Si Vincenzo Nesci est celui qui débroussaillé et réglé le problème Djezzy, aujourd’hui, il est le Président Executif d’Optimum Télécom Algérie, un patron multifonction qui n’a pas sa langue dans sa bouche. Le rendez-vous nous est donné à la volée pour jeudi, dans l’après-midi. C’est à prendre ou à laisser. Une heure avant, un sms arrive avec « je suis désolé, on reporte notre rendez vous à dimanche dans l’après midi ». Dimanche, confirmation de notre rendez vous avec l’Hotel Aurassi comme lieu de rencontre. On se doute pourtant bien que l’entretien accordé ne sera pas si simple que cela. L’homme connaît bien les journalistes. Nous sommes prévenus, il y a des sujets que l’homme souhaite éviter. Qu’a cela ne tienne, on tentera tout de même de les évoquer. Mieux encore, Vincenzo Nesci himself ouvrira certaines portes. Alors écoutons le
IT Mag : Bonjour, le dernier rapport de Vimpelcom parle d’une baisse des résultats de Djezzy. Quel est votre commentaire ?
Vincenzo Nesci : Il y a eu certainement une baisse car nous avons nettoyé notre base d’abonnés. Il y avait un arriéré. C’était une opération de grande envergure, que nous avons décidé de lancer, une fois que nous avions acquis les nouveaux logiciels et autres équipements qui pouvaient identifier les clients qui n’ont pas émis d’appel pendant trois mois. Aujourd’hui, nous avons pu nettoyer notre base client. De plus, nos équipes techniques sont en train de revoir la topologie des réseaux pour l’optimiser avec notre nouveau directeur technique qui est venu de Vimpelcom.
Bonne transition. Combien avez-vous d’expats chez Djezzy ?
Nous avons aujourd’hui 13 expatriés et nous voulons atteindre le nombre de 20 pour permettre un transfert de savoir-faire. Un nouveau directeur commercial a intégré nos équipes et nous sommes heureux de sa connaissance de l’Algérie.
Monsieur Vincenzo, après plusieurs années d’arrêt d’investissement d’OTA, les choses sont rentrées dans l’ordre. Vous faites partie de Vimpelcom, le 4e opérateur mondial avec comme associé le Fonds national d’investissement (FNI). Où en êtes-vous et qu’avez-vous l’intention de faire dans le futur ?
Il est inutile de regarder dans le rétroviseur mais vous savez, nous avons subi beaucoup d’attaques. Certains seraient, dans notre cas, incapables de faire quoi que ce soit, ou seraient déjà morts mais Djezzy est toujours là. Bien sûr, qu’il y a, selon moi, des gens qui auraient bien voulu voir cette société mourir et encore d’autres, privés et groupe d’investisseurs, qui auraient voulu y mettre la main dessus. Aujourd’hui, 51% d’Optimum Télécom Algérie appartiennent au FNI et le reste appartient à Vimpelcom et un investisseur qui était là depuis le début de l’aventure de cet opérateur de téléphonie mobile.
Ce qui est certain, et quoi que dit une certaine presse, nous sommes restés debout pendant 5 ans. Même si, aujourd’hui, nos équipements sont un peu vieux, ils fonctionnent encore, et nous sommes en train de les renouveler. Aujourd’hui, nous avons aussi la licence 3G et nous sommes en train de déployer notre réseau. Nous avons demandé à l’ARPT de nous permettre d’aller plus vite dans le déploiement et nous attendons sa réponse. Au rythme actuel, nous aurons couvert 29 wilayas à la fin de l’année.
Du côté de la gestion, Mme Ghada Gebara, la nouvelle directrice générale, a été installée et elle a pu mettre le bateau à flot. Mais, elle ne peut pas faire de miracle en quelques mois.
Ce que je peux vous dire c’est que nous sommes en train de switcher vers de nouveaux métiers qui caractérisent les opérateurs mobiles qui sont à l’avant-garde.
Nouveaux métiers. Nouveaux personnels. La transition est toute trouvée. Dites-moi, Monsieur Vincenzo, certains parlent de 1000 personnes, d’autres de 600 qui seraient partis de Djezzy. Pouvez-vous nous éclairer ?
Je m’inscris en faux. Tout d’abord, 210 employés ont décidé de partir dans le cadre de notre offre de départ volontaire. Je précise que c’est un départ volontaire. Soyons réalistes, Djezzy emploie 4 200 employés et il serait déraisonnable que 1 200 employés partent d’un coup.
