L’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) a enfin décidé de communiquer les statistiques du marché. Et comme d’habitude, elle passe par la très officielle agence APS. Elle évite ainsi d’organiser au moins une conférence de presse, certainement pour éviter les sujets qui fâchent. Ainsi, on apprend que le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile en Algérie a atteint 45,489 millions de clients, dont 8,231 millions à la 3G, soit une télé-densité de 115%, au 30 novembre 2014. «Le parc abonnés au réseau GSM (téléphonie mobile) a enregistré 37,258 millions d’abonnés au 30 novembre 2014, soit une baisse de 1,360 million par rapport à la même période de 2013», a-t-il indiqué. Ces chiffres englobent les trois opérateurs (Mobilis, Djezzy et Ooredoo) dont les déclarations au régulateur «bénéficient d’une présomption légale de sincérité qu’il n’appartient pas au régulateur de remettre en cause». Djezzy vient en tête en termes d’abonnés avec 17,887 millions, suivi respectivement de Mobilis (10,815 millions) et Ooredoo (8,556 millions). Donc, l’Algérie reste l’un des rares pays où l’opérateur public n’est pas leader sur son marché. Concernant la téléphonie mobile 3G, le nombre d’abonnés s’élève à 8,231 millions dont 7,221 millions souscrits à l’abonnement prepaid, soit 88% du parc global contre 12% seulement d’abonnés postpaid. Mobilis compte, ainsi, le plus grand nombre d’abonnés à la 3G avec 3,639 millions, suivi par Ooredoo (3,607 millions) et Djezzy (985 000). Mohamed Toufik Bessaï, président de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications, estime que pour une population de 39,5 millions d’habitants, la télé- densité globale (GSM+3G) a grimpé pour atteindre les 115,1%, soit 94,3% pour le GSM et 20,8% pour la 3G, expliquant que la 3G a ainsi boosté le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile. Ces statistiques sont-elles fiables et reflètent-elles la physionomie du marché ? L’ARPT souligne étrangement qu’elles sont à «l’état brut, en attendant qu’un audit soit effectué par les services de l’ARPT en fonction de la dernière définition de l’abonné actif». En termes de parts de marché, Djezzy, avec 47,9%, reste leader dans le segment GSM, suivi respectivement de Mobilis avec 29% et Ooredoo avec 23,1%. Dans le segment 3G, c’est l’opérateur Mobilis qui arrive en tête avec 44,2%, talonné par Ooredoo (43,8%), alors que Djezzy, qui a commencé à commercialiser ses services en juillet 2014, détient 12% des parts de marché. Le chiffre d’affaires généré en 2013 par les trois opérateurs activant dans le domaine de la téléphonie mobile est de 299,795 milliards de DA et il a connu une croissance de plus de 9% par rapport au montant des revenus enregistrés en 2012. Le chiffre d’affaires global réalisé par le secteur des télécommunications était de 495 milliards de dinars en 2013, soit une croissance de plus de 8% par rapport à celui enregistré au titre de l’exercice 2012. Le secteur contribue à hauteur de 2,8% dans le PIB pour 2013.
La 3G fait son chemin
39 wilayas sur les 48 que compte le pays, sont couvertes actuellement par la téléphonie mobile 3G, une année après le lancement de cette technologie en Algérie. 39 wilayas sont couvertes par au moins un opérateur, 17 d’entre elles sont couvertes, en même temps, par au moins deux opérateurs et 10 sont couvertes, en même temps, par les trois opérateurs, à savoir, Mobilis (public), Ooredoo et Djezzy (privés). Ainsi, Mobilis et Ooredoo sont présents, chacun, dans 25 wilayas, alors que Djezzy en couvre vingt, un déploiement «imminent» est prévu des trois opérateurs dans des wilayas supplémentaires. Le cahier des charges prévoit une durée de 7 ans pour une couverture de 80% du territoire national. Le nombre d’abonnés à l’internet en Algérie a quadruplé en une année, avoisinant les 10 millions au 30 novembre 2014. Le parc des abonnés à l’internet est passé de 2 339 338 en 2013 à 9 816 143 abonnés au 30 novembre 2014, dont 8 231 905 enregistrés pour l’internet mobile. L’ordinateur de bureau est déjà obsolète. Portables, téléphones, tablettes, net books, les habitudes de navigation sur internet ont évolué avec l’arrivée de nouveaux supports informatiques, beaucoup plus compacts et plus faciles à transporter. L’arrivée d’internet sur les mobiles a changé la donne. La technologie a mis un peu de temps à se propager en Algérie mais elle se démocratise à grande vitesse surtout auprès des jeunes. Les premiers adeptes de l’internet sur téléphone, appelés «mobinautes», sont les 15-29 ans, suivis par les salariés appartenant à la catégorie cadre. Les téléphones connectés sont particulièrement utilisés dans le cadre des loisirs pour communiquer sur les réseaux sociaux, envoyer des emails, jouer à des jeux, télécharger des images, de la musique et des films, ou encore lire. Il a été remarqué une baisse de fréquentation des sites web au profit de l’utilisation des applications pour téléphones. Rien de surprenant à les voir constamment pianoter fébrilement des pouces, les yeux rivés sur l’écran de leur téléphone. Il a relevé que le taux de pénétration en internet est passé de 6,04 en 2013 à 24,85% au 31 novembre 2014, une progression qui s’explique essentiellement par le lancement de la 3G en décembre de l’année dernière. Le président de l’ARPT a indiqué que le haut débit fixe (ADSL) compte 