Quel endroit peut-il symboliser l’entrée dans une nouvelle ère que le Millenium monument de Pékin, un lieu érigé pour fêter le passage au XXIème siècle. C’est un emblème de la Chine du futur celle qui regarde vers l’avenir. Et c’est cette endroit, précisément, qui a été choisi par les organisateurs du Maker fair de Pékin. C’est un événement qui se veut la vitrine de l’innovation mais aussi de la création par l’exemple que porte le mouvement des Makers à travers le monde.
Leur crédo, qui est démontré sur le terrain d’année en année, est que l’innovation peut venir d’autres lieux que des centres de recherche scientifique ou de l’industrie mais peut provenir du terreau fertile des passionnés de la technologie, des pionniers de la bidouille que sont les makers.
Le Maker fair de Pékin s’est tenu sur 3 jours du 19 au 21 Août 2016 où le visiteur, dés l’entrée, est mis en condition avec deux animatroniques, l’un représentant un robot de combat de près de 3m à la mode des manga Meca mais à la sauce chinoise, l’autre sculpture animée est celle d’un dragon de plus de 2.50 m, animal emblématique du bestiaire mythologique chinois et qui gravite autour de l’entrée de la première tente qui abrite l’événement.
Un peu plus loin, les allées de la foire sont remplies de réalisation de projet et de produits. Au cours de notre viste, nous nous sommes rendu compte qu’il se dessine trois tendances du futur. Ce qui saute aux yeux, et c’est la grande tendance, est celle de l’open source software et hardware autour des stars de ce mouvement que sont l’Arduino et la Raspberry Pi même si nous avons vu des clones de ces derniers. Et cela va plus loin puisque nous avons pu constater l’émergence de nouvelles approches pour ces plate-formes de développement dont certaines sont axées sur l’apprentissage pour les petits tel que « Makeduino » qui est une sorte de jeux de construction semblable au LEGO ou au Mécano mais animé par de l’électronique open source hardware basé sur Arduino, et programmable avec un IDE proche du langage de programmation Scratch – développer par le MIT Media lab-. Ou bien Studuino qui se dit être la plus petite plate-forme basée sur Arduino.
En plus de ce marché de l’apprentissage grandissant, le visiteur de la foire peux constater l’intérêt des grandes firmes de l’électronique au mouvement des Maker avec la participation de géant comme Intel avec l’un des plus grands stand situé à l’entrée de l’événement. Le Géant Américain des puces est venu présenter mais aussi faire des démonstrations sur ses deux plate-formes de développement Open Source hardware, la carte Galileo et Edison.
Intel et le Galileo
La Galileo est une carte de développement et de prototypage muni d’un processeur Intel Quark SoC cadencé à 400 Mhz avec 16 ko de Mémoire cache et 512 ko de SRAM embarqué, ce qui représente un gain de puissance non négligeable par rapport à une simple carte ARDUINO.
L’Edison de Intel par contre est un pico-ordinateur de la dimension d’un grand timbre de poste qui intègre un SoC (System On Chip) qui comprend deux cœurs Atom Silvermont cadencés à 500 MHz, ainsi qu’un microcontrôleur 32 bits Quark disposant d’un cœur à 100 MHz. La carte comprend également 1 Go de RAM, 4 Go de mémoire Flash, 40 entrées/sorties et une connectique réseau alliant des modules Wifi 802.11n et Bluetooth BLE (Bluetooth Low Energy).
La nouveauté du stand Intel est sans doute la Ginuino 101, une carte de développement annoncée il y a quelques mois par Massimo Banzi -l’un des père du projet Arduino- qui est le fruit de la collaboration entre Intel et l’équipe à l’origine de la plate-forme Arduino. La carte reprend les dimensions de l’Arduino UNO mais avec un Processeur Intel Curie. La plate-forme Intel Curie est composée d’un microcontrôleur 32-bit Intel Quark, de 384 ko de mémoire flash et de 80 Ko de SRAM. La carte inclus en plus un module Bluetooth Smart, un accéléromètre et un gyroscope. Elle est évidemment compatible avec les autres modules et schield de l’écosystème Arduino.