On parle de 300, 600 ou 1200. Nous n’avons fait partir personne. Tous ont démissionné de leur propre chef. En voyant cela, Djezzy a mis en place des primes pour les employés qui voulaient partir.
La loi est claire. On doit donner le solde de tout compte pour tout employé qui démissionne et Djezzy a ajouté une prime pour ces employés qui se sont donné à fond pendant de longues années pour l’entreprise. C’est un remerciement. Nos actionnaires ont été informés, car nous agissons dans la transparence totale.
Enfin, presque tous nous ont remerciés en partant. J’ajoute pour que tout le monde nous comprenne, nous recrutons tout le temps. Nous avons toujours besoin de talents. On veut des gens plus geek, plus modernes, plus digitales. Nous prenons du personnel dont on a besoin et on sait quoi faire avec.
Avec l’aide de deux grands chasseurs de tête dans la diaspora algérienne, nous recrutons ces talents et on a ciblé des métiers dans le digital. Djezzy est en plein processus de transformation digitale qui est aussi la demande de notre groupe VimpelCom. Nous sommes en train de revoir les grilles salariales. Il est vrai d’ailleurs, par exemple, nous avons 140 personnes qui livrent des factures. Ce sont des postiers. Avec l’internet, et notre convention avec Algérie Poste, on ne sait plus quoi en faire. Pour nous, c’est un métier qui disparaît.
Cependant, avec notre projet d’ouverture de 300 à 500 boutiques à travers l’Algérie, nous allons aussi recruter et former du personnel. Nous ne sommes jamais arrêtés de former notre personnel.
Vous parlez d’Internet, de transformation digitale et vous voulez ouvrir entre 300 à 600 boutiques. Qu’allez-vous faire avec ?
Djezzy aura plein de nouvelles boutiques réparties sur tout le territoire et cela ne plait pas beaucoup. Elles ne seront pas comme celles qui existent présentement qui ont d’énormes espaces. Non. Ce sera des boutiques de moins de 100 mètres carrés mais où nos clients pourront tout trouver sur place. Nous voulons des boutiques qui permettent à nos clients d’être informés mais aussi de trouver toutes les réponses à leurs questions.
Les boutiques ne sont qu’une partie de notre réorganisation, car nous allons créer 9 régions pour mieux distribuer nos produits et services. L’organisation régionale aura une forte connotation commerciale et technique. Elle se veut plus proche du client. Chaque région aura sous sa coupe des boutiques et des distributeurs que nous allons contrôler. Nous voulons mettre de l’ordre dans notre réseau de distribution et nous voulons récupérer directement la chaîne de valeur. C’est le client qui sera au centre de la stratégie de Djezzy. Cela ne nous intéresse pas de prendre 10 dinars au client pour chaque rechargement.
Ce que je peux vous dire, c’est que nous avons bien en tête la structure à mettre en place et nous procéderons en informant toujours le FNI. N’oubliez pas que c’est nous qui avons le management mais nous tenons à informer nos actionnaires pour qu’il n’y ait pas d’équivoques.
La coupure du câble Sea-Me-We4 a mis en relief le fait qu’il faut d’autres câbles optiques. OTA possède le MedCable qui relie Marseille à Annaba. Qu’en est-il de ce câble aujourd’hui.
Le MedCable est un câble qui relie Marseille à Annaba, Alger et Oran. Le câble dont nous sommes propriétaire c’est-à-dire qu’il nous appartient, est la partie domestique qui est Annaba, Alger, Oran qui fait 1 400 kilomètres et le reste qui fait 650 kilomètres est la propriété de GTH.
Les autorités ont décidé en 2010 d’arrêter le service international et nous utilisons donc que la partie domestique.
Il me semblait que le MedCable appartenait à OTA puisque faisant partie de son actif
Tous les actifs d’OTA ont été transférés à Optimum télécom Algérie y compris la partie domestique du MedCable [Annaba-Alger – Oran] mais le reste qui est une propriété de GTH n’a pas été transféré.
Nous avons toujours utilisé la partie domestique pour notre réseau.
Est-ce que vous savez si le MedCable fonctionne ?
Vu qu’il y a des discussions en cours, je veux en dire le moins possible. Par contre, nous avons demandé des tests pour voir si le câble est toujours fonctionnel.
En quelques semaines, nous pouvons le faire fonctionner à un certain débit et en 4 mois, il peut aller à 100 ou 400 gigas. Nous avons lancé l’idée de l’acheter et en faire un câble totalement algérien, à être utilisé par OTA et éventuellement par d’autres clients. Et à être mis à la disposition du plan Orsec.