8 décembre 2023

Toshiba
Vers une privatisation menée par des investisseurs japonais après un vote favorable du conseil d’administration

Le conseil d’administration de Toshiba a finalement donné son accord pour un rachat de 2 000 milliards de yens (15,3 milliards de dollars) par Japan Industrial Partners (JIP), ce qui pourrait conduire l’entreprise industrielle en difficulté vers une privatisation.

President of Toshiba, Hisao Tanaka (C), chairman Masashi Muromachi (L) and corporate executive vice president Keizo Maeda (R) bow at the beginning of a press conference at the company’s headquarters in Tokyo on July 21, 2015. Toshiba president Hisao Tanaka and his predecessor Norio Sasaki quit the company on July 21 as one of Japan’s best-known firms was hammered by a 1.2 billion USD accounting scandal blamed on management’s overzealous pursuit of profit. AFP PHOTO / KAZUHIRO NOGI

L’offre publique d’achat de 4 620 yens par action nécessite que les investisseurs offrent au moins les deux tiers des actions en circulation pour réussir. La blue chips japonaise sera ensuite retirée de la cote de la Bourse de Tokyo.
La privatisation rassure le gouvernement japonais, car elle évite un rachat étranger, étant donné la sensibilité de nombreuses activités de Toshiba, notamment dans le nucléaire et la défense. Le rachat sera financé par des prêts de grandes banques commerciales japonaises et des investissements promis par une vingtaine d’entreprises nippones, parmi lesquelles la société de services financiers Orix, le fabricant de puces Rohm et le constructeur automobile Suzuki. Ensemble, ils mobiliseront près de 1000 milliards de yens (7 milliards d’euros) pour racheter la société, dont ils sont pour la plupart clients ou fournisseurs.
Le rachat de Toshiba par JIP met fin à des mois de suspense. Les dirigeants du groupe se sont résignés en avril 2022, face aux difficultés de l’entreprise, à prendre cette direction sous la pression des nombreux actionnaires activistes du groupe qui souhaitent maximiser la valeur du conglomérat japonais. Cependant, cette décision pourrait entraîner une série de changements pour Toshiba, qui deviendra une entreprise privée et sera soumise à une nouvelle direction.

Perte de réputation, cessions, scandales : Toshiba en difficulté depuis huit ans
Depuis près d’une décennie, Toshiba est en proie à de nombreux problèmes qui ont miné sa réputation de marque phare de l’industrie japonaise. Tout a commencé en 2015 avec le scandale comptable qui a révélé que le groupe avait surévalué ses comptes de plus d’un milliard d’euros. Une perte nette de 3,8 milliards d’euros a suivi pour l’exercice 2015-2016. L’année suivante, la faillite de sa filiale américaine Westinghouse a aggravé la situation.
Face à ces difficultés, le conglomérat a été contraint de se retirer de plusieurs de ses activités, telles que les puces mémoire, la construction nucléaire à l’étranger ou encore l’équipement médical, vendu à Canon. Les téléviseurs, l’électroménager et même les ordinateurs portables ont également été abandonnés en 2020.
En 2021, Toshiba a de nouveau défrayé la chronique après avoir été accusé de s’être entendu avec le gouvernement pour influencer le vote des investisseurs lors d’une réunion annuelle des actionnaires. Au début de l’année 2022, pressé par ses actionnaires, le groupe a annoncé un projet de scission en deux entités, mais celui-ci a été rejeté en mars par les actionnaires. En avril de la même année, Toshiba a finalement décidé d’étudier les offres de rachat qui se présenteraient. C’est finalement l’offre de rachat de 2 000 milliards de yens (15,3 milliards de dollars) menée par Japan Industrial Partners (JIP) qui a été validée, marquant ainsi la fin d’un suspense qui aura duré un an.

Qui est Toshiba?
Toshiba est un conglomérat industriel japonais fondé en 1939 et dont le siège social se trouve à Tokyo. Le groupe est présent dans de nombreux secteurs d’activité, tels que l’électronique grand public, l’informatique, les équipements électriques et électroniques, les semi-conducteurs, l’énergie, la construction navale, l’infrastructure et les services publics. Toutefois, ces dernières années, Toshiba a connu de nombreux défis, notamment un scandale comptable, des pertes financières importantes, la faillite de son unité nucléaire américaine Westinghouse et des cessions d’activités pour se recentrer sur ses domaines clés.
Selon le site officiel de Toshiba, le groupe possède plus de 65 000 brevets à travers le monde dans des domaines tels que les semi-conducteurs, les appareils électroniques, l’énergie, la santé, les infrastructures, les solutions numériques, les technologies de l’information et de la communication, entre autres.

Qui est JIP?
JIP (Japan Industrial Partners) est un fonds d’investissement japonais spécialisé dans le sauvetage d’entreprises en difficulté. Le fonds a été créé en 2002 et a depuis sauvé plusieurs entreprises, notamment Sanyo Electric et NEC Electronics. JIP est dirigé par le fondateur Kazumasa Tsunemi, ancien dirigeant de Sony Corp. et de Sunrise Telecom.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *