La 2e édition de Fikra conférence a eu lieu à l’hôtel El-Aurassi (Alger) avec comme thème principal l’optimisme. Le but des organisateurs est de redonner confiance dans un contexte politique et économique mondial et national marqué par la crise et un moral souvent en berne. Fikra est la première conférence nationale dédiée à la promotion des idées d’avenir. IT Mag restitue l’atmosphère qui a régné durant les deux jours et traite des sujets abordés avec un grand angle.
A l’ouverture, Mohamed Benmeradi, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, a apporté le message politique suivant : « le gouvernement a axé ses efforts pour 2010-2014 sur un programme orienté vers les priorités dans le domaine du développement, en plus des mesures incitatives pour permettre au plus grand nombre d’entreprises de faire de la recherche». Il dira que «l’utilisation des TIC va permettre la création de nouvelles opportunités pour l’emploi et un développement plus rapide de la société. Le gouvernement a consacré presque 2 milliards de dollars pour couvrir les investissements de la 3 G et les projets de haut débit de la bande passante pour les cinq prochaines années. Mais nous avons besoin de déployer plus d’efforts pour que notre société se dirige vers l’économie de la connaissance». Il a reconnu aussi que pour les entreprises, les actifs immatériels sont plus importants que les infrastructures. Pour Slim Othmani, président du conseil d’administration de NCA-Rouiba, «il s’agit de changer les choses et de transformer le demain de l’Algérie. En parlant d’optimisme, je pense à la notion de rêve. Il faut commencer par rêver. Il faut le porter, le concrétiser, se battre au quotidien, interagir avec ses actionnaires, ses clients et les institutions qui par moment ne retiennent que nos coups de gueule. Nous devons nous inscrire dans un rêve collectif d’une Algérie où il fait bon vivre». Selon lui, «il faut ouvrir les bonnes portes et ne pas défoncer celles qui ne s’ouvrent pas. L’optimisme, c’est laisser les gens exprimer leur potentiel». Néanmoins, il dira qu’un «groupe de fanatiques de bureaucratie se lève chaque matin avec des barrières mais plus ils en mettent, plus on doit les sauter». L’optimisme, c’est aussi le niveau d’engagement et de détermination, conclut-il.
Une flamme fragile mais vivante
Pour Mustapha Chérif, philosophe et conférencier international, «le secret est en nous. Nous devons aujourd’hui recréer un lien et une synergie. C’est vrai que cette dimension, cette flamme de l’optimisme semble fragile ou absente mais elle est encore vivante. Il y a encore une volonté de réussite, de dépasser et de se surpasser. Les jeunes ne sont jamais assez exigeants. Le dénominateur commun des peuples est la raison, chaque peuple a ses croyances, ses mythes et sa subjectivité. C’est autour de la raison que nous devons agir. Il faut transmettre un contenu d’enseignement de rationalité pour arriver à ce qu’on appelle la bonne gouvernance et défendre notre image. Il faut apprendre à communiquer. Souvent, notre cause est juste et pour communiquer, il faut connaître la structure mentale de l’autre, on ne peut pas lui parler dans un autre contexte simplement à partir de nos repères. Elle doit être fondée sur l’exemplarité, sinon notre crédibilité sera faible».
L’optimisme selon lui est «d’honorer la vie jusqu’au dernier souffle»
De son côté Isaad Rebrab, patron et fondateur de Cevital, a fait une prestation remarquable. «Même à mon âge, je continue de rêver», dira-t-il. Sa devise : «Voir grand, commencer petit et aller vite». Pour lui, «il faut avoir un optimisme débordant et suivre certaines règles : la détermination, l’intégrité, la transparence et la discipline. L’optimisme va vous emmener à la réussite. Il faut rêver et faire des choses grandioses. Nous sommes dans un monde très compétitif et de guerre économique. Soit vous avez une certaine dimension avec des avantages comparatifs et des produits de qualité et les grands multinationales vont vous laisser une place, soit vous êtes faibles et on vous écrase», en poursuivant «quand on commence dans l’activité, souvent on n’a pas les moyens financiers, humains et l’expérience, commencer petit, ça va toujours vous servir. L’entreprise est comme un bébé qu’on doit accompagner jusqu’à devenir adulte». Avec un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros, Cevital est le premier groupe privé algérien après Sonatrach, alors qu’il a commencé avec 5 000 dollars. Il dira : «si vous investissez sur l’homme, vous n’aurez aucun problème à avoir une croissance à 2 chiffres. Mais cela dépend aussi de «la gouvernance, de la vision et des dirigeants». Cevital a multiplié son chiffre d’affaires par 7000 %, c’est-à-dire 70 fois en 12 ans».
La réussite est une œuvre collective
Cevital est, au fond, l’histoire d’un rêve, adossé à de l’ambition avec une sacrée dose d’optimisme. Aujourd’hui, en situation de surliquidités, l’homme d’affaires voit toujours grand. Il a demandé à ses collaborateurs d’arriver à réaliser un chiffre d’affaires de 25 milliards de dollars d’ici 2025, dont 50% en Algérie et 50% à l’international. «Nous comptons créer de l’emploi ici et maintenir des emplois dans les pays d’accueil avec un transfert de technologies. On s’intéresse au groupe Fagor-Brandt, une multinationale de
5 700 employés pour en faire la plus grande usine d’électroménager du monde avec 100 hectares et 7 000 emplois dont 90% de la production destinée à l’export». Pour Laïd Benamor, président directeur général du groupe Amor Benamor, «la réussite est une œuvre collective», autrement dit la réussite collective est la réussite de chacun. Le réalisateur du «biopic» sur l’Emir Abd el Kader, Salem Brahimi, a donné sa définition de l’optimisme, «c’est refuser les circonstances comme l’Emir Abd el Kader qui a refusé la colonisation française». Dans sa synthèse, Vincenzo Nesci, président exécutif de Djezzy, souligne que «l’optimisme est le moteur de l’initiative et nous rend meilleur ». Il reprend une citation de Antonio Gramsci, écrivain et théoricien politique italien «Je suis pessimiste par l’intelligence mais optimiste par la volonté». Pour lui, «Fikra est une sorte de pause de réflexion et de contribution. Elle a son propre caractère et sa propre identité. Ses bases sont saines. Les valeurs qu’elle véhicule nous unissent tous. Elle est sur orbite pour devenir une référence. J’invite les entreprises algériennes à y adhérer de façon beaucoup plus marquée».