12 février 2025

Informatique, électronique, télécom,centre de data : Presse, la transformation

La généralisation d’utilisation d’Internet en Algérie a constitué une vraie bouffée d’oxygène pour les professionnels de l’information, essentiellement les jeunes journalistes pour créer des journaux électroniques. La notion de « journal électronique », que l’on associe un peu abusivement au développement du réseau Internet, semble ces derniers temps « faire fortune », et susciter un engouement certain.
De l’inévitable Gazette de ce bon Théophraste Renaudot à la presse électronique, les spécificités d’élaboration et de présentation de l’information changent et évoluent de manière radicale. Entamée depuis près de cinq ans, cette nouvelle aventure médiatique numérique poursuit son bonhomme de chemin à pas sûrs et prometteurs mais beaucoup d’incertitudes se font de jour en jour en cette période où la presse écrite papier dans le monde vit une situation difficile, beaucoup de tâtonnements mais aussi beaucoup d’attentes. La presse en ligne est envisagée comme une réponse possible à de nombreux problèmes et handicaps de la presse imprimée en jouant notamment sur la temporalité, la diversification des informations proposées, l’interactivité et la communication multimédia… En Algérie, le domaine de l’information dans toutes ses variétés (presse généraliste, presse spécialisée et presse régionale) constitue un vrai phénomène dans la société algérienne et réussit parfaitement à s’adapter au diapason des nouveaux défis imposés par les développements technologiques. L’une des questions que l’on peut poser au sujet d’un média est celle qui concerne son public et ses formes d’usages. Pour savoir si la presse sur l’Internet peut être considérée comme un média à part entière ou non, il faut se poser la question du public et des usages : qui sont les lecteurs réels ou potentiels des journaux électroniques ? Quelles sont la taille et la structure de ce lectorat ? A quels besoins précis cette presse électronique peut-elle répondre par rapport à la presse écrite ? et comment va-t-elle se financer ? D’un autre côté, vu l’immensité de notre territoire et la désorganisation de la distribution des journaux, cela permet aux centaines de milliers d’internautes de se mettre au courant des événements sans être contraints de se déplacer pour acheter un journal en papier ou allumer la radio ou la télévision. En fait, la presse électronique, en sus de son aptitude à couvrir l’actualité et diffuser l’information en un laps de temps, offre une sorte de « confort » aux lecteurs. Mais pour ces nouveaux investisseurs se posent alors de nombreuses questions ? Dans quelle mesure les textes légaux existants, susceptibles de régir les activités de presse, s’appliquent-ils dans le cyberespace, sachant qu’ils ont généralement été conçus avant l’émergence des autoroutes de l’information ? La question est cruciale et a notamment trait au droit d’auteur, quand on sait que les sites d’information sont totalement phagocyter sans jamais citer le source mais aussi aux notions de délit de presse et de responsabilité en cascade, au droit de réponse ainsi qu’aux textes pénaux réprimant les actes inspirés par le racisme et autres. Avec la hausse sans cesse croissante de ces organes de presse et ses grandes perspectives d’évolution, selon les spécialistes, tout citoyen aura l’opportunité de jouer au journaliste et mettre sur le « fil » des informations concernant son entourage immédiat. La proximité. Bien que l’éthique et la déontologie du journalisme risquent d’être bafouées en raison de la grande quantité des informations reçues et l’incapacité des responsables de ces sites spécialisés à vérifier la crédibilité et la source de la « dépêche » à publier. Toutefois, ce qui est remarquable en Algérie, c’est que l’écrasante majorité des initiateurs des journaux électroniques sont issus du métier et tentent de renforcer leurs effectifs en faisant appels à la collaboration d’autres professionnels confirmés dans la profession. « Il n’est pas question de publier une quelconque information non vérifiée car il s’agit avant tout de la crédibilité du site. On essaye de s’assurer que tout ce qui est publié soit conforme aux normes dans le cadre de garantir le service public en matière d’information », insiste, à cet effet, Dahmane Semmar, responsable du site d’information Ness News. Il ajoute immédiatement que « Ness News dispose d’une rédaction qui recoupe de l’information et propose ses articles selon la méthode journalistique la plus classique. Nous enregistrons entre 20 et 30 mille visiteurs par jour », ajoute notre interlocuteur. Concernant le financement, M. Semmar indique que « pour l’instant, nous avons choisi la gratuité et de vendre de la publicité. Pour le moment nous n’avons qu’un seul annonceur, mais nous allons fournir encore d’efforts pour améliorer cette rentabilité en fonction de la qualité de l’information diffusée ». La rentabilité de ce secteur n’est pas assurée, loin de là, mais le futur est prometteur. Pas si sur disent les groupe de presse qui lancent eux même une version électronique de leur version papier. Aujourd’hui, il y a sur le marché une vingtaine de site internet d’information qui n’ont pas de version papier. Ils ont d’ailleurs réussi à fidéliser leur lectorat grâce aux efforts consentis à cet effet. Certains d’entre ces sites s’appuient, en sus d’une équipe de journalistes et de techniciens, sur les agences de presse afin de reprendre certaines informations utiles pour leurs différentes rubriques. « Chaque journal électronique essaye d’attirer le maximum possible d’internautes, ce qui a créé une sorte de concurrence à même d’apporter une amélioration notable dans le contenu et la manière du traitement de l’information », souligne Hacène Ouarib, spécialistes dans les systèmes d’information et de la communication. « On n’est pas en mesure d’apporter une quelconque évaluation de ce phénomène pour l’instant, car l’expérience est très jeune. Mais, je suis persuadé qu’avec l’engouement affiché par les jeunes algériens à internet ce type de journalisme franchira des caps géants et cela contribuera surtout à la consolidation de la société de l’information », ajoute notre interlocuteur. Pour Khaled Zouari, auteur de La presse en ligne : vers un nouveau média écrit en 2008, « ce qui manque aux journaux en ligne c’est un véritable modèle économique, un public bien défini et clairement identifiable. L’autre caractéristique importante qui fait encore défaut à la presse en ligne pour être un média à part entière, c’est l’existence d’un véritable marché, notamment au niveau de la distribution de ces journaux auprès du grand public.
A l’heure actuelle, la presse en ligne ne répond pas à la définition d’un média de masse. En revanche, elle donne lieu à l’émergence d’une industrie culturelle et informationnelle sur l’Internet qui se vérifie à travers un circuit de production, de diffusion et de production de l’information en ligne. »
Les réseaux sociaux comme « catalyseurs »
La parade est tout trouvée, les journaux électroniques se lancent dans une offensive soutenue pour attirer les internautes algériens à travers la diffusion des informations sur les réseaux sociaux. Cela permet aux titulaires de comptes sur ces sites de voir des articles traitant de différents sujets d’actualité nationale et locale, des reportages et enquêtes s’afficher directement sur son compte. Et c’est Facebook, qui compte près de quatre millions de membres en Algérie qui le principal réseau social « investi » par la presse électronique. Il suffit d’ajouter le journal en question dans la liste des amis pour recevoir les articles sans déployer l’effort de se connecter au site officiel.
Facebook est ainsi considéré comme un relais, mais aussi comme un moyen de tester l’importance et l’impact des informations sur les lecteurs, qui ont cette opportunité de publier pour leur part des commentaires appropriés. Cela crée une sorte d’interactivité bénéfique aussi bien pour les internautes que les responsables des journaux qui tiennent à prendre en compte les tendances et les remarques enregistrés pour améliorer leur contenu de façon permanente.
Qu’est-ce qui se passe dans mon village ?
L’apparition des médias électroniques s’avère d’une grande importance pour les citoyens des différentes régions du pays qui sont souvent tenus au courant de ce qui se passe dans leurs villages ou cités.
« Dieu merci, je parviens facilement à m’informer des nouvelles de ma commune sans être contraints d’utiliser le téléphone. Cette presse électronique est une grande bénédiction pour tous les Algériens, notamment les immigrés. J’ai aussi des amis qui m’envoient tous les articles de presse qui traitent de l’actualité locale à travers Facebook. Je me sens rarement immigré », se félicite Farid, la quarantaine, résidant en France et originaire de Ziama Mansouriah (Jijel). C’est le cas également de Rabah, originaire de Draa El Mizan (Tizi Ouzou) et résidant au Texas (Etats-Unis) depuis plus de sept ans. « Parfois, c’est moi qui informe des parents et des proches de ce qui se passe là-bas ! Ils s’étonnent, mais je leur explique que cela est grâce à la Toile mondiale tout en espérant que nos jeunes puissent investir davantage dans ce créneau d’avenir et d’une importance capitale », souligne ce jeune ingénieur en informatique.
Des informations publiées sur le web sont aussi à même de provoquer des réactions collectives de la part des lecteurs ciblés. Pour les gens de la même agglomération, il s’agit d’engager, par exemple, des actions de solidarité pour aider des personnes en danger, prendre part à des initiatives visant à réaliser un projet d’utilité publique, etc.
« Nous sommes même prêts à soutenir financièrement les responsables de ces sites d’information pour améliorer leurs prestations et assurer un service permanent et de qualité. Nous savons qu’il leur est difficile de faire face aux charges, mais la solidarité peut venir à bout de cet obstacle », avouent nos interlocuteurs. L’Internet a ouvert la voie, le mobile qui est déjà en embuscade attend la 3G pour s’émanciper.
A SAVOIR
Qu’est-ce qu’un journal en ligne ?
C’est un « service de communication au public en ligne » qui est « édité à titre professionnel par une personne physique ou morale qui a la maîtrise éditoriale de son contenu » et ce afin de produire et mettre à disposition du public « d’un contenu original, d’intérêt général, renouvelé régulièrement, composé d’informations présentant un lien avec l’actualité et ayant fait l’objet d’un traitement à caractère journalistique, qui ne constitue pas un outil de promotion ou un accessoire d’une activité industrielle ou commerciale ».

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