Et voilà que ça commence à se concrétiser pour Afrique. Tout d’abord, la croissance exponentielle du mobile a fait réfléchir plus d’un équipementier. Ensuite, la constitution d’une association de patrons de réseau GSM (la GSMA) qui a beaucoup joué dans le lobbying. D’ailleurs, dans ce cadre-là, la GSMA a fait en sorte que les équipementiers aillent vers un terminal « à bas prix », et c’est Motorola qui a mis au point ce terminal suivi par l’ensemble des équipementiers. A partir de ce moment, les équipementiers « regardent » les pays du Sud comme jamais, car leurs marchés (ceux du Nord) sont saturés.
La troisième opportunité pour l’Afrique revient au Dr Hamadoun Touré, élu secrétaire général de l’UIT, qui a mis en place l’opération « connecter l’Afrique ». En plus du chinois Huawei, qui est l’un des premiers fournisseurs mondiaux de réseaux de nouvelle génération pour les opérateurs télécoms ; alors-là la boucle est bouclée. L’ensemble des ingrédients sont présents sans que l’on dise que l’Afrique regorge de matière première et qu’elle est riche avec des peuples pauvres.
Au Rwanda s’est tenu le sommet « Connecter l’Afrique », qui s’est engagé à investir une somme de plus de 55 milliards de dollars, avec le secteur des TIC comme fer de lance. D’ailleurs, dans ce sens, M. Paul Kagame, président du Rwanda, a donné le ton dès le début en déclarant que «les investissements et le commerce – par opposition à l’aide et à la charité – doivent être les moteurs de la transformation de nos économies». Une autre façon de « voir »et de croire en cette Afrique. En effet, lors de ce sommet, on a parlé de 2012, l’année où toutes les grandes agglomérations africaines seront connectées, et 2015 où toute l’Afrique fera partie de la toile mondiale. Des engagements ont été pris en vue d’interconnecter toutes les capitales et grandes villes africaines à l’infrastructure TIC large bande et de renforcer la connectivité avec le reste du monde à l’horizon 2012. D’ici à 2015, les services large bande et TIC seront étendus à l’ensemble des villages africains. Le sommet prévoit également de répondre aux objectifs fixés par le sommet mondial sur la société de l’information en ce qui concerne le renforcement des capacités, en créant un environnement propice aux investissements ainsi que des services d’administration publics en ligne. Du service et encore du service à créer suivi en cela par la création d’entreprises de services qui doivent rayonner sur toute l’Afrique et permettre à l’Africain de s’établir chez lui.
Rien qu’en investissement, les opérateurs mobiles de l’Association GSM ont annoncé l’apport d’un montant de 50 milliards de dollars sous forme de nouveaux investissements au cours des cinq prochaines années afin d’élargir et de moderniser les réseaux du continent d’ici à 2012, de sorte que plus de 90 % de la population seraient desservis par des communications mobiles. La Banque mondiale de son côté doublera sa quote-part, la faisant passée à 2 milliards de dollars d’investissements dans les TIC. L’Europe a créé un fonds d’affectation spéciale UE pour l’Afrique doté de quelque 100 millions d’euros sous forme de subventions et de quelque 260 millions d’euros sous forme de prêts, dont une petite partie est affectée aux TIC.
En regardant tout cela, on se dit « c’est bon » et que l’Afrique va aller de l’avant et ne pas rater sa chance pour prendre un nouveau départ et pour qu’en définitive, l’Africain soit valorisé et qu’il devienne un citoyen du monde à part entière.
Malheureusement, et connaissant parfaitement ses dirigeants, dans les faubourg des grandes villes africaines, on ne parle que de nouveaux comptes bancaires qui se créent dans les paradis fiscaux en attendant d’être directement alimentés par cette manne qui va se retrouver en « manoirs » et « châteaux » en Europe.