Les TIC dans notre pays, ce n’est pas tout le monde qui pourra y avoir accès, relève-t-il. Certes, la démocratisation de la téléphonie, tout le monde en parle, mais dans les TIC, il n’y a pas que la téléphonie.
Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) évolue-t-il au rythme voulu ? Dégage-t-il de la valeur ajoutée, dans une économie naissante, fragile ? Les TIC créent-elles suffisamment d’emplois ? Autant de questions auxquelles l’économiste Salah Mouhoubi essaye, dans un échange de propos avec IT Mag, de trouver des réponses. Il estime sommairement que le secteur des TIC n’a pas attient un niveau de développement extraordinaire, malgré le fait que l’on en parle beaucoup, que l’on évoque de nouveaux équipements, des gadgets de dernières génération? Il est vrai que les acteurs en présence, notamment les opérateurs de la téléphonie mobile, font du chiffre, dégagent de bons résultats. Toutefois, ajoute notre interlocuteur, la valeur ajoutée produite par le secteur dans sa globalité n’a rien d’extraordinaire, par comparaison à d’autres secteurs comme l’agriculture ou encore le BTPH. Des Indices ? Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ne comptent que pour 4% dans le PIB national, c’est peu par rapport aux pays développés, mais aussi par rapport à des pays émergents. La part des TIC dans le PIB est beaucoup plus importante dans les pays voisins (Maroc 12% et Tunisie 8%). Salah Mohoubi souligne à ce propos que ces deux pays-là ont commencé la « révolution » numérique bien avant l’Algérie, mais ils ont réussi à promouvoir ce secteur et à le développer dans de bonnes conditions économiques. Pour cet économiste, les pays qui maîtrisent les nouvelles technologies sont susceptibles de se transformer en puissances régionales et internationales.
Ce sont des pays qui accordent de l’importance à la matière grise, à la matière noble, aux filières des services, note-t-il. C’est ce en quoi ces pays sont différents du nôtre, ainsi que l’explique Salah Mouhoubi. En Algérie, le secteur des TIC manque de centres de formation, de recherche, de suivi, ce sont pourtant les principaux levers sur lesquels les TIC doivent reposer, c’est important, juge notre interlocuteur. Et puis, les TIC dans notre pays, ce n’est pas tout le monde qui pourra y avoir accès, relève-t-il. Certes, la démocratisation de la téléphonie, tout le monde en parle, mais dans les TIC, il n’y a pas que la téléphonie, analyse Salah Mouhoubi. En termes d’abonnés, l’Algérie compte « 1 000 000 d’abonnés » ADSL. Ce n’est pas beaucoup, dans un pays en développement, estime-t-il. Il souligne également la faible pénétration de ces nouvelles technologies dans le monde de l’entreprise. Trente-trois pour cent seulement des PME sont connectées au réseau. Autre chiffre, la disponibilité des sites web de ces entreprises ne dépasse pas les treize pour cent.
De manière plus globale, les entreprises du secteur des TIC ne représentent que trois pour cent de l’ensemble des entreprises connectées. Ainsi, la connectivité des PME reste faible, comparée à ce qui se passe dans d’autres pays où les nouvelles technologies se sont fortement développées. La raison en est simple, a priori. Elle est liée à la non-généralisation de l’ADSL, à des problèmes de gestion, de management et de marketing.
Les chefs d’entreprise ne font pas assez de promotion pour leurs entreprises, préférant se passer des sites Web. Autre donnée, le chiffre d’affaires généré par le secteur des Tic en Algérie s’établit à près de cinq milliards de dollars. Les investissements consacrés aux équipements sont évalués à 0,7 milliard de dollars. Aussi, il y a urgence à faire avancer les réformes dans ce secteur, recommande Salah Mouhoubi.