Les PDG de Tesla, Meta, Google et d’autres géants technologiques se réunissent pour discuter de la régulation de l’intelligence artificielle au Sénat américain. « L’intelligence artificielle, une priorité mondiale », avertissent les dirigeants de la Silicon Valley. Mercredi à Washington, une réunion à huis clos au Sénat a rassemblé les figures les plus éminentes de la Silicon Valley, dont les dirigeants de Tesla, SpaceX, Meta (anciennement Facebook), Google, Microsoft, IBM, Nvidia et OpenAI (ChatGPT). La somme des fortunes de ces participants s’élevait à plus de 550 milliards de dollars.
Les PDG de ces entreprises technologiques de renom ont fait une exception à leur style habituel en portant des costumes et des cravates au lieu de leurs tenues décontractées. Ils ont partagé une même table pendant trois heures à l’invitation du chef de la majorité démocrate du Sénat, Chuck Schumer, et se sont exprimés sur la régulation gouvernementale de l’intelligence artificielle (IA) devant environ soixante élus.
Chuck Schumer a souligné dès le début de la réunion l’ampleur de la tâche qui les attendait : « Nous entamons une tâche énorme, complexe et vitale. Jeter les bases d’une politique bipartisane en matière d’intelligence artificielle que le Congrès pourra adopter… Ce sera une entreprise des plus difficiles, parce que l’IA est si complexe, qu’elle aura un impact sur presque tous les domaines de la vie et qu’elle évolue sans cesse… Le Congrès ne peut pas le faire seul. […] nous avons besoin de votre avis. Nous avons bien sûr besoin de l’aide des développeurs et des experts qui construisent les systèmes d’IA. Mais nous avons également besoin de l’aide de ceux qui posent des questions difficiles, qui se soucient de développer des garanties pour minimiser les risques liés à l’IA. »
Chaque participant disposait de trois minutes pour s’exprimer sur le sujet de son choix, suivi de discussions en groupe. Selon ce qui a filtré de la réunion à huis clos, les principaux dirigeants de l’industrie ont tous vaguement approuvé l’idée d’une réglementation gouvernementale en matière d’intelligence artificielle, mais sans pour autant s’accorder sur la forme que cette réglementation devrait prendre.
Cependant, même si les sénateurs des deux partis conviennent de la nécessité de légiférer, il n’y a pas de consensus sur la marche à suivre. Certains s’inquiètent davantage de la surréglementation de l’industrie, tandis que d’autres sont plus préoccupés par les risques potentiels liés à cette nouvelle technologie. De nombreux républicains hésitent à suivre l’exemple de l’Union européenne, qui est sur le point d’adopter cette année le premier ensemble de règles globales pour l’intelligence artificielle, les classant en quatre niveaux de risque, de minime à inacceptable.
Certains participants, dont Elon Musk, Eric Schmidt et Sam Altman, le créateur de ChatGPT, ont exprimé des inquiétudes de plus long terme, évoquant la possibilité que l’humanité perde le contrôle au profit de systèmes d’IA avancés si les mesures de protection adéquates ne sont pas mises en place. « Il existe un risque, supérieur à zéro, que l’intelligence artificielle nous tue tous, a prévenu Elon Musk, les conséquences d’une erreur d’analyse seront graves. » Elon Musk a aussi laissé entendre qu’il était probable qu’une agence de régulation soit créée.
Depuis l’apparition d’internet et l’essor des réseaux sociaux, le Congrès américain a eu traditionnellement du mal à réglementer ces nouvelles technologies. Le manque d’expertise oblige les élus à s’en remettre aux sociétés géantes qui les exploitent pour leur demander conseil sur leur propre régulation. Ces entreprises peuvent ainsi influencer directement les législateurs, tout en prétendant résoudre les problèmes qu’elles suscitent.