par Les organisations syndicales arabes, en partenariat avec l’UGTA, se réunissent à Alger pour évaluer et anticiper les bouleversements induits par l’Intelligence Artificielle. L’enjeu est de transformer l’IA d’une menace potentielle pour l’emploi en un levier d’un développement socio-économique équilibré.
Une conférence internationale de haute importance sur le thème de l’« Autonomisation des syndicats arabes face à l’impact de l’Intelligence artificielle (IA) sur le marché du travail » a débuté à Alger. Organisée par la Confédération arabe des syndicats (ATUC) en coordination avec l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), cette rencontre réunit des représentants d’organisations syndicales régionales, de la Confédération Syndicale Internationale (CSI), de la Fondation Friedrich-Ebert, ainsi que des experts en numérisation et en IA.
L’objectif principal est de renforcer les mécanismes de contact et l’échange d’expériences entre les acteurs du monde du travail du monde arabe, face à la vitesse exponentielle de la transformation numérique.
L’urgence de la posture proactive face à l’automatisation
Dans son allocution d’ouverture, le Secrétaire Général de l’UGTA, Amar Takdjout, a tiré la sonnette d’alarme concernant les bouleversements socio-économiques imminents. Il a souligné que, si la numérisation et l’IA sont des moteurs de création de nouveaux métiers, elles risquent également d’entraîner la disparition de nombreux emplois par l’automatisation et l’obsolescence des compétences .
M. Takdjout a insisté sur l’urgence de préserver les acquis des travailleurs. Il a plaidé pour un changement de paradigme au sein des syndicats, appelant à dépasser le rôle strictement revendicatif pour devenir des acteurs du développement économique et social. Cette approche proactive est jugée indispensable pour anticiper les mutations rapides du marché.
« Les organisations syndicales doivent dépasser leur rôle classique de défense des droits des travailleurs, et ce, pour devenir de véritables acteurs du développement économique et social. » – Amar Takdjout, Secrétaire Général de l’UGTA.
Stratégies et Mécanismes de Protection
Afin de concrétiser cette transition juste et équilibrée, l’UGTA s’est engagée dans des actions concrètes comme l’identification des métiers menacés. L’UGTA œuvre à l’élaboration d’une liste nationale des professions susceptibles d’être affectées par l’IA. Cette cartographie est cruciale pour cibler les interventions de protection et de requalification professionnelle.
Il est impératif de mettre en place des mécanismes de reconversion et de formation professionnelle en faveur des salariés exposés. L’objectif est que la technologie soit un levier de création d’emplois et non une source de chômage.
Et enfin, M. Takdjout a également appelé les organisations syndicales elles-mêmes à se moderniser, à entrer dans l’ère numérique et à renforcer leurs capacités de gestion interne pour accompagner efficacement la transformation du marché.
Impacts sectoriels et vision internationale
La conférence prévoit plusieurs panels de discussions approfondies, couvrant notamment l’impact de l’IA sur les économies arabes, les défis spécifiques dans la presse et les médias, et l’analyse des expériences internationales concernant l’organisation des travailleurs des plateformes numériques (gig economy).
L’expert international en IA, Abdelrahmane Haka, a d’ailleurs mis en évidence que les secteurs de l’éducation, de la santé et de la presse seront parmi les plus fortement transformés par l’IA. Il a appelé à une stratégie d’accompagnement progressive pour préserver les emplois tout en développant les nouvelles compétences requises.
Cette conférence d’Alger, saluée par la secrétaire exécutive de l’ATUC, Hind Benammar, pour le « bond qualitatif » réalisé par l’Algérie, vise un diagnostic précis et une anticipation stratégique, afin que l’Intelligence Artificielle soit intégrée comme une opportunité pour la main-d’œuvre arabe, et non comme une menace systémique.
