L’Algérie est une terre gorgée d’histoire, un véritable écrin pour des trésors inestimables. Des cités antiques dont les pierres résonnent encore des échos du passé, des manuscrits séculaires renfermant des savoirs précieux et parfois oubliés, des objets d’art d’une finesse incroyable, témoins d’un artisanat transmis de génération en génération… Tout cet héritage culturel national, cette mémoire vivante qui tisse notre identité et notre fierté, représente un bien inestimable qu’il est de notre devoir de protéger, de comprendre en profondeur et de léguer intact aux générations futures.

Justement, à l’occasion du Mois du patrimoine – ce moment privilégié, souvent en mai, où l’Algérie met à l’honneur la richesse et la diversité de son héritage pour le sensibiliser le grand public – des passionnés et des gardiens de cette mémoire, des experts en conservation muséale, ceux dont le métier est de prendre soin des œuvres et objets dans nos musées et sites historiques, se sont réunis dans des lieux emblématiques comme Alger, l’historique Ghardaïa et la poétique Bou Saâda.
Leur objectif ? Penser l’avenir de la conservation à l’ère du numérique, et explorer comment une technologie fascinante, l’intelligence artificielle (IA), pourrait devenir une alliée précieuse. L’IA, pour faire simple, ce sont des programmes informatiques capables d’apprendre, d’analyser des données complexes et d’effectuer des tâches qui demanderaient normalement l’intelligence humaine, et ce, à une vitesse fulgurante.
Ces rencontres ont agi comme un véritable brainstorming, un échange d’idées intense, pour identifier comment l’intelligence artificielle pourrait concrètement aider à sauver, valoriser et transmettre notre riche héritage algérien.
Concrètement, l’IA peut nous aider à repérer les moindres signes de dégradation sur une œuvre, même ceux invisibles à l’œil nu, et même anticiper les dangers en prédisant quand et comment une pièce pourrait se détériorer en analysant divers facteurs. Elle offre aussi la possibilité de « réparer » nos trésors sans y toucher physiquement grâce à la modélisation virtuelle en 3D qui crée des copies numériques parfaites, et à la restauration virtuelle pour expérimenter des interventions délicates dans un environnement sûr.
Face à l’immense volume d’informations concernant nos collections, l’IA devient essentielle pour gérer ce déluge de données, les organiser et les rendre accessibles. Pour faire revivre l’histoire et la rendre palpable, l’IA peut enrichir des expériences immersives en réalité virtuelle ou augmentée, offrant des voyages fascinants dans le passé ou des visites virtuelles de sites complexes, rendant ainsi notre patrimoine plus engageant pour tous.
De plus, pour percer les secrets des vieux écrits souvent difficiles à lire en raison de leur état ou de leur calligraphie, l’IA, notamment via des techniques comme l’OCR pour lire le texte et le NLP pour en comprendre le sens, représente une aide précieuse pour le déchiffrage automatisé de manuscrits.
Enfin, pour garder un œil sur nos collections physiques, des technologies comme le LiDAR pour la numérisation précise et la RFID pour le suivi peuvent être utilisées avec l’aide de l’IA pour mieux documenter et localiser chaque élément.
Bien sûr, l’intégration de ces outils ne se fait pas en un jour. Les experts ont souligné l’importance cruciale de former les professionnels algériens à ces nouvelles compétences et de créer des bases de données interactives et partagées pour que toutes ces informations puissent dialoguer et être exploitées au mieux. Mais l’élan est là ! Des projets concrets sont déjà envisagés, comme cette passionnante idée d’un musée virtuel basé sur l’IA à Bou Saâda, qui pourrait offrir une expérience de visite totalement inédite, bien au-delà d’une simple galerie d’images.
Au fond, l’objectif commun de tous ces efforts est clair qui est de moderniser la manière dont nous prenons soin de notre patrimoine pour assurer sa meilleure protection possible face aux défis du temps et de l’environnement, mais aussi pour le rendre plus vivant, plus accessible et plus compréhensible pour nous tous.
Car en protégeant et en valorisant notre patrimoine, nous ne faisons pas que conserver de vieilles pierres ou des parchemins ; nous sauvegardons les fragments de notre histoire, les racines profondes qui fondent notre identité nationale. Ces rencontres montrent que l’Algérie est prête à embrasser les technologies de pointe pour honorer son passé et le projeter dans l’avenir.