1 510 273 abonnés au 30 novembre 2014, contre 1 297 868 abonnés en 2013. On est loin de «l’objectif d’équiper en ordinateurs et de connecter au haut débit 6 millions de foyers algériens à l’horizon 2010», selon les directives du président de la République, clairement annoncées au niveau national et international lors de nombreuses occasions, notamment en 2005 à Genève et au sommet de Tunis. Dans son discours, il a affirmé : «le défi est, pour nous, de nous convaincre que la société de l’information n’est pas un concept figé et que nous devons nous préparer aux évolutions ultérieures qui nous mèneraient vers une société de la connaissance certainement beaucoup plus complexe que celle d’aujourd’hui, en ce monde devenant le village global de demain que les nouvelles technologies rendront encore plus compact».La 3G va porter un sérieux coup à l’ADSL d’Algérie Télécom, en la supplantant comme offre résidentielle et non comme offre complémentaire de mobilité. La preuve : l’engouement qu’a suscité le lancement de cette technologie qui, ailleurs dans le monde, est utilisée comme une solution complémentaire à l’internet fixe en raison de l’avantage de mobilité qu’elle apporte. 10 ans après son lancement, l’ADSL fait du surplace. Le plan de développement ADSL a rencontré un certain nombre de difficultés qui ont ralenti son déploiement notamment dans les villes, nous dit-on du côté d’Algérie Télécom. Parmi ces difficultés figurent la vétusté du réseau filaire existant dans les zones urbaines, fait de câbles en cuivre et d’anciennes technologies destinées à la téléphonie fixe, ce qui nécessite des travaux de remplacement demandant beaucoup de temps. L’année 2014 a été marquée aussi par une augmentation du débit minimal de l’ADSL à 1 Mégabit ainsi que par des offres allant jusqu’à 8 Mégabits pour le résidentiel et 20 Mégabits pour les professionnels. Quant au haut débit sans fil en mode fixe (4G LTE), le nombre d’abonnés à cette nouvelle technologie, introduite en avril dernier dans le pays, a atteint les 71 402 et a concerné, dans un premier temps, les entreprises et les cybercafés avant de s’étendre aux particuliers. Le reste des abonnés à l’internet concerne le Wimax (2021 abonnés) et le Vsat (542 abonnés). Concernant le nombre d’internautes en Algérie, une enquête sur le sujet sera lancée prochainement par l’ARPT.
Les jeunes, inséparables de leurs smartphones
Le Smartphone, un terminal internet réservé à une élite ? C’est de moins en moins le cas. Il devient majoritaire et cela change la façon dont les internautes consomment Internet. D’ailleurs, le déploiement rapide en Algérie de la 3G a contribué en 2014 au développement sans précédent du marché de la téléphonie mobile et bouleversé les habitudes des internautes qui ont adopté de fait les smartphones et autres tablettes au détriment du PC pour se connecter à internet. Un indice : la vente des appareils adaptés à l’internet haut débit a augmenté de manière significative. Les trois opérateurs de la téléphonie mobile proposent des packs incluant puce, crédit, smartphones, clés internet et tablettes à des prix imbattables. Cela représente un relais de croissance énorme, y compris pour les constructeurs et l’arrivée de nouveaux acteurs comme Wiko qui vise au moins 15% de parts de marché. Pour des spécialistes, la 3G a propulsé, en l’espace de quelques mois, la vente des smartphones et des tablettes, même ceux de dernières générations. Le rush sur les appareils adaptés à la 3G est notamment constaté au niveau des points de vente des opérateurs téléphoniques qui connaissent à chaque promotion des bousculades pour s’offrir des packs internet à des prix généralement concurrentiels. La 3G a bouleversé également les habitudes des internautes algériens qui utilisent de façon plus fréquente les appareils mobiles au détriment du PC pour se connecter au niveau des stations de métro, de bus, dans les cafés et même dans leur lieu de travail.
Quels sont les usages les plus fréquents ?
Le SMS est l’usage numéro 1, pratiqué par la quasi-totalité de la population équipée, suivi des MMS. Les plus jeunes se rendent sur les réseaux sociaux depuis leur mobile. Il y a aussi le partage de contenus. Le téléphone mobile remplace de plus en plus le baladeur musical. Il sert à visualiser des vidéos et télécharger des applications. Certains consultent des articles de presse ou d’actualité. Le Smartphone représente donc tout à la fois, un téléphone, un ordinateur, un réveil matin, un appareil photo, un caméscope et un GPS pour son propriétaire. Si la vidéo et la photo sont populaires, il faut pouvoir en comprendre l’utilité : il s’agit d’un usage amateur qui s’inscrit dans l’instantanéité. De manière instantanée, via son Smartphone, le jeune ou l’adolescent peut non seulement partager un moment de vie avec une tierce personne (qui n’est pas présente), mais également la faire participer symboliquement. Des générations qui ont grandi dans ce monde où les GSM et les Smartphones ont développé des usages, des symboliques et des sens à la communication typiques au GSM ou au Smartphone. Ainsi, communiquer n’a-t-il plus tout à fait le même sens ou n’est plus fait exactement de la même manière qu’auparavant ? La présence de nouvelles technologies transforme le monde et les plus jeunes sont, sans doute, amenés à établir de nouveaux codes.
