24 octobre 2025

Arduino sous pavillon Qualcomm <BR> La nouvelle carte Uno Q mise sur l’IA embarquée et Linux

Ce champion de l’électronique ouverte, prisé aussi bien par les bricoleurs que par les laboratoires de R&D, passe ainsi sous pavillon américain. Né à l’Institut de Design d’Interaction d’Ivrea en Italie en 2005, Arduino est racheté par Qualcomm dans le cadre d’une alliance stratégique visant à combler le fossé entre le prototypage simple et les objets connectés industriels concrets. L’opération a été annoncée le 7 octobre, sans précision sur le montant de la transaction.

L’IA au cœur de la décision

Massimo Banzi (co-fondateur) et Fabio Violante (actuel PDG) d’Arduino ont justifié cette décision par la nécessité de se positionner sur l’intelligence artificielle (IA), qu’ils jugent essentielle pour la « phase 3 » du projet Arduino.

Fabio Violante, PDG d’Arduino, a déclaré que l’union avec Qualcomm permettra de « dynamiser notre engagement en faveur de l’accessibilité et de l’innovation. » Il a ajouté que le lancement de la carte « UNO Q » n’est qu’un début, visant à doter leur communauté « d’outils puissants qui rendent le développement de l’IA intuitif, évolutif et ouvert à tous. »

De son côté, Massimo Banzi a souligné : « En rejoignant Qualcomm Technologies, nous apporterons des outils d’IA de pointe à notre communauté tout en restant fidèles à ce qui a toujours le plus compté pour nous. »

Arduino a bâti sa réputation sur l’accessibilité, une plateforme facile pour brancher des capteurs et prototyper rapidement. Qualcomm, de son côté, apporte des systèmes sur puce (SoC) puissants intégrant processeurs multicœurs, GPU, modem et unités de traitement neuronal (NPU).

Le mariage de la simplicité et de la puissance

Ce mariage donne immédiatement naissance à l’Arduino Uno Q, la première carte issue de cette fusion. Elle est conçue pour l’Internet des Objets (IoT) et l’Intelligence Artificielle (IA) embarquée.

L’architecture de l’Uno Q

L’Uno Q présente une architecture duale et compacte (68,85 × 53,34 mm) qui est sa principale force avec un Cœur Puissant (SoC).  Un Qualcomm Dragonwing QRB2210 (quadri-cœur Cortex-A53 avec GPU Adreno) pour gérer les tâches lourdes. Ce cœur est suffisamment puissant pour faire tourner des systèmes d’exploitation complets comme Linux, Debian et Docker. Et un Cœur Temps Réel (MCU) c’est à dire un microcontrôleur STM32U585 dédié à la gestion des capteurs et des actionneurs, garantissant une réactivité en temps réel sans la latence liée à un système d’exploitation.

La carte conserve de plus les connecteurs Arduino traditionnels, intègre le Wi-Fi 5.2, le Bluetooth 5.4 et permet la connexion de caméras haute résolution.

L’IA embarquée au centre de l’ambition

Qualcomm positionne clairement l’Uno Q sur l’intelligence artificielle locale. L’objectif n’est pas de faire tourner de lourds modèles de langage, mais de traiter efficacement les tâches d’IA embarquée comme la détection d’objets par vision, la reconnaissance vocale et les mots de réveil (wake words) et la classification d’images.

Cette capacité à analyser les données localement répond à des besoins cruciaux dans l’industrie légère, la domotique avancée ou la maintenance prédictive, permettant aux systèmes d’agir sans dépendre systématiquement d’un cloud distant. Un nouvel environnement de développement, Arduino App Lab, fournira d’ailleurs l’accès à des modèles d’IA pré-entraînés.

Une concurrence frontale avec le Raspberry Pi

L’Arduino Uno Q se place en concurrence directe avec le Raspberry Pi, les deux offrant désormais des systèmes complets sous Linux. En effet, le Raspberry Pi privilégie la polyvalence généraliste et un écosystème logiciel vaste et l’Arduino Uno Q mise sur l’intégration native capteurs/actionneurs et l’efficacité de son architecture duale (SoC/MCU) pour les déploiements industriels légers et les objets connectés autonomes.

Avec un prix de base très compétitif de 39 euros (2 Go de RAM/16 Go de stockage), l’Uno Q se positionne comme une alternative sérieuse, notamment grâce à son microcontrôleur dédié qui promet d’éliminer les problèmes de latence.

L’autonomie d’Arduino : la confiance est essentielle

Conscients de la méfiance historique de la communauté des « makers » face aux rachats par de grands groupes, Arduino a insisté sur le maintien de son autonomie italienne. L’entreprise affirme pouvoir continuer à utiliser les puces de ses partenaires historiques (Intel, STMicroelectronics, Espressif, etc.) et garantir l’accès public à sa documentation.

Si Qualcomm respecte cette promesse de neutralité, l’alliance pourrait s’avérer extrêmement fructueuse. Cependant, la communauté restera vigilante car l’avenir de la plateforme dépendra de la concrétisation de cette indépendance face aux choix techniques ou commerciaux du nouveau propriétaire.

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