29 mars 2024

Farid Bourenani, expert et docteur en ingénierie financière à IT MAg «Le swap d’actifs mobiliers permet à Cevital d’atteindre ses objectifs tout en se retirant d’OTA»

photo (3)Dès qu’il s’agit de management des ressources financières, tous les dirigeants au monde partagent le même objectif : ne pas perdre. Si ce but tourne parfois à l’obsession pour certains, c’est parce qu’ils savent bien que si la technologie et les plans marketing peuvent être plagiés, dès qu’il s’agit de finance et de talent dans le monde financier, le copier/coller n’est plus suffisant.
A bien y regarder, c’est vrai qu’il y a toujours du talent derrière les plus belles réussites : OPA, réseaux de distribution hyper performants, produits révolutionnaires, campagnes de communication fulgurantes, innovations technologiques qui créent la rupture… rien de ce qui est extraordinaire ne semble pouvoir se créer sans talent. Et l’opération OTA-Vimpelcom est une grande opération financière. «Une opération de ce type là ne se fait pas tous les jours», nous avoue Farid Bournani, ex-banquier international, expert en opérations de hauts de bilan et docteur en ingénierie financière que nous avons fait parler. Écoutons-le.
 
IT MAG: Bonjour, vous avez participé depuis le début à la vente d’OTA à Vimpelcom.  En tant que petit actionnaire de l’entité OTA, comment Cevital a réagi et quelles ont été vos demandes ?
Farid Bourenani: Lorsque l’Etat a voulu actionner un droit de préemption hypothétique, Cevital qui fut ignoré par les deux parties a dû se manifester pour défendre ses droits de petits actionnaires, protégés en cela par l’existence d’un pacte d’actionnaires qui lui conférait des droits tangibles.
Ainsi nous avions estimé qu’un mariage à trois, forcé et déséquilibré ne nous satisfaisait pas. Cevital a donc proposé pour rééquilibrer le partenariat de rehausser sa participation et en même temps faire en sorte que la partie algérienne soit bien supérieure à 51% conformément à la loi 2009. Les deux parties nous ont opposé un refus, GTH –Global Telecom Holding, filiale de Vimpelcom-, pour des raisons de consolidation, ne voulait pas descendre  en deçà de 46% et l’Etat souhaitait une «étatisation» de Djezzy à 51%.
De notre côté, vendre simplement nos titres, ne nous intéressait pas non plus car nous n’avions pas, d’une part, de besoin d’encaisser du cash, et d’autre part, nous n’aurions pas forcément été d’accord sur la valorisation qui tient compte d’un nombre de paramètres auxquels nous sommes étrangers.
En tant qu’expert en opérations de hauts de bilan et docteur en ingénierie financière, comment alors avez-vous procédé ?
J’ai proposé de travailler sur une troisième voie, le swap d’actifs mobiliers qui permettent à Cevital d’atteindre un certain nombre de ses objectifs tout en se retirant d’OTA afin de permettre aux deux parties GTH et FNI –Fonds national d’investissement- de faire aboutir leur partenariat.
C’est très exactement le résultat auquel nous sommes arrivés et que vous pouvez lire en toute transparence et en détail dans le press release sur le site web de Vimpelcom.
J’avoue que les négociations entamées le 10 novembre 2012, furent longues et difficiles. Il y avait d’un côté un Etat, de l’autre un géant des télécom qui de surcroît possédait plus de 96% du capital et les uns et les autres avaient une armada de conseillers en tous genres. De notre côté j’ai réuni autour de moi, une petite équipe et nous avions la chance de compter sur l’extrême écoute, confiance et capacité de décision de M. Rebrab.
Maintenant que la signature avec le FNI a été faite, Cevital se désengage d’OTA pour aller à travers un échange d’actifs mobilier de Vimpelcom. Pensez-vous que Cevital a fait le meilleur choix ? 
Sans nul doute. Dans un premier temps, Cevital échange ses titres contre un actif de premier plan aisément et intégralement mobilisable auprès des banques internationales en cas de besoin de financement à l’étranger. Deuxio, Cevital, en cas de succès du devenir d’OTA et je n’en doute pas, aura la faculté de revenir dans le capital d’OTA à partir de la cinquième année 2019 au prix de 2014, soit 178 millions de dollars et enfin, en cas du très improbable non aboutissement de l’opération et conduisant GTH à reprendre la procédure d’arbitrage, Cevital aura la certitude de récupérer une quote-part de 3,43%.

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