24 octobre 2025

Le gouvernement américain prend une participation de 10 % dans Intel

Le gouvernement américain a pris une participation minoritaire, mais significative, de 10% dans le capital d’Intel, le géant des semi-conducteurs. Cette décision historique, annoncée par le président Donald Trump, marque un tournant dans la relation entre l’État et l’industrie technologique, et souligne la volonté de Washington de protéger un fleuron national en difficulté. L’opération, d’une valeur de 11 milliards de dollars, a été réalisée en échange de subventions promises à l’entreprise par l’administration précédente.

Un accord peu conventionnel pour sauver un leader en déclin
Le président Trump a confirmé cet accord sur sa plateforme Truth Social, en se félicitant que les États-Unis possèdent désormais 10 % d’Intel, «une grande entreprise américaine avec désormais un futur encore plus incroyable» Cette prise de participation s’est faite sans que le gouvernement ne débourse d’argent frais, en convertissant directement en actions les 11 milliards de dollars de subventions initialement allouées à l’entreprise. Cette approche, qualifiée de « très peu conventionnelle », permet au gouvernement d’injecter des capitaux essentiels sans avoir à voter de nouvelles dépenses.

L’accord intervient après une période de tensions publiques entre le président et le PDG d’Intel, Lip-Bu Tan. Trump avait auparavant critiqué le dirigeant, l’accusant de « grave conflit d’intérêts » et réclamant sa démission. Cependant, une rencontre à la Maison Blanche le 11 août a apparemment apaisé les relations, aboutissant à ce partenariat inattendu.

Pourquoi Intel a-t-il besoin de cette aide ?
Historiquement, Intel a été le leader mondial dans la conception et la fabrication de microprocesseurs, ces puces essentielles au fonctionnement des ordinateurs. Cependant, l’entreprise a connu un déclin progressif. Elle a manqué plusieurs transitions technologiques majeures, notamment le passage à la téléphonie mobile. Aujourd’hui, elle est menacée de se faire distancer dans la course à l’intelligence artificielle (IA), un domaine stratégique que le président Trump a qualifié de priorité nationale.

Intel fait face à une concurrence féroce de la part de ses rivaux asiatiques. Les géants taïwanais TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company) et sud-coréen Samsung dominent actuellement le marché de la fonderie — la fabrication des puces -. Leurs technologies de production sont souvent plus avancées, ce qui a fragilisé la position d’Intel. L’entreprise est d’ailleurs en proie à des pertes financières significatives, avoisinant le milliard de dollars par mois.

L’investissement de 11 milliards de dollars du gouvernement américain est crucial pour aider Intel à restructurer ses opérations, à investir dans la recherche et le développement de nouvelles technologies, et à regagner du terrain face à ses concurrents mondiaux.

Un signe de la course technologique mondiale
Cette intervention de l’État dans le secteur privé illustre la guerre technologique qui se joue actuellement, en particulier dans l’industrie des semi-conducteurs. La production de puces est perçue comme un enjeu de sécurité nationale et d’indépendance économique.

L’accord avec Intel n’est pas le seul soutien financier que l’entreprise reçoit. Le groupe japonais SoftBank Group a également annoncé un investissement de 2 milliards de dollars qui porterait sa participation dans Intel à 2 %. Cela démontre un intérêt du secteur privé pour le redressement de l’entreprise.

Malgré cette double injection de capitaux, les experts restent prudents. Le chemin est encore long pour Intel. L’entreprise devra prouver qu’elle peut non seulement rattraper son retard, mais aussi s’imposer à nouveau comme un leader de l’innovation, en particulier dans le domaine de l’IA.

Fonderie (Foundry) : Terme désignant les usines qui fabriquent des puces électroniques conçues pour compte ou pour d’autres entreprises. TSMC et Samsung sont les principaux acteurs de ce marché.

Intelligence Artificielle (IA) : Branche de l’informatique qui vise à créer des machines capables d’imiter l’intelligence humaine, notamment en matière d’apprentissage, de raisonnement et de perception.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *