Cette année, la journée du 17 mai change de nom et devient «Journée internationale de la société de l’information», où a été décerné le premier prix UIT au président Abdoulaye Wade du Sénégal et au professeur Muhammad Yunus, directeur général de la Grameen Bank (Bangladesh). Le premier pour l’institution du Fonds pour la solidarité numérique et le deuxième pour la mise en place d’un service de publiphones cellulaires dans les régions les plus isolées du Bangladesh, dirigé par des femmes. Les femmes les plus pauvres du réseau Grameen sont aujourd’hui considérées comme des associées tellement fiables qu’elles sont de plus en plus nombreuses à être chargées non seulement de vendre des minutes de trafic mais encore de placer de nouveaux abonnements au téléphone.
Au-delà du fait que ces personnes ont contribué, chacun en ce qui le concerne, vers l’avancée des TIC dans le monde, cela reste quand même très «orienté» et on reste septique.
Je m’explique. C’est très tendance aujourd’hui de parler de pays émergents et de développement et surtout de télécoms mais sans réellement y mettre du sien, à l’image de ses équipementiers qui investissent ces pays pour vendre leurs camelotes à bas prix. Peut-on contrôler ce qu’ils vendent ? Mass Market semble être le nouveau mot à la mode. On ne parle plus de nombre d’abonnés, bien sûr prepaid, et de pays qui ont une forte population pour lequel il y a un réseau mais qui ne touche pas toute la population. Par contre, ce qui forme aujourd’hui la «trame» de la société de l’information, c’est la convergence entre les trois univers longtemps distincts de l’informatique, des télécommunications et de l’audiovisuel. On en a choisi qu’un seul : le plus rentable. La mise en place de cette société de l’information s’accompagne en effet d’un bouleversement de nombreuses habitudes et entraîne la remise en cause de visions traditionnelles, voire de situations acquises. A moins d’accepter d’avance l’échec de l’entrée de l’Algérie dans la société de l’information, les responsables politiques, économiques ou administratifs de notre pays doivent assumer avec lucidité et rigueur les exigences de cette ambition. L’adaptation des structures et l’évolution des mentalités qu’implique cette ambition appelle une claire conscience des grands principes de la société de l’information : la solidarité, la diversité, la concurrence, la liberté et la démocratie.