12 février 2025

Une théorie en attente de pratique

Melle Khenchlaoui, directrice des réseaux et services de télécommunications à l’ARPT, chapeaute, en plus de deux autres départements que compte le service dont elle est à la tête, celui des ressources rares, qui gère le spectre de fréquences et le plan de numérotage. Elle nous parle des activités de l’organe de contrôle en matière de surveillance du spectre électromagnétique chargé de détecter tout abus ou tout manquement au cahier des charges par les opérateurs télécoms.
«La gestion du spectre des fréquences, qui sous-entend d’abord la planification de ce même spectre sur différentes bandes de fréquences à attribuer et différents services de radiocommunication, de même que leur assignation à toute personne qui en exprime la demande [pour des réseaux privés], comprend le contrôle des fréquences assignées et, dans l’ensemble, la détection d’utilisateurs non autorisés», explique notre vis-à-vis. Pour ce dernier point, il s’agit d’intercepter tout utilisateur «illégal» de fréquences non préalablement attribuées.
Elle poursuit en affirmant que «c’est ce même contrôle qui permet, d’autre part, de connaître le taux d’occupation du spectre». Elle ajoute : «En tant qu’autorité de régulation, nous disposons de nos propres ondes que nous mettons à disposition des opérateurs télécoms. Notre travail consiste également à nous assurer que ces opérateurs respectent bien l’utilisation des fréquences qui leur ont été assignées si bien qu’ils n’empiètent pas sur le réseau d’autres utilisateurs. De même, nous veillons au respect par ces derniers des caractéristiques techniques exigées dans le cahier des charges ainsi que par l’autorité elle-même». Des caractéristiques en matière de puissance des émissions radio définies par les pouvoirs publics et inspirées des normes européennes actuellement en vigueur, y a-t-il lieu de préciser. A ce propos, tous les équipements ayant servi à déployer ou à étendre un champ électromagnétique proviennent d’Europe. Même si la compagnie chargée de le faire provient d’Amérique ou d’Asie, où d’autres normes ont cours, celle-ci est appelée à ne recourir qu’à des équipements fabriqués dans la communauté européenne.
L’ARPT n’en oublie pas moins d’effectuer un suivi des puissances admises (en watts) sur les équipements sachant qu’une exagération de celle-ci provoque une gêne dans le plan de fréquences d’un autre utilisateur sur un rayon d’action délimitée. «Beaucoup plus par respect mutuel entre les utilisateurs afin de ne pas provoquer d’interférences disharmoniques», note Melle Khenchlaoui à une question de savoir si augmenter la puissance d’une antenne relais ou d’un équipement de transmission radio pourrait nuire à la santé publique.
«En matière de santé, franchement il n’y a pas lieu de s’alarmer», déclare Melle Khenchlaoui, rejointe par M. Amghar, du département numérotage, qui affirme que «ce sont les opérateurs eux-mêmes qui font des études d’impact à ce sujet». «Orascom Télécom Algérie avait procédé à un audit quand l’Autorité avait été saisie par des particuliers mécontents de l’installation d’une BTS tout près de leur domicile. OTA avait alors diligenté une enquête dont il nous a remis une copie des résultats pour lecture», relate-t-il. En fait, le travail de l’ARPT dans ce volet est beaucoup plus technique et de régulation. En matière de santé, le soin est laissé aux opérateurs télécoms et aux instances dont c’est le domaine de compétence de répondre aux questions d’ordre sanitaire.
«Que ce soit en puissance, en matière de champ électromagnétique, nous veillons au respect des seuils établis en la matière et qui reposent sur des normes admises. De toutes les matières, le cahier des charges remis aux opérateurs accorde la primauté au champ électromagnétique, c’est-à-dire la valeur d’assignation à ne pas dépasser. Quand bien cela aurait-il été possible ou fait, les équipements importés ne peuvent subir de modification pour accroître la résonance électromagnétique car fabriqués selon des valeurs de calcul préétablis», explique encore Melle Khenchlaoui. Par ailleurs, la planification du spectre des fréquences se fait sous l’égide de l’Union internationale des télécommunications (UIT) sanctionnée par des recommandations auxquels tout opérateur, voire administration doivent se conformer, et plus particulièrement les équipementiers.
Enfin, au sujet des moyens et des appareils de contrôle et de gestion du spectre des fréquences, l’ARPT, par la voix de M. Khenchlaoui, compte acquérir d’ici à la fin de l’année des consoles sophistiquées et des systèmes de triangulation (procédé de détection et d’interception) pour la région Nord et, progressivement, dans les zones restantes, à savoir l’est, l’ouest et le sud. Actuellement, le travail de l’ARPT en matière de régulation repose sur les appareillages des grandes entreprises qui recourent à des réseaux de transmission privés, en se référant à toute éventuelle plainte déposée par celles-ci ou dénonciation pour vérification des ondes indésirables et leur traçabilité. En somme, la politique est là, claire et définie, ne demeure que la partie «pratique»…

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