerons pas notre gestion à la demande des États-Unis ni n’accepterons de surveillance, comme l’a fait ZTE’, a-t-il déclaré. 
Bien plus tout, Ren Zhengfei, a répliqué aux accusations lors de deux interviews télévisées. Il a déclaré à la BBC que les Etats-Unis ne pourraient pas «écraser’ Huawei», ajoutant «Si les lumières s’éteignent à l’ouest, l’est brillera toujours. […] Les États-Unis ne représentent pas le monde. ”
D’un autre côté, le département américain du Commerce a annoncé qu’il pourrait bientôt réduire les restrictions imposées à Huawei et Google etend son support à 90 jours soit août 2019.
Un avant épilogue
A travers la pression actuelle sur Huawei, le gouvernement américain met en danger la croissance de l’entreprise technologique et met la pression sur le gouvernement chinois qui n’a pas le droit de laisser tomber ses entreprises. En privant Huawei du système d’exploitation Android, qui est adopté par 85.1% des smartphones dans le monde, selon IDC, le classement des ventes va certainement changé au profil de Samsung, Apple ou encore Xiaomi. En Afrique, où Huawei est second avec plus de 12% du marché peut maintenir sa place.
La bannissement n’est pas limité à Google, puisque Microsoft qui detient plus de 75% des systeme d’exploitation pour PC est aussi concerné par «la liste de Trump». Ce qui veut dire que le même scénario devrait se répéter sur les autres segments d’activités de l’entreprise à l’instar de celui des ordinateurs où Microsoft devrait aussi lui refuser l’accès à Windows qui détient 75,47% de part de marché des systèmes d’exploitation pour ordinateur au 31 janvier 2019 selon Statista..
Enfin, priver Huawei de l’accès aux matériels et équipements fournis par les entreprises américaines qui détiennent la majorité des brevets dans le domaine technologique compromettra également les capacités de l’entreprise à produire de nouveaux appareils électroniques.
Bien que Huawei prône l’apaisement avec les Etats-Unis, la société a tout de même fait savoir qu’elle est prête à la guerre si l’administration Trump ne veut pas revenir à de meilleurs sentiments même si Ren Zhengfei déclare que « le personnel politique américain, par ses façons de faire à l’heure actuelle, montre qu’il sous-estime notre force (…) Mais en cas de difficulté d’approvisionnement, nous avons des solutions de rechange. En période normale, nous nous fournissions pour moitié en puces venant des Etats-Unis et pour moitié venant de Huawei. On ne pourra pas nous isoler du reste du monde ».
Au regard de l’intensité que prend la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, avec Huawei comme point central, le spectre d’une nouvelle guerre froide se profile à l’horizon. Elle sera technologique cette fois.

Google va perdre 425 millions de dollars par an après l’interdiction de Huawei

Google va cessé de fournir des licence pour le logiciel de smartphone Android à Huawei mais cela entraînera une perte de 425 millions de dollars en revenus annuels selon les estimations. Google ne fournis aucune information à ce sujet, car c’est l’administration Trump qui a récemment placé Huawei en liste noire. Presque toutes les entreprises américaines ne feront aucune affaire avec ce fabricant chinois de smartphones.
En effet, les appareils Huawei que la société lancera à partir de maintenant n’auront plus accès à Google Android. Les anciens téléphones ne recevront plus de mises à jour ni de correctifs de sécurité de la part de Google.
Selon un decompte que IT Mag a fait, Huawei compte environ 500 millions d’utilisateurs de smartphones dans le monde dont plus de la moitier ( 52% ) d’entre eux se trouvent en Chine, où Google Play n’est pas disponible. Les autres marchés auront un impact considérable sur cette décision sont l’Asie (hors Chine), l’Afrique et l’Europe.
Selon les chiffres compilés par IT Mag, Google a généré plus de 7 milliards de dollars américains dans les ventes du Play Store en 2018, dont plus de 350 millions de dollars américains provenent de téléphone Huawei.

Huawei ralentit sa production après son placement sur liste noire américaine

Alors qu’il s’était fixé pour objectif de devenir le plus grand vendeur de smartphones de la planète en 2020, Huawei a décidé de stopper une partie de sa production de téléphones mobiles, indique le quotidien hongkongais South China Morning Post. L’information a fini par filtrer des usines d’assemblage qui ont réduit leur fourniture de nouveaux portables pour la marque. Ce revirement intervient tout juste après que Huawei ait été placé par le gouvernement américain sur une liste noire, l’empêchant d’acheter des services et des pièces à des entreprises américaines sans autorisation. En pleine ascension depuis deux ans, ces ventes ont augmenté de 15,7% au premier trimestre 2019 contre 10,5% à la même période en 2018, selon les données du cabinet d’études Gartner.
Le géant des télécommunications met un frein à sa production pour prendre le temps de repenser sa stratégie et répondre au mieux aux mesures coercitives imposées par Donald Trump. Alors que Google a suspendu l’accès de Huawei aux futures mises à jour d’Android, l’entreprise de Shenzhen réfléchit encore à la possibilité de créer son propre système d’exploitation pour smartphone.

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