Le président Donald Trump a temporairement levé l’interdiction de TikTok aux États-Unis, offrant un délai de 75 jours pour résoudre les différends avec ByteDance. Cette décision relance les discussions sur un éventuel rachat de la plateforme, tout en mettant en lumière les enjeux technologiques, économiques et géopolitiques entre Washington et Pékin.

Donald Trump, fraîchement investi en tant que 47ᵉ président des États-Unis, a signé un décret accordant un sursis temporaire à TikTok face à l’interdiction qui pesait sur l’application. Cette mesure, l’un des premiers actes de sa présidence, donne à ByteDance, la société mère chinoise de TikTok, un délai de 75 jours pour trouver une solution qui répond aux préoccupations de sécurité nationale des États-Unis.
Une décision stratégique pour TikTok
Le décret intervient après des mois de tensions autour de TikTok, alimentées par des craintes selon lesquelles la Chine pourrait utiliser l’application pour collecter les données des utilisateurs américains ou diffuser de la propagande. Bien que TikTok ait vigoureusement nié ces accusations, la menace d’une interdiction totale aux États-Unis a ravivé les spéculations sur une éventuelle vente de ses activités américaines. Lors de la cérémonie de signature à la Maison Blanche, Trump a affirmé qu’il envisageait favorablement une acquisition partielle par des entreprises américaines, évoquant notamment un rachat par Elon Musk, PDG de X. Il a même suggéré que TikTok pourrait atteindre une valeur boursière de 1 000 milliards de dollars si elle était détenue par des Américains.
Une bataille juridique et politique
La prolongation du délai dépend toutefois de plusieurs conditions légales. Selon la loi, Trump doit démontrer au Congrès qu’un accord est réalisable, que des progrès concrets ont été réalisés, et que des garanties juridiques sont en place pour finaliser une transaction avec ByteDance. Jusqu’à présent, aucune preuve publique ne confirme que ces exigences aient été satisfaites, rendant l’avenir de TikTok incertain.
Cette saga reflète un retournement notable pour Trump. Lors de son premier mandat, il avait tenté d’interdire TikTok. Aujourd’hui, il se montre plus conciliant, reconnaissant le potentiel de la plateforme pour attirer les jeunes électeurs. « J’ai un faible pour TikTok que je n’avais pas auparavant », a-t-il déclaré, soulignant que les républicains doivent évoluer pour séduire les nouvelles générations.
Une situation critique pour ByteDance
Face à la pression, ByteDance reste déterminée à conserver le contrôle stratégique de TikTok. La société a annoncé qu’elle n’avait aucune intention de se séparer de ses actifs, malgré l’insistance des États-Unis. Cette posture complique davantage les négociations, d’autant que peu d’acquéreurs potentiels peuvent se permettre le prix élevé de la plateforme, estimée à des dizaines de milliards de dollars.
Samedi soir, TikTok a temporairement suspendu ses services aux États-Unis, laissant ses 170 millions d’utilisateurs face à un message indiquant que l’application était « temporairement indisponible ». Les magasins d’applications d’Apple et de Google ont également retiré l’application de leurs plateformes, conformément à la législation signée l’année précédente par Joe Biden et validée par la Cour suprême.
Cette situation met également les entreprises technologiques américaines sous pression. Apple, Google et Oracle, qui hébergent et distribuent TikTok, risquent de lourdes sanctions financières si elles continuent à soutenir l’application sans cadre légal clair. Ces entreprises devront décider si le décret de Trump leur offre une couverture juridique suffisante pour maintenir leur collaboration avec TikTok.
Une issue encore incertaine
Malgré les défis, Trump reste optimiste, affirmant avoir discuté de TikTok avec le président chinois Xi Jinping et espérant trouver une solution. Toutefois, les obstacles restent nombreux : la réticence de ByteDance, les exigences légales et le coût élevé de l’application rendent une vente incertaine.
Cette affaire illustre les tensions croissantes entre Washington et Pékin, mais aussi l’importance stratégique des plateformes numériques dans un contexte où la technologie est devenue un levier majeur de pouvoir et d’influence à l’échelle mondiale.