– IT Mag : Décrivez-nous brièvement le Cyberparc d’Alger?
M. Sid Ahmed Kerkouche :Le cyberparc est un pôle technologique de deuxième génération. Je m’explique : au départ, quand on nous a demandé de réaliser ce technopôle, nous avions commencé bien sûr par faire une étude de préfaisabilité, puis nous avions lancé une sollicitation à manifestation d’intérêt pour élaborer une étude de faisabilité plus complète. Et, par la force des choses, nous avons beaucoup appris, notamment que les cyberparcs de première génération étaient confinés dans une zone géographique limitée en espace où l’on offre des services communs aux entreprises. En revanche, pour ce qui est des parcs technologiques de deuxième génération, leur zone géographique est plus grande et c’est ce que nous appelons les technopôles thématiques ; ils peuvent avoir pour thème les TIC, l’automobile, la médecine, etc., et sont répandus de part le monde. Puis il y a les technoparcs de troisième génération, qui sont des technopôles virtuels où, en fait, nous revenons au concept de villes phares qui existaient déjà dans le temps ancien, comme Rome, qui offraient des services, attiraient des talents?
– Comment doit fonctionner ou plutôt se construire une telle ville ?
Le secret, c’est que ces villes, ces régions, se construisent grâce à la consolidation de masses critiques. Donc la première masse critique, c’est la masse critique de talents. De jeunes talents qui innovent et qui suscitent les besoins de demain. La deuxième masse critique, c’est celle des capitaux, singulièrement la culture du capital risque. C’est également ce qu’on appelle les « Business Angels », les anges du business qui, si jamais il y a un porteur de projet, ils sont là pour le financer. Troisièmement, il y a la masse critique des réseaux. Ce sont des réseaux de télécommunications performants, avec de la large bande, de la vitesse, représentant une caractéristique importante des technopôles virtuels où tous les acteurs impliqués sont reliés entre eux par des réseaux performants, recourant aux technologies les plus pointues, notamment le VADSL, la fibre optique, le Wi-Fi, le Wimax? (technologies dont sera équipé le Cyberparc d’Alger, NDLR). Enfin, la quatrième masse critique, c’est l’information, la production de contenus, programmes informatiques, logiciels, etc. Voilà donc les quatre masses critiques qu’il faut consolider et conjuguer l’un à l’autre.
– Pourquoi la ville de Sidi Abdellah ?
Nous avons choisi d’installer le cyberparc dans cette région simplement parce que la création de la nouvelle ville de Sidi Abdellah a été une opportunité pour nous afin d’en faire plus tard un technopôle virtuel. C’est ce qui a principalement motivé notre choix qui s’était porté sur ce site.
Quels sont les objectifs du cyberparc ?…
Le cyberparc comprend des objectifs spécifiquement sectoriels et d’autres de développement économique. Donc pour ce qui est des objectifs spécifiques au cyberparc, il s’agit de créer un espace d’accueil dynamique pour les entreprises des TIC qui disposeront d’infrastructures high-tech et de bureaux intelligents et ce, à des prix abordables, de créer aussi un laboratoire pour faciliter l’innovation à travers des partenaires stratégiques et des incubateurs ; et de créer une zone bénéficiant d’incitations (à travers un régime fiscal dérogatoire par exemple au lieu du régime général) à même d’attirer les investisseurs étrangers et de faciliter les transferts technologiques. Quant aux objectifs relatifs à toute la grappe TIC, il est question, entre autres, de créer un cyberparc qui servira de plaque tournante active pour les activités TIC de la région d’Alger et du pays dans son ensemble, d’offrir un soutien et des services de haute qualité aux entreprises TIC publiques et privées, d’accroître le taux de création et d’essaimage d’entreprises orientées TIC ; de développer un fort secteur TIC exportateur. Maintenant, en ce qui concerne les objectifs de développement économique général, c’est de développer l’emploi dans le secteur TIC, d’accroître l’investissement du secteur privé, de stopper la fuite des cerveaux en offrant aux jeunes diplômés des emplois et une aide à la multiplication des opportunités de création d’entreprises, de diversifier les sources de revenus en suscitant un fort secteur d’activité basé sur le savoir, d’améliorer la compétitivité de l’Algérie et de toutes ses activités économiques grâce au progrès technologique?
et ses enjeux ?
Les enjeux sont importants et la réussite de cette initiative est impérative. Le premier enjeu est que le technopôle réussisse en tant que projet immobilier, en attirant un ensemble diversifié d’occupants. Pour le deuxième enjeu, il est question qu’il réussisse à accélérer l’attraction des investissements dans le secteur des TIC et à favoriser l’expansion des sociétés existantes et l’apparition de nouvelles entreprises locales. Enfin, le troisième enjeu consiste à augmenter la capacité d’innovation dans le domaine des TIC afin de parvenir à produire, voire à commercialiser de nouveaux services aux entreprises, aux institutions et aux citoyens.
– Parlez-nous de l’état d’avancement des chantiers du cyberparc de Sidi Abdellah ?
Après l’élaboration d’un plan d’aménagement en 2003 sur les terrains acquis, dont le résultat avait été intégré par les experts coréens dans leur Master Plan de la nouvelle ville de Sidi Abdellah, nous avons lancé en 2004 des appels d’offres pour les études architecturales et autres. Donc, jusqu’à présent, le bureau espagnol Pérez Guerras avait été retenu pour l’étude de l’agence du parc, de l’hôtel et de l’auditorium et dont les travaux de terrassement avaient été achevés en mai 2004 par l’entreprise algérienne Ghouizi. La construction du siège de l’agence est prise en charge par le groupement allemand Zander, à travers sa branche du Liban, et sera livré fin janvier début février. Pour l’auditorium et l’hôtel, c’est le chinois CSEC qui s’en occupe et nous le livrera en décembre 2006. Et pour ce qui est de la voirie et des VRD de ces trois bâtiments, c’est l’entreprise algérienne BETG qui en a fait l’étude, en collaboration avec le cabinet indien TCIL.
– Et pour ce qui reste ?
Là tout dernièrement, plus précisément en septembre 2005, la construction de l’immeuble multi-locataires a été confiée à l’entreprise turque Kontek, après que l’allemand Zander eut été sélectionné pour son étude. Elle doit nous le livrer en mars 2007 de même que pour l’incubateur, dont l’étude a été élaborée par un bureau indien (TCIL) et la construction confiée à Kontek, l’entreprise turque. Nous devrions notifier le marché avec elle en février 2006 puis le réceptionner en avril 2007. Aussi, Atlas, un groupement algéro-turc, est l’attributaire provisoire pour l’édification du CERTIC et qui devrait le réaliser au bout de 15 mois. Autrement, pour le cyberbureau de poste, les offres ont été reçues et sont actuellement en cours d’analyse ; pour la construction du complexe des télécommunications, l’appel d’offres avait été lancé le 1er décembre et l’échéance limite pour le dépôt des offres est le 15 janvier 2006 ; et enfin les cahiers des charges pour la construction des bâtiments administratifs et la réalisations des voieries sont en cours de validation.
– D’autres technopôles sont-ils prévus ?
Oui. Pourquoi pas un cyberparc à Oran, à Constantine, etc. C’est proposé mais nous avons un projet pilote ici qui doit réussir et dont il faudra optimiser les taux d’occupation. C’est le premier cyberparc en Algérie et il faut l’engagement de tout le monde, des opérateurs télécoms, des éditeurs, des entreprises de TIC, etc.