Ah, cette fichue réalité! On se fait tout un film dans notre tête, un blockbuster d’idées géniales et de plans infaillibles. On déroule le tapis rouge de nos prévisions, on sort le grand jeu des stratégies élaborées… et paf ! La réalité arrive en claquettes-chaussettes, avec un chewing-gum à moitié mâché, et nous murmure à l’oreille : « Euh, non, c’est pas vraiment comme ça que ça se passe. »
Entre le cerveau, cette usine à rêves un peu foldingue, et le monde extérieur, ce terrain de jeu parfois caillouteux et bien aiguisé, il y a un fossé. Un genre de « Lost in Translation » permanent. Parfois, c’est un petit décalage sournois, un cheveu sur la soupe de nos ambitions. D’autres fois, c’est un véritable cataclysme, un tsunami de « mais non, c’est pas possible ! ». L’erreur, cette invitée surprise un peu embarrassante, la bourde monumentale, l’interprétation à côté de la plaque… tout ça se faufile dans l’interstice, histoire de nous rappeler gentiment qu’on n’est pas les maîtres du monde, loin de là. On est plutôt les stagiaires un peu maladroits de nos propres vies. C’est cruel, oui, mais dites-vous que même les plus grands magiciens ratent leurs tours de temps en temps.
Mais attendez, la bonne nouvelle, c’est que ce bazar ambiant, ce mélange détonnant entre l’idée et le résultat, c’est un peu le sel de la vie ! Loin d’être un bug à corriger en urgence, c’est plutôt le ressort caché de notre intelligence, la source inépuisable de nos conversations animées. C’est quand on se prend les pieds dans le tapis de nos certitudes, quand le résultat ressemble plus à un Picasso raté qu’à notre chef-d’œuvre imaginé, qu’on a une petite chance de comprendre quelque chose. Ou du moins, de se rapprocher timidement de ce qui nous échappe, un peu comme un chat qui essaie d’attraper une miette sous un meuble. Chaque « eurêka ! » commence par un « mais qu’est-ce que c’est que ce machin ?! », un clash entre nos plans et la réalité, une fausse note qui nous oblige à accorder nos violons intérieurs. Nos regards deviennent alors des détectives en herbe, cherchant le coupable de cette dissonance. Et il n’y a pas de honte à cela – simplement une invitation à rester attentif, humble, et prêt à apprendre, encore.