Par Samir Tazaïrt
Pour l’organisation internationale, « fini les taux de croissance à deux chiffres » dont ont profité les opérateurs télécoms et les équipementiers durant tout une décennie. Néanmoins, il reste encore une marge d’affaires dans les pays émergents où, « leurs parts d’abonnés mobiles […] ont connu une progression de 73% à la fin de 2010 »
Fin d’année oblige, tout le monde y va de son « petit » bilan. Et l’Union internationale des télécommunications (ITU) vient de publier le sien sur son site Internet. Sobrement intitulé « The World in 2010 – ICT Facts & Figures », le rapport compile les principales évolutions observées tout au long de l’année 2010 dans les domaines des télécoms et de l’Internet.
D’emblée, l’organisation internationale note la croissance fulgurante de la 3G, particulièrement dans les pays développés. Elle estime qu’« à la fin de 2010, il y aura 5,3 milliards d’abonnements au téléphone mobile à travers le monde, dont 940 millions d’abonnements à des services 3G ». L’accès aux réseaux de téléphonie mobile couvre 90% de la population mondiale et 80% de la population vivant dans les zones rurales. Et d’étayer ses propos en notant que « les abonnés passent rapidement de la 2G à des plates-formes 3G dans tant dans les pays développés et que dans ceux en voie de l’être. En 2010, dans 143 pays sont commercialisés des services 3G, comparativement à 2007, où ils n’étaient que 95.
Actuellement, un certain nombre de pays ont déjà dépassé ce cap où les opérateurs télécoms ont commencé à proposer des offres à large bande passante 4G comme la Suède, la Norvège, l’Ukraine ou encore les Etats-Unis. L’autre « tendance » de taille que relève l’ITU a trait directement aux taux de croissance du marché de la téléphonie cellulaire. Fini les taux de croissance à deux chiffres qui ont fait le bonheur des opérateurs et des équipementiers télécoms pendant toute une décennie.
« La croissance du marché de la téléphonie mobile se ralentit dans le monde entier. Dans les pays développés, le marché a atteint des niveaux de saturation avec en moyenne 116 abonnements pour 100 habitants à la fin de 2010 et une croissance marginale de 1,6% de 2009 à 2010 ». Néanmoins, il reste encore une marge d’affaires dans les pays émergents où, « dans le même temps, leurs parts d’abonnés mobiles […] ont connu une progression de 73% à la fin de 2010 ».
En termes de pénétration de marché du mobile, « dans les pays en développement, les taux atteindront 68% à la fin de 2010 – principalement tirés par la région Asie-Pacifique ». D’ailleurs, l’Inde et la Chine, à eux seuls, devraient « injecter » plus de 300 millions d’abonnés de plus durant cette période. Quant à l’Afrique, les taux de pénétration atteindront environ 41% seulement contre 76% au niveau mondial, laissant ainsi un « potentiel significatif » pour la croissance.
Autre fait marquant pour l’ITU, les chiffres croissants des SMS qui ont pris des courbes « stupéfiantes » entre 2007 et 2010, le nombre d’envois ayant triplé durant cette période, passant de 1,8 milliard en 2007 à plus de 6,1 milliards à fin 2010, générant un chiffre d’affaires de l’ordre de 14 000 dollars par seconde, à raison d’un prix moyen du SMS arrêté par l’organisation à 0,07 dollars l’unité. Ceci dans la partie réservée aux télécoms du rapport.
Venons-en maintenant à la partie Internet. Les d’utilisateurs d’Internet ont doublé entre 2005 et 2010 ; où leur nombre dépassera la barre des 2 milliards, dont 1,2 milliard seront localisés dans les pays en développement. Au passage, le rapport souligne que dans « un certain nombre de pays, dont l’Estonie, la Finlande et l’Espagne, l’accès à l’Internet a été érigé en un droit pour les citoyens ». « Avec plus de 420 millions d’internautes, la Chine est le plus grand marché Internet du monde. » Aussi, « alors que 71% de la population dans les pays développés sont en ligne, seulement 21% de la population se trouvant dans les pays en voie de développement le sont. Et à la fin de 2010, le taux de pénétration d’Internet en Afrique atteindra 9,6%, loin derrière la moyenne mondiale [30%] et la moyenne des pays en développement [21%] ». Ce que l’ITU considère dans son rapport comme « trop peu ».
La suite du rapport dresse un détail sur le nombre de foyers connectés de par le monde et conclut en mettant en exergue « la fracture qu’est en train de construire l’accès à Internet haut débit », dans la mesure où si la part des pays développés dont la population dispose d’un accès à Internet fixe à large bande est en croissance constante, représentant environ 45% des émissions mondiales d’abonnements (contre 42% 5 ans plus tôt), l’Afrique reste à la traîne. « Bien que les abonnements sont en augmentation, un taux de pénétration de moins de 1% illustre les difficultés qui persistent dans l’augmentation de l’accès à haut débit dans la région ».