De manière générale, les deux journées de l’Aïd ont fait beaucoup de déçus. Des appels impossibles à effectuer, des SMS qui ne sont jamais parvenus à leurs destinataires ou, dans le meilleur des cas, avec des heures de retard ont été le lot des abonnés des trois opérateurs téléphoniques. Il fallait s’armer de beaucoup de patience et tenter d’envoyer un message à plusieurs reprises pour s’assurer de son arrivée à destination. Certains, les plus malchanceux, ont même perdu de l’argent inutilement. Croyant que leurs messages n’étaient jamais partis, ces derniers ont effectué plusieurs envois, ignorant que lesdits SMS avaient été, en fait, envoyés en multiples copies. D’autres abonnés ne parvenaient tout simplement pas à recharger leurs comptes en raison de la saturation des réseaux et devaient attendre « le bon moment » pour effectuer cette opération. Le premier jour de l’Aïd, la situation avait frôlé le burlesque ; de nombreux clients faisaient le va-et-vient vers le buraliste du coin pour demander si « la situation s’était améliorée ». L’on tendait l’oreille et attendait la bonne nouvelle. Il y avait aussi des rumeurs faisant, par moments, état de l’amélioration du réseau, poussant des abonnés à se diriger, en rangs serrés, vers le premier kiosque pour recharger leurs appareils.
Cette année, les plus avertis ont préféré envoyer leurs message la veille de l’Aïd afin d’éviter de subir la saturation du réseau, d’autres ont préféré temporiser, décidant d’envoyer leurs SMS de vœux quelques jours après la fin de l’Aïd, considérant que de toute façon il ne servirait à rien de le faire le jour J puisqu’une bonne partie des messages n’arrivera jamais à destination.
Afin d’en savoir plus au sujet de ce phénomène désormais récurrent et visiblement encore sans remède, nous avons tenté de nous rapprocher des opérateurs téléphoniques nationaux, l’objectif étant d’essayer de comprendre l’origine de ce problème ou à tout le moins savoir si des solutions pouvaient être apportées afin de réduire son acuité.
Pour ce qui est du premier opérateur en Algérie, à savoir Djezzy, on nous dit qu’avec 12 millions d’abonnés, il y a eu plus de 10 millions de SMS durant l’Aïd et que le réseau a « tenu le coup » et que tous les SMS ont été acheminé à leurs destinataire même si nous dit-on la période de l’Aïd, ce sont deux journées «très chaude» où cette année a vu l’entrée des MMS dans les vœux.
En ce qui concerne l’opérateur Nedjma, son chargé de communication, M. Djezaïri, nous a affirmé que le réseau Nedjma a bien fonctionné durant les deux jours de l’Aïd, en précisant que le véritable problème s’est en fait posé au niveau des appels nécessitant des interconnexions entre deux opérateurs différents. Sans donner de chiffres précis, M. Djezaïri nous dira que « des millions de SMS ont été envoyés durant les deux journées de l’Aïd et les deux journées précédant cette fête ».
Interrogé sur les mesures susceptibles d’être prises, le représentant de Nedjma dira que les réseaux de téléphonie mobile subissent ce genre de congestion, globalement, trois fois pas an ; l’Aïd El Fitr, l’Aïd El Adha et le jour de l’an, et que cela n’est pas suffisant pour que des dimensionnements adaptés soient mis en place. En d’autres termes, les trois événements générant une saturation au niveau des réseaux « représentent des pics limités dans le temps ».
De son côté, M. Daas, responsable de la communication chez Mobilis, nous révélera que 5 millions de SMS ont été envoyés de et vers les abonnés Mobilis. « Durant la journée de l’Aïd, il y a eu des pics de 500 000 SMS par heure, ce qui est très important pour un pays comme l’Algérie », fera-t-il remarquer avant d’ajouter que le nombre de communications téléphoniques était lui aussi très important, sans pouvoir donner de chiffres précis. Il a, en outre, affirmé que tous les SMS envoyés de Mobilis vers Mobilis sont arrivés à destination. « Les messages envoyés ou reçus d’un autre opérateur étaient quant à eux en fil d’attente mais ont tout de même fini par parvenir aux destinataires », a-t-il assuré.
Quoi qu’il en soit et ce qui est sûr, c’est que les Algériens continueront à subir les saturations de réseau lors des fêtes et autres événements impliquant un échange massif de messages et d’appels pour la simple raison qu’il serait très peu rentable pour les opérateurs téléphoniques d’investir pour renforcer leurs réseaux respectifs en prévision de pics susceptibles de se produire seulement deux à trois fois par an. En attendant, si l’on fait le calcul de ce que les opérateurs ont bien voulu nous donner, on aboutit à plus d’une vingtaine de millions de SMS qui se sont échangés pendant la période de l’Aïd Esghir.