24 octobre 2025

Nvidia fustige les restrictions américaines <br> Un frein au leadership technologique

Un marché chinois perdu
Le constat de Jensen Huang est amer. En seulement quatre ans, la part de marché de Nvidia en Chine sur les puces d’intelligence artificielle aurait chuté de manière spectaculaire, passant de 95% à seulement 50%. Un recul vertigineux qui, selon le PDG, est directement imputable aux régulations américaines. Ces « contrôles aux exportations », conçus pour limiter l’accès de la Chine aux technologies de pointe, notamment pour les applications militaires et l’IA, auraient eu un effet pervers. Ils ont incité les entreprises chinoises à développer leurs propres alternatives.

La puce H20 : Symbole d’un échec ?
L’un des points de discorde majeurs est l’interdiction des puces H20 de Nvidia. Ces semi-conducteurs avaient pourtant été spécifiquement conçus pour le marché chinois, avec une puissance réduite afin de se conformer aux seuils fixés par Washington. Malgré ces adaptations, l’administration américaine, y compris sous l’impulsion de l’administration Biden et confirmée par l’administration Trump, a banni leur vente. Une décision qui, selon Nvidia, a entraîné une perte sèche estimée à 5,5 milliards de dollars pour l’entreprise. « Nous ne lancerons pas un autre produit spécifique au marché chinois », a affirmé Jensen Huang, marquant une rupture claire dans la stratégie de l’entreprise.

Huawei et les « champions nationaux »
Le vide laissé par Nvidia est rapidement comblé. Des géants chinois comme Huawei, initialement connu pour ses équipements de télécommunications, s’imposent désormais comme de sérieux concurrents dans le domaine des puces IA. « Notre concurrence est intense en Chine », a reconnu Huang, soulignant que « les entreprises locales sont très déterminées, les contrôles à l’exportation leur ont donné l’impulsion nécessaire, et le soutien du gouvernement a accéléré leur développement ». C’est une aubaine pour Pékin qui, depuis le début des restrictions en octobre 2022, encourage activement ses entreprises à privilégier les puces « fabriquées en Chine » et investit massivement dans ses propres « champions nationaux ».

Au-delà des pertes financières pour Nvidia, Jensen Huang s’interroge sur l’impact à long terme de cette politique sur le leadership technologique américain. Il a vivement critiqué les restrictions de l’administration américaine, arguant que limiter la diffusion de la technologie américaine nuit à son influence globale. « Si les États-Unis veulent rester en tête, nous devons maximiser et accélérer notre diffusion, et non la limiter », a-t-il déclaré, ajoutant que les chercheurs chinois, s’ils n’ont pas accès aux puces Nvidia, utiliseront inévitablement leurs propres créations.

Un leadership américain menacé ?
Cette vision est partagée par d’autres acteurs majeurs de l’industrie, comme Microsoft, qui a également exprimé ses inquiétudes. L’entreprise redoute que ces restrictions ne poussent les « alliés et amis » des États-Unis, y compris des pays européens, à se tourner vers des alternatives chinoises, sapant ainsi la position américaine.

Alors que l’administration Trump a évoqué la possibilité d’annuler certaines de ces restrictions, l’incertitude plane sur l’avenir de la politique américaine en matière de semi-conducteurs. Une chose est sûre : le débat est loin d’être clos et ses conséquences pourraient bien redessiner la carte de la puissance technologique mondiale.

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