L’autre fait marquant du stand Intel que nous avons remarqué est que le géant des fondeurs a su s’effacer pour laisser place aux créateurs qui ont présenté leurs projets développés et réalisés avec les technologies de la firme. On peut citer un système de gestion automatisé d’un réfectoire universitaire ou bien un lit connecté qui informe les parents sur l’état de leur bébé.
D’autres acteurs à l’image de Qualcomm mettait en avant avec son écosystème Dragon Bord en offrant des cartes pour l’informatique embarquée pour tous les besoins et toutes les bourses. Il proposait la Dragon Bord 410c, une carte nano ordinateur qui embarque un ARM Cortex A53 quadricœur avec une fréquence de 1,2 GHz par cœur, 1 Go de Ram, 8Go de mémoire flash, un lecteur de carte Micro SD. La carte est aussi dotée d’une sortie HDMI, d’un module Wifi 802.11a/b/g/n et du Bluetooth 4.1 ainsi que du GPS intégré.
Tendance lourde : impression 3D
L’autre tendance lourde de ce salon est sans conteste l’impression 3D avec ses différents usages qu’elle soit industrielle, DIY, artistique ou bien éducatif. Dans le domaine industriel, les visiteurs ont pu voir des imprimantes pour prothèses dentaires ainsi que d’autres imprimantes 3D qui utilisait d’autres matières premières autres que les classiques matières plastiques, mais des résines, de la porcelaine, du métal et même du chocolat.
L’Histoire et les jeux
Tout est mis en œuvre pour attirer vers cette technologie de nouveaux les acteurs de cette nouvelle filière qui est la fabrication numérique. Et tout cela est fait d’une facon didactique, par l’initiation des nouvelles générations avec des initiatives pour la vulgarisation et la démocratisation de cette technologie avec par exemple l’organisation de formation pour les enfants et leurs parents, ainsi que les différentes tentatives d’intégration de cette technologie dans l’éducation et l’enseignement.
Le dernier domaine que nous avons percu durant cet événement est la réalité virtuelle (VR) ou nous avons pu voir des entreprises qui offrent des solutions dans différents domaines. L’une de ces entreprises innovantes est VR School, une start-up qui propose d’offrir une solution de VR dans le domaine de l’éducation. Le visiteur de leur stand peut avoir une démonstration de cette technologie avec une visite virtuelle du système solaire qui inclut des présentations des planètes du système solaire, pour finir par une visite guidée en utilisant un véhicule d’exploration sur notre satellite la Lune. Un autre produit de cette start-up présente une visite de l’intérieur du corps humain avec une présentation des organes et de leurs fonctionnements.
D’autres start-up proposent une approche plus axée sur le divertissement vidéo ludique avec des jeux qui utilisent cette technologie, ou bien pour la découverte de lieux et de sites touristiques et archéologiques comme la grande muraille de chine.
En plus de ces trois courants du mouvement Maker, nous avons pu rencontrer des start-up qui sont là pour présenter le fruit de leurs travail, parmi lesquelles la start-up Rokid Robotic qui a développé un robot de compagnie interactif à reconnaissance vocale. Les réalisation de cette start-up est l’image de l’effervescence et l’engouement de l’innovation en Chine.
En effet, pour la réalisation de leurs projet la startup a fait travailler trois équipes, l’une à la Silicon Valley pour la conception hardware et le design du robot, une deuxième équipe installée à Pékin qui travaille sur l’intelligence artificielle du robot et une dernière dans le sud de la Chine qui s’occupe de la fabrication et de la production du produit. Cette configuration montre une interconnexion entre les différents Pôle d’innovation mondiaux et ceux de la chine avec pour finalité un produit demandé.
Cherif Arerour*
•Ingénieur et fondateur de l’Open Hardware Algerie