Lors de sa communication magistrale, le PDG de l’opérateur historique ne s’est guère embarrassé en abreuvant l’assistance de chiffres et de graphiques, traduisant la bonne santé d’AT, mettant l’accent, avant toute chose, sur la ressource humaine de sa société et de ses retombées positives sur son environnement.
Il déclarait d’ailleurs qu’Algérie Télécom participait au développement du pays. «Plus de 150 000 emplois indirects ont été créés, 8 000 points de vente ouverts, 300 entreprises gravitent autour des activités de notre entreprise», précise M. Ouarets. En ce sens, l’équipementier en câbles Catel a lancé une chaîne de fabrication de fibre optique et a soumissionné à un appel d’offres de l’opérateur pour la fabrication d’un câble d’une longueur de 1 000 km. «Certes, une directive du gouvernement nous donne les prérogatives pour avantager les entreprises algériennes. Cependant, nous ne faisons plus de gré à gré, AT se défend sur un marché des télécoms très ouvert», rétorque M. Ouarets. Sur le marché de l’international, Algérie Télécom a réalisé 4,86 milliards de dinars de chiffre d’affaires, avec une balance exponentielle depuis 2003 qui plafonne à 3,17 milliards de dinars. Le marché de l’interconnexion est stratégique pour l’opérateur ; 3 000 liens avec les opérateurs et près de 22 000 liens loués. «Pour l’année 2005, ce marché a été estimé à 4 milliards de dinars et d’après les prévisions, il atteindra cette année 60 milliards de dinars», signale-t-il. Les liaisons en croissance concernent les circuits cuivrés et les liaisons louées. Deux liaisons internationales à partir d’Alger et d’Oran relient l’Algérie à la France (Marseille), avec une dérivation sur l’Italie (Palerme), et un troisième lien joint l’Espagne. En projet, le cordon Oran-Marseille et le câble sous-marin Alger-Abuja, long de 4 600 km et un feston maritime entre Annaba et Oran en passant par Skikda, Béjaïa, Alger et Ténès.
D’autre part, selon un benchmark pour l’année 2005, la Tunisie et l’Algérie avaient pratiquement la même télédensité globale avec respectivement 51 et 50%, loin devant le Maroc (42%) et enfin l’Egypte avec 31% seulement. Au premier trimestre 2006, la densité téléphonique globale de AT (fixe + mobile) est de 55,3%, avec un nombre d’abonnés au fixe de 3 200 000, dont 223 422 en WLL et CDMA, et 6 050 000 au mobile pour sa filiale Mobilis (ATM), le tout pour un parc téléphonique en équipement d’abonnés fixes de 3 970 000 unités. M. Ouarets ne mâchait point ses mots en déclarant que «la volonté d’Algérie Télécom était de stimuler la croissance du mobile» et que «l’opérateur téléphonique visait, tout simplement, les 25 millions d’abonnés au mobile, 6,7 millions au fixe, 4 000 clients au poste IP, 10 000 liaisons VPN, pour un investissement global de 204 milliards de dinars [2,5 milliards de dollars américains] au terme de 2009».
Les kiosques multiservices (KMS), dont le chiffre d’affaires pour l’année écoulée était de 12 milliards de dinars, ont vu leurs charges baisser de 40%. Actuellement, AT dispense 182 547 lignes téléphoniques pour les 44 000 KMS qui ont pignon sur rue. Pour la plate-forme Internet, 200 000 accès sont dispatchés sur le provider Djaweb, qui dispose de la moitié des accès, Fawri et le dernier venu EasyADSL se partageant l’autre moitié. En outre, 5 224 cybercafés sont connectés au réseau d’Algérie Télécom, 11 148 établissements scolaires reliés sur 21 233 et 3 023 bureaux de poste informatisés sur un ensemble de 3 230. De ce fait, l’entreprise des télécoms apporte sa contribution au programme OusraTic en améliorant la qualité de son réseau Internet et en rendant plus disponible l’accès au haut débit. D’ailleurs, 6 000 PC ont été mis à la disposition du personnel de l’entreprise. Point d’orgue de cette conférence de presse, les nouvelles offres tarifaires de AT, en baisse. Les réductions les plus significatives concernent les communications téléphoniques. Des remises de 20% sur le réseau international vers les postes fixes (15 DA/min vers l’Europe) et de 16% sur les communications interurbaines (5 DA/min). «Les coûts des communications sont abordables. La concurrence est féroce et nous n’avons pas les moyens d’interfacer plus dans les tarifs», signale le PDG de AT. De même, les tarifs de la bande passante internationale passent de 120 000 à 80 000 DA/Mbits et moins 10% sur liaisons louées par les opérateurs.
Ainsi, l’entreprise cherche à capitaliser sa notoriété non seulement sur sa rigueur budgétaire mais aussi mise sur la primeur des technologies (RMS, WLL-CDMA, Wi-Fi-WiMax, Xdsl, EvDo…), sur les partenariats techniques, commerciaux et de services et les filialisations (celle de Djaweb est en cours). Il s’attelle d’ailleurs à avoir un système d’information (SI) performant qui est un gage de «la qualité de réactivité d’une entreprise aux attaques de la concurrence dans l’économie de marché», comme l’avait rappelé Brahim Ouarets lors du Séminaire international de février dernier consacré aux SI. Il intègre les dernières innovations en matière de programmes de gestion et de formation ; IDT (évolution vers 5.4), HR Access, Oracle Finance, Subex, Intec, etc.
Autre chapitre attendu et non des moindres, l’avenir d’Algérie Télécom. Si le résultat de l’ouverture du capital de Tunisia Télécom a constitué «l’affaire du siècle» en Tunisie, avec un dividende de 1,8 milliard de dollars, pour reprendre les propos de M. Ouarets, il n’en est pas moins sûr qu’Algérie Télécom attise les convoitises, au regard de l’envergure de l’entreprise et de la taille du marché national des télécoms. «L’ouverture du capital permettra d’insuffler plus d’argent et du transfert de savoir-faire. La fixation du taux donnera lieu à une participation ou une privatisation. Pour le moment, l’actionnaire unique est l’Etat !», indique M. Ouarets avec une certaine réserve. Il ajoute : «Depuis 2004, nous avons stoppé tous les appels concernant des financements externes. Algérie Télécom peut se développer sur ses fonds propres et nous confortons l’emprunt obligataire, en chantier, de 40 milliards. La concurrence est rude dans les réseaux internationaux. Notre ambition est de faire partie des premiers opérateurs d’Afrique.»
L’augmentation du capital social, voilà quelques jours, à hauteur de 48%, avec une valeur de 50 milliards de dinars, permet de préparer l’opérateur public à l’ouverture de son capital. Un capital social qui représente un total de 10 millions d’actions au prix de 5 000 dinars l’unité. «L’introduction en Bourse d’Algérie Télécom se fera lors d’une seconde phase, après celle de l’ouverture du capital. L’investisseur prenant part à ce capital décidera de la stratégie à adopter et sur quel marché boursier cela se fera-t-il», précise M. Ouarets.
La coopération technique avec le Maroc et la Tunisie a été, à la fin, mise en avant, qualifiée d’«échange de comptes entre les opérateurs». Parmi les travaux aboutis, l’élargissement des bandes passantes Alger-Maghnia-Oujda (2,5 Go) et Alger-La Calle-Tabarka (622 Mo).