26 mars 2025

GeekWeek: A quand une «e-Madina»?

L’Algérie Alger deviendra-t-elle un jour une ville intelligente ? J’ai posé cette question naïvement à un entrepreneur installé à Sidi Abdellah qui me répond par un sourire qui en dit long sur sa pensée profonde à ce sujet. «Il y a encore un bon bout de chemin à parcourir pour y arriver. Sous d’autres cieux, ce n’est plus un rêve futuriste. L’impact du numérique dans le développement urbain est désormais une réalité. Le numérique n’est plus subi mais maîtrisé». Mais pourquoi ne pas rêver un instant que nos villes mutent vers ce modèle qui n’est plus juste un plan à réaliser mais une situation vécue. Après tout, tout a commencé par un rêve (Martin Luther King pour lutter contre la ségrégation) ou par une fiction (Voyage au centre de la terre de Jules Verne). Le rêve de villes entièrement connectées s’est concrétisé en 2003 en Corée du Sud, avec le projet U-Korea, s’appuyant sur le concept d’ubiquitous computing (informatique omniprésente). Mais ce n’est qu’en 2005 que le terme de smartcity a fait son apparition, utilisé par le président Bill Clinton à l’occasion d’un défi lancé par sa fondation au géant des routeurs, Cisco.
Cependant au-delà des débats, il faut savoir que le digital n’est pas une fin en soi, la question selon les visionnaires est plutôt de savoir en quoi il va aider les villes à se transformer et se développer. Pour devenir ‘intelligentes’, les villes actuelles devront développer de nouveaux services performants dans tous les domaines. Il s’agit d’abord de développer le transport et la mobilité, l’Etusa et les trains en Algérie sont-ils prêts à sauter le pas? Il faut ensuite mettre en place des systèmes efficaces de récupération et de valorisation des déchets. Dans ce contexte, la création de l’entreprise NETCOM, chargée du balayage, de la collecte et du transport des déchets ménagers et assimilés est-elle suffisante? Il faut aussi se débarrasser du modèle de l’étalement urbain, coûteux en espace, en équipements publics et en énergie qui primait jusqu’ici. L’introduction des TIC dans la ville ouvre la voie à de nouvelles fonctionnalités, de nouvelles manières de gérer, de gouverner et de vivre la ville qui façonneront les villes de demain. Si les TIC en sont une composante forte, l’avenir de la SmartCity tiendra à la capacité qu’aura la ville à devenir  intelligente en mettant en place de nouvelles formes de gouvernance, en favorisant l’appropriation par les usagers de ces nouveaux dispositifs et en identifiant des modèles  économiques viables qui en soutiendront le développement. On rêve qu’un jour, l’APN ouvre un débat sur ce sujet, que le gouvernement lance et développe une véritable stratégie, loin des effets d’annonce.
En attendant, on attend la concrétisation d’une promesse du premier ministre Sellal qui avait déclaré il y a une année presque jour pour jour lors d’une émission à la télévision algérienne : «On utilisera le fichier biométrique des passeports et les données pour confectionner la carte d’identité nationale et on va l’envoyer à la maison». Un des indicateurs qui permet de dire que le citoyen n’est plus l’otage de l’administration mais que l’administration est au service du citoyen. En parcourant la presse, on est tombé sur une déclaration assez intéressante de Ali Haddad, président du FCE, lors de la dernière tripartite : «Le capital privé national doit et peut également participer à rattraper les retards importants que nous accusons dans des domaines aussi vitaux que ceux des nouvelles technologies de l’information et de la communication, dont la maîtrise et la promotion nous permettront de rejoindre rapidement le cercle des pays engagés dans les technologies du futur, celles de l’économie numérique». Dans son discours, il a appelé à pallier les insuffisances que connaît actuellement le secteur, notamment en ce qui concerne l’accès à internet, l’absence de la production locale de la technologie, plaidant par la même occasion pour le renforcement du soutien accordé aux productions innovantes locales dans ce domaine. Il faut dire que si l’Algérie réussi sa mutation vers l’administration électronique et intègre le numérique dans son économie, elle aura franchi un cap important vers la smartcity. On pourra même lui donner un cachet national en l’appelant  la «E-Madina». La pilule passera mieux dans les milieux conservateurs et tout ce qui ont peur du changement, chatouilleux quand il s’agit de leur identité. En Algérie, il faut impérativement aller vers des réalisations concrètes.

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