IT MAG : Croyez-vous, selon votre expertise, que l’Algérie dispose d’atouts afin de développer l’e-commerce ou bien pensez vous qu’il faille commencer par des micro-paiements mobiles pour ensuite aller vers le e-commerce ?
Dr Yacine Atif : L’e-commerce est devenu une commodité de tous les jours et couvre un vaste champ des économies locales et internationales. En dépit de son usage commun par des individus ordinaires, c’est dans le milieu des petites et moyennes entreprises que l’adoption de l’e-commerce trouve son importance. Les nouvelles technologies d’information et de communication ont radicalement changé les termes de compétition commerciale.
Le commerce électronique est défini par l’usage de méthodes, moyens et procédures électroniques pour entreprendre différentes formes et activités commerciales en ligne, à travers Internet. Cet usage est devenu une priorité vitale pour plusieurs entreprises car les entrepreneurs y ont découvert des solutions pour dépasser les limites des canaux de distribution traditionnels. L’e-commerce a réduit le coût d’échanges entre entreprises et en même temps les collaborations commerciales se sont rapprochées et intensifiées. A travers l’e-commerce, les entreprises sont aujourd’hui capables de se connecter directement sur les services d’un partenaire économique ou sur ceux d’un marché électronique commun. La production se retrouve synchronisée avec la demande de la clientèle et l’inventaire requis se réfléchit automatiquement sur le partenariat. La coordination stratégique des mouvements s’est largement améliorée et le rendement s’accomplit de manière plus rapide, plus flexible et avec une meilleure qualité. Finalement, le Web (qui est la couche programmatique de l’Internet) continue de créer des opportunités inédites à toutes les entreprises, indépendamment de leur taille, pour entrer les milieux du marketing international et échanger leurs produits et services sur une échelle globale sans tenir compte des bornes géographiques, nationales, financières ou autres limites.
Pendant que les bénéfices de l’e-commerce ont été réalisés par les entreprises dans les pays développés, il y a toujours un certain scepticisme dans les pays en voie de développement vis-à-vis de l’intérêt de l’e-commerce. Comme d’autres pays en développement, l’Algérie a dédié des efforts importants en vue d’élever son index de préparation électronique. En plus de son envergure technologique, l’e-commerce a aussi une dimension sociale et culturelle, voire politique. Le gouvernement est le régulateur juridique de l’avancement de l’e-commerce, mais aussi le pourvoyeur d’un mode d’éducation qui permettrait à ce dernier de pénétrer les couches sociales de la nation, en encourageant la propagation de services électroniques. Le payement électronique n’est qu’un service parmi d’autres. Plusieurs systèmes de payement ont été conçus pour faciliter le processus des échanges financiers à travers Internet, pour les « consommateurs » électroniques. Ils permettent à des transactions entre organisations ou individus de s’accomplir de manière sécurisée. Parmi ces systèmes de payement, on compte le mode « cash électronique », « chèques électroniques », « carte à puce », ou des solutions de micro-payement telles que PayPal. Mais en fait, l’usage de carte de crédit demeure la méthode de payement électronique la plus répandue. La sécurité de cette dernière méthode s’est renforcée récemment avec un procédé dit 3-D inventé par Visa, qui authentifie de manière unique les sources de payement en ligne. D’autres variantes de cartes de crédit spécialement dédiées pour les payements en ligne existent, telle la carte à un seul usage et limité au montant de la transaction en question. Ce sont des cartes dites « jetables » initialement inventées par American Express. Donc les solutions de payement électronique ne manquent pas ! Toutefois, l’e-commerce peut s’épanouir sans la pré-condition de solutions de payement électronique ou mobile car le but de l’e-commerce est de rapprocher les entreprises à travers les marchés virtuels et aussi d’améliorer les processus de marketing. Cependant, l’extension des services banquiers en gérant les transactions de l’e-commerce et le développement de compagnies de livraison rapide accélèrent son adoption.
Quels sont les secteurs économiques qui pourraient servir de « grand test » avant que l’e-commerce ne s’enracine dans l’usage courant ?
Sans aucun doute le secteur gestion des entreprises dans le contexte des échanges interentreprises. D’autre part, la confiance de l’individu peut être gagnée; en effet tous les secteurs dont le produit n’exige pas une inspection physique promettent un succès dans sa distribution électronique. Ceci inclut par exemple les services de tout genre tels que l’hôtellerie ou autres services dans le domaine du tourisme, ou bien des produits dont les spécifications sont standards et bien connues, tels qu’un livre par exemple.
{{Qu’est-ce qui pourrait constituer un frein au développement de l’e-commerce en Algérie et, par opposition, qu’est-ce qui pourrait, au contraire, l’accélérer ?}}
Les facteurs d’une politique d’ascension des services de l’e-commerce peuvent freiner son développement s’ils ne sont pas ménagés : la connectivité par Internet constitue les veines de l’e-commerce, et donc le degré de propagation des services réseaux en pourvoyant un accès facile à Internet est déterminant. Améliorer la présence électronique des entreprises (dans le Web) et de leurs services est un autre facteur déterminant, ainsi que la création d’espaces d’échange interentreprises. L’éducation et la prédominance d’un cadre juridique national par des instances étatiques sont tout aussi essentielles au développement de l’e-commerce.
Pensez-vous que l’Algérie est techniquement et technologiquement prête ?
Ayant été absent du pays, je n’ai pas vraiment une image claire de la situation technologique pour émettre une évaluation technique. Mais connaissant a priori le potentiel humain et capital de l’Algérie, je peux anticiper que le cadre favorable se prête bien à ce développement.
{{Au vu de votre expertise dans le domaine, auriez-vous investi dans l’e-commerce en Algérie ?}}
Certainement vu la réussite de l’e-commerce en Occident et sa propagation continuelle dans le reste de la planète. Je crois aux revenues de cette activité. Cette alternative au commerce traditionnel est devenue vitale pour tout investissement prospère.
Avez-vous été approché par une partie algérienne, que ce soit un investisseur ou une institution publique, afin d’engager une réflexion autour d’une telle opportunité ?
Non. Je n’ai pas eu ce privilège mais je serais ravi ainsi que mes compatriotes dans la discipline de contribuer à toute initiative ou réflexion sur la question.
Comment voyez-vous l’évolution de l’e-commerce et quel est son avenir ?
L’évolution de l’e-commerce est liée à celle du Web. Les services du Web (ainsi que les expériences e-commerce) vont devenir plus personnalisés avec des automatismes de transactions préétablis. Le Web est passé d’un état statique (Web 1.0) à un état plus dynamique où tout individu peut facilement contribuer au contenu du Web par des blogs et des réseaux électroniques sociaux (Web 2.0). La présente transition du Web (Web 3.0) permet une sémantique bien définie des données du Web et l’émergence de répertoires de services publics ou privés qui répondent au besoin d’application. Par exemple, le géant de e-commerce Amazon exporte plusieurs de ses propres services à usage d’une partie tierce. Même l’équipement requis pour s’engager dans l’e-commerce se présente aujourd‘hui sous la forme d’un service disponible dans le Web. Par exemple, les serveurs n’auront plus lieu de faire partie d’un budget d’une entreprise puisque les progrès dans le domaine du « Cloud Computing » ramènent cette exigence hardware à un service facilement acquis à travers le Web.