L’édition de l’ITU Telecom 2011 a coïncidé cette année avec le 40e anniversaire de ce salon mondial des télécoms qui a fermé ses portes après trois journées intensives de contacts en réseaux, d’échanges de connaissances, de tables-rondes et d’ateliers de haut niveau.
Cette année, le ITU Telecom 2011 a été précédé d’un sommet consacré à la large bande avec la participation de hautes personnalités du monde entier qui ont essayé de donner des réponses à de nombreux questionnements, comme le financement d’infrastructures dans les pays pauvres, la confidentialité des données, les droits de la propriété intellectuelles mais aussi la cybercriminalité. La Commission à large bande pour le développement numérique a été mise en place par l’UIT et l’UNESCO l’an dernier, et elle vise à faire le haut débit pour tous.
« Évitons de réinventer la roue », a souligné Hamadoun Touré lors de ce sommet tout en ajoutant que « le haut débit sera omniprésent et il faut que nous prenions les bonnes décisions ». Au cours de cette journée sur le haut débit, quatre objectifs convenus ont été mis en place avec une date phare : 2015. Tous les pays devraient avoir un plan national ou une stratégie de la large bande y compris dans le service universel. Immédiatement après, Moussa Benhamadi a mis en place une commission qui va plancher sur les règles et les possibilités de mettre en place la large bande en Algérie. Le deuxième objectif a trait aux prix. En 2015, les services haut débit d’entrée de gamme devrait être faits à des prix abordables dans les pays en développement. Le prix de l’accès en large bande ne devrait pas dépasser les 5% du revenu mensuel moyen dans tous les pays du monde y compris les plus pauvres. Le troisième objectif parle de foyers connectés et en 2015, 40% des ménages dans les pays en développement devraient avoir accès à Internet. Enfin, pour que tout cela soit faisable, on prévoit qu’en 2015, la pénétration d’Internet devrait atteindre 60% dans le monde, 50% dans les pays en développement et 15% dans les pays les moins avancés (PMA). « Ce sont des objectifs raisonnables », nous dit un congressiste africain. Pour Paul Kagame, dont le message est passé en vidéo lors de l’inauguration, « pendant trop longtemps les pays en développement n’ont pas été en mesure de contribuer à l’économie numérique », tout en ajoutant que « ne pas le faire signifie que c’est un risque de rater le développement de notre économie ».
Pour Carlos Slim, président de TelMex, « il faut que la large bande soit à un prix décent, ce qui permettra aux ménages mais aussi aux entreprises, aux centres de santé, aux zones rurales de se connecter », et de poursuivre : « Je suis absolument convaincu que le haut débit est la définition du XXIe siècle car il va révolutionner la vie de chacun, partout. Il aidera à apporter des améliorations radicales dans la santé, l’éducation, le transport, les fournitures de services publics et services gouvernementaux. » En résumé, tous les intervenants expriment que la large bande n’est plus devenue un luxe car les pays en développement ne peuvent plus se permettre de manquer les opportunités de développement et de croissance offertes par une bonne infrastructure à large bande si nous voulons participer à l’économie numérique. Au même titre que la santé, les informations, la connaissance et l’éducation qui peuvent être fournis via des services à large bande, il s’agit là de biens publics. C’est le message fondamental de cette journée spéciale « large bande » avec une dimension mondiale. Après cette journée consacrée à la large bande, l’ITU Telecom 2011 commence pour trois jours où il y a eu, selon le service de presse de l’IUT, plus de 330 dirigeants, y compris des chefs d’Etat et de gouvernement, des ministres, des ambassadeurs, des directeurs d’organismes de réglementation et des PDG du monde entier car le simple fait de pouvoir échanger avec des ministres du monde entier, des pays développés comme des pays en développement, représente une opportunité exceptionnelle de dialoguer, d’apprendre et de savoir ce qui se passe dans le monde. Les débats ont été chauds et très diversifiés. Cela allait du coût de la connexion à la cybercriminalité en passant par la répartition des fréquences, l’innovation et autre formation. Par contre, ce qu’il faut remarquer, c’est que l’ensemble des ateliers et autres débats étaient faits par un savant mélange public-privé qui rendait cette démarche extrêmement intéressante et enrichissante.
Atteindre le troisième milliard
Avec près de 7 milliards d’hommes sur Terre, John Davies, vice-président de World Ahead d’Intel, a annoncé une initiative remarquable d’Intel et ses partenaires pour atteindre le troisième milliard d’utilisateurs de la technologie alors que les chiffres parlent d’eux-mêmes : 2% de pénétration en Afrique. Il dira, par exemple, qu’au Vietnam, il y a un programme qui a débuté en 2010, un peu comme notre Ousratic, qui a permis d’augmenter le nombre de processeurs d’ordinateurs de 12% -avant le lancement- à 70%. Un programme similaire a été initié pour l’Indonésie. Pour pouvoir atteindre le troisième milliard, dira-t-il, « il faut mettre l’accès à Internet à prix abordable et à la portée d’un milliard de personnes ». Et pour atteindre cet objectif, il faut baisser le coût du dispositif de connexion et faire baisser le prix de la connexion. Il parle d’un coût (matériel et connexion à l’Internet) de moins d’un dollar par jour. Choix cornélien quand on sait qu’il y a des hommes sur cette Terre qui n’ont qu’un dollar par jour pour tout faire.
Cybersécurité
Un atelier ministériel a été mis en place pour pouvoir discuter sur ce sujet très épineux et stratégique en même temps. Le secrétaire général de l’IUT, en parlant de sujet, affirme que « la cybersécurité est une question fondamentale à laquelle nous devons faire face » tout en ajoutant que « cela ne peut pas se faire sur un pays ». « Nous avons besoin d’harmoniser les législations nationales au niveau régional et international. » Et de poursuivre : « La prochaine guerre mondiale sera dans le cyberespace. »
Participer, collaborer, se connecter !
De ce débat, il en ressort l’importance d’un Internet sécurisé et sûr pour les enfants, mais aussi d’autres questionnements importants pour le devenir d’un pays comme l’interopérabilité, l’accès rural, l’importance d’un coût faible pour la connexion mais aussi des ordinateurs à prix abordable et surtout tout le monde souligne la nécessité pour les fabricants et les opérateurs de travailler ensemble.
Le point d’orgue de l’ITU Telecom World 2011 a été l’élaboration d’un « Manifeste mondial pour le changement », qui reconnaît l’importance de la large bande pour le développement socio?économique. Compilé avec l’aide d’Ernst & Young, ce manifeste s’inspire des contributions des délégués et des participants en ligne. De plus, l’UIT encouragera dorénavant les dirigeants mondiaux à s’engager à mettre en place les cadres juridiques et réglementaires nécessaires pour aider le secteur privé à concrétiser ce changement. Hamadoune Touré conclut ainsi : « Nous entrons dans la société de l’information, dans laquelle chaque citoyen peut non seulement accéder à l’information mais aussi l’utiliser, la créer et la partager. Dans ce monde nouveau, aucun habitant de la planète ne devrait passer à côté d’une occasion faute d’information. »
Cap sur Dubaï !
La prochaine édition d’ITU Telecom World aura lieu à Dubaï, dans les Emirats arabes unis, au quatrième trimestre de 2012.
La manifestation en chiffres
Plus de 6 500 participants de haut niveau sur place, dont des chefs d’Etat et de gouvernement, des ministres, des maires de grandes villes, des PDG du secteur et des experts des technologies, ainsi que des centaines de milliers de participants du monde entier qui ont pu dialoguer en temps réel via des séquences diffusées sur le Web et Twitter.
– 332 leaders mondiaux ont participé au Sommet des hautes personnalités consacré à la large bande.
– 34 des plus grands noms du secteur des TIC dans le monde ont pris part à la manifestation en tant que partenaires clés.
– 251 éminents orateurs de 64 pays ont pris part aux conférences en « multi-streaming ».
– 237 entreprises de 41 pays ont participé à l’exposition.
– 324 médias du monde entier étaient accrédités, dont de grands diffuseurs internationaux, des agences de presse, des quotidiens nationaux et la presse spécialisée.
– 10 000 élèves d’écoles du monde entier ont fait partager leurs travaux à 150 000 autres écoliers des cinq continents.
Stand Algérie
L’Algérie, cette année, pour le 40e anniversaire de l’ITU Telecom, a choisi d’y aller avec un pavillon d’exposition de l’Algérie qui a été mis en place par le ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication afin de mettre en exergue les grandes réalisations ainsi que les chantiers lancés par notre pays dans ce domaine depuis des décennies. Dans ce stand, il y avait l’ensemble des opérateurs fixe et mobiles ainsi que l’Agence spatiale et les équipementiers (Ericsson, ZTE, Huawei et Alcatel) qui travaillent en Algérie ainsi qu’un groupe de start-up de Sidi Abdellah. La délégation algérienne était présidée par Moussa Benhamdi, ministre des PTIC. Au cours de ses quatre journées (la première pour le large bande et les trois autres pour le UIT World Telecom 2011), le stand Algérie a vu la venue de beaucoup de délégations africaines (Niger, Burkina Faso..) et d’entreprises et d’équipementiers à l’image de Hans Verstberg, le CEO d’Ericsson et du vice-président de Huawei. Le stand Algérie n’a pas désempli du premier au dernier jour. Enfin, prenant part, pour la première fois, à l’ITU Telecom World, l’Algérie par la voie de son ministre a également émis le souhait de voir, à l’occasion des prochaines éditions de l’ITU World Telecom, la mise en place d’un pavillon dédié au continent africain. De plus, après avoir annoncé la création d’une commission nationale pour la large bande, Moussa Benhamadi, le ministre de la Poste et des TIC, a procédé à la signature de deux conventions avec les équipementiers Nokia-Siemens Network et Huawei pour la création de centres de formation et d’innovation.
Joseph Ged visitele pavillon algérien
M. Joseph Ged, directeur général de Nedjma, était présent à Genève, en Suisse, où il a visité le pavillon algérien et rencontré la délégation de Nedjma, présente sur place, en relevant au passage la qualité de la participation algérienne à cette grande manifestation qui a réuni les leaders mondiaux du secteur. Aux côtés des autres participants algériens à « ITU Telecom World 2011 », le directeur général de Nedjma a pris part à un dîner offert par l’Algérie en l’honneur des participants au sommet et auquel ont assisté des officiels, des personnalités publiques ainsi que des invités de marque du secteur des télécommunications.
Azouaou Mehmel à l’IUT
M. Azzouaou Mehmel, directeur général de Mobilis, était présent durant toute la durée de l’IUT World Telecom où il a participé à des ateliers mais aussi à des réunions de travail avec les équipementiers.
El Hachemi Belhamdi « satisfait »
Le directeur général du groupe Algérie Télécom était présent durant l’ITU World Télécom où il a participé à des ateliers. « Je suis très satisfait de mon déplacement à l’IUT », nous dit-il en ajoutant : « Nous avons pu voir ce qui se fait dans le monde. » Il a en outre reçu les délégations étrangères qui affluaient au stand Algérie.
Huawei lance une solution de téléprésence à ITU Telecom World 2011
Huawei a lancé officiellement à l’IUT World Telecom son premier système de téléprésence, ViewPoint, qui permet aux organisations mondiales de communiquer sur de longues distances de manière plus efficace grâce à la vidéoconférence. Le système de téléprésence présenté lors de ITU World Telecom est un système qui économise la bande passante, nous dit-on, jusqu’à 30% de la moyenne actuelle de l’industrie ce qui permet aux entreprises de réduire leurs coûts d’exploitation. ViewPoint offre également la vidéo HD et un son surround. De plus, le ViewPoint de Huawei est construit sur une plate-forme ouverte qui peut être intégré avec les systèmes existants de communications unifiées, sous-systèmes multimédia IP et les systèmes traditionnels de visioconférence.
Nomination : Compaoré, président de « Impact »
Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, a été nommé président du Conseil consultatif international du partenariat multilatéral international contre les cybermenaces, l’IMPACT (International Multilateral Partnership Against Cyber Threats), une structure de l’UIT en charge de la cybersécurité. Le président burkinabé succède à Tun Abdullah, ancien Premier ministre de Malaisie, fondateur en 2008 et premier président de l’IMPACT jusqu’en 2011. Le conseil regroupe actuellement 137 Etats membres, également membres de l’UIT. L’IMPACT, partenaire de l’UIT, assure un appui et des services en matière de cybersécurité aux Etats membres de l’Union et à d’autres organisations du système des Nations unies. Selon un communiqué de l’UIT, son partenariat avec cette institution « présente un intérêt particulier pour les pays en développement et les petits pays qui n’ont ni les capacités ni les ressources nécessaires pour mettre en place leurs propres centres modernes de cybersécurité. Il intéresse aussi les pays techniquement évolués, à qui il donne une vision instantanée des menaces en ligne réelles ou potentielles ». Le comité consultatif de l’IMPACT se compose des personnalités suivantes : Dr Hamadoun Touré, secrétaire général de l’UIT, Steve Chang, président de Trend Micro, Ayman Hariri, président d’Oger Systems, Mikko Hypponen, directeur de la recherche de F-Secure, Eugène Kaspersky, PDG de Kaspersky Lab, Professeur Fred Piper, cryptologue, fondateur du groupe d’information sur la sécurité au Royal Holloway, Université de Londres et John W. Thompson, président du conseil d’administration de Symantec.