Face à la compétition mondiale, le Japon investit massivement pour sécuriser sa position dans les technologies de pointe et assurer sa résilience économique
Le gouvernement japonais prévoit d’injecter au moins 10 000 milliards de yens (soit environ 65 milliards de dollars) d’ici 2030 pour soutenir les industries des semi-conducteurs et de l’intelligence artificielle (IA). Ces investissements ont pour but de renforcer la compétitivité technologique du pays et d’assurer sa sécurité économique.
Contexte et objectifs
Les semi-conducteurs, aussi appelés puces électroniques, sont des composants essentiels utilisés dans divers appareils technologiques, des smartphones aux voitures autonomes, en passant par les équipements médicaux. L’intelligence artificielle, ou IA, est une technologie permettant aux machines de traiter des informations et de prendre des décisions de manière autonome. Ces deux secteurs sont stratégiques pour l’innovation et la compétitivité industrielle à l’échelle mondiale, ce qui explique l’engagement du gouvernement japonais.
Détails du plan de financement
Le plan japonais vise à attirer 50 000 milliards de yens d’investissements sur une période de dix ans, en combinant des fonds publics et privés. Cette stratégie a pour objectif de stimuler les secteurs technologiques stratégiques, tels que les semi-conducteurs et l’intelligence artificielle. Pour concrétiser ce plan, le gouvernement a prévu plusieurs types de soutien financier.
D’abord, des subventions seront offertes directement par le gouvernement. Ces subventions, également appelées aides financières directes, ont pour but d’alléger les coûts des entreprises, notamment ceux liés au développement et à la mise en œuvre de nouvelles technologies. En réduisant leurs dépenses initiales, ces entreprises pourront se concentrer davantage sur l’innovation sans supporter l’intégralité des coûts.
Ensuite, le gouvernement réalisera des investissements par l’intermédiaire d’institutions publiques. Ces institutions prendront des parts dans des projets ou des entreprises stratégiques, ce qui permettra de soutenir leur croissance dans des secteurs jugés essentiels pour l’économie nationale. Contrairement aux subventions, qui sont des financements donnés sans contrepartie, ces investissements offrent au gouvernement une participation partielle dans les entreprises concernées en échange de son soutien financier.
Enfin, le gouvernement apportera des garanties de dettes. Ces garanties consistent en un engagement de l’État à couvrir une partie des pertes potentielles des prêteurs privés si les entreprises bénéficiaires ne parviennent pas à rembourser leurs prêts. En réduisant ainsi le risque pour les prêteurs, tels que les banques, le gouvernement rend les prêts plus accessibles aux entreprises, leur permettant d’obtenir des financements à de meilleures conditions, comme des taux d’intérêt réduits.
Contrairement à d’autres plans de financement, ce programme ne reposera pas sur l’émission d’obligations d’État pour couvrir le déficit. Cela signifie que le gouvernement ne créera pas de nouvelle dette publique directement liée à ce projet, s’engageant ainsi à financer ce plan sans augmenter son endettement national pour cette initiative.
Impact économique
Le gouvernement estime que ce plan devrait générer un impact économique global de 160 000 milliards de yens. Ce chiffre comprend l’effet multiplicateur des investissements sur l’économie japonaise, notamment en créant des emplois et en stimulant la demande pour les produits technologiques avancés.
Un des bénéficiaires principaux de cette aide pourrait être Rapidus, une entreprise soutenue par l’État qui travaille à la production de puces électroniques avancées. Ces puces sont cruciales pour des secteurs tels que les technologies de l’information et les communications, les véhicules autonomes, et les systèmes de défense. Rapidus prévoit de commencer la production en série de puces de nouvelle génération d’ici 2027, ce qui contribuerait au développement de l’industrie des semi-conducteurs au Japon.
Cadre législatif
Pour faciliter cette initiative, le gouvernement envisage de mettre en place une législation permettant aux institutions publiques de garantir les prêts et de réaliser des investissements dans des entreprises stratégiques. Ce cadre législatif sera soumis au Parlement d’ici 2025, afin d’établir un soutien continu et stable aux projets dans les secteurs des semi-conducteurs et de l’IA.
Pour mieux anticiper l’avenir, le Japon met en place un plan ambitieux et structuré visant à renforcer ses capacités industrielles et technologiques. Par capacités industrielles, on entend l’ensemble des ressources, infrastructures et compétences permettant à un pays de produire des biens matériels, comme des composants électroniques ou des équipements industriels. Quant aux capacités technologiques, elles englobent les avancées dans des domaines tels que les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle et les télécommunications.
Ce plan vise à assurer la sécurité économique du pays, c’est-à-dire sa capacité à maintenir une économie stable, résiliente et compétitive face aux crises ou aux menaces extérieures, notamment en s’assurant de ne pas dépendre exclusivement d’autres pays pour certaines technologies critiques. En effet, la sécurité économique devient essentielle dans un contexte où la technologie est une ressource stratégique.
Enfin, en développant ses capacités dans les technologies de pointe — c’est-à-dire les technologies innovantes qui repoussent les limites actuelles de l’ingénierie et de la science — le Japon se positionne pour jouer un rôle majeur dans la compétition mondiale. Cette expression désigne la rivalité entre pays pour obtenir une avance technologique et économique, un enjeu crucial dans un monde globalisé où les avancées en matière de semi-conducteurs et d’intelligence artificielle influencent directement la croissance économique et le pouvoir d’influence.