21 avril 2025

La 3G n'a pas été lancé le 1er décembre Les raisons d’un report inattendu

terminal01Les Algériens attendaient des feux d’artifices pour célébrer le 1er décembre le lancement de la 3G (troisième génération de téléphonie mobile). Mais après des années d’attente, ils ont eu droit à un coup de tonnerre automnal ! En effet, c’est Zohra Derdouri, ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, qui annonce la mauvaise nouvelle : encore un report ! Dans un entretien à l’APS du 29 novembre, elle affirme : «La téléphonie mobile 3G+ ne pourra pas être lancée le 1er décembre. Elle le pourra une fois que le décret exécutif de délivrance de la licence soit signé et notifié aux trois opérateurs (Mobilis, Ooredoo, ex-Nedjma, et Djezzy)». 
Retenons qu’il s’agit de deux temps : signer et dans un deuxième mouvement notifier. Mais on ne s’est pas s’il est signé ce décret. Là est toute la question. Selon la même source, le gouvernement a donné son accord pour la signature de ce décret qui sera publié au Journal officiel. La notification définitive de la licence n’excédera pas la fin de la semaine prochaine. Lorsqu’elle sera notifiée, l’Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARPT) demandera aux trois opérateurs de soumettre, dans les plus brefs délais, les offres commerciales qu’ils comptent mettre sur le marché. Première remarque, ce n’est pas Mohamed Toufik Bessai, président du Conseil de l’ARPT, qui fait l’annonce mais un membre du gouvernement. C’est le même procédé que lorsque Moussa Benhamadi était aux commandes. Deuxièmement, sur le site de l’ARPT, il n’y a aucune mention de ce report. Bizarre ! Ainsi, le retard du lancement serait dû à la non signature du décret exécutif alors que c’est le gouvernement qui a choisi cette date et qui a même mis la pression sur les opérateurs pour être au rendez-vous. Avec ce type de situation, l’Algérie lance de mauvais signaux aux investisseurs étrangers. Il porte atteinte à son image et à sa crédibilité à l’égard de ses partenaires.
Comment se fait-il que l’Etat n’a pas fait preuve de suffisamment d’anticipation et de recul ? Les trois opérateurs se disent prêts pour ce lancement mais reste suspendus à une décision réglementaire qui vient d’en haut.
Autre handicap : la numérotation. Certains opérateurs auraient préféré garder le même numéro. «Nous avons eu des discussions avec l’ARPT dans ce sens pour faciliter l’accès au consommateur existant, car on n’ouvre pas un nouveau marché, on n’est pas dans un marché de télécommunications vierge où on s’installe pour donner de nouveaux numéros spécifiques pour la 3G», précise Joseph Ged, patron de Ooreddo Nedjma. Les responsables de Djezzy ont préféré s’abstenir de tout commentaire, se contentant de dire : «Nous respectons les décisions des autorités algériennes». Une déclaration pour ne pas fâcher les décideurs surtout après toutes les spéculations qui ont eu lieu au sujet de la question du rachat de Djezzy par l’Etat. Mobilis a également adopté le silence. L’Association des consommateurs algériens estime que « ce n’est pas normal de changer de numéro ». Cette association a toujours milité pour la portabilité et l’itinérance nationale (roaming national). Sera-t-elle entendue un jour ?
Le double ou le triple numéro fera décoller la 3G
Selon les dernières déclarations, l’ARPT a tranché. Une numérotation spéciale sera dédiée, conformément au cadre juridique algérien, à la téléphonie mobile 3G+, dont le lancement est prévu avant la fin du mois de décembre prochain, a indiqué Mohamed Toufik Bessai. Concernant la commercialisation de la 3G, il a expliqué que l’opérateur aura deux choix : proposer une nouvelle puce 3G avec un nouveau numéro, ou échanger la puce 2G avec une nouvelle puce qui fonctionne aussi bien avec l’ancien numéro 2G qu’avec le nouveau numéro 3G. C’est-à-dire qu’il y aura deux numéros différents dans une même puce. Une manière de couper la poire en deux.
Selon lui, le double ou même le triple numéro, est une «pratique sociale» en Algérie, estimant que l’engouement des usagers pour la 3G «ne sera pas tempéré». En effet, certaines études ont constaté qu’il y a un parc d’abonnés inter opérateurs assez important. Un segment de consommateurs, pour des aspects beaucoup plus pratiques et utiles, peut avoir le besoin de posséder un seul téléphone qui enveloppe les deux cartes SIM. Partant de ce principe, le lancement des téléphones à double SIM en Algérie a été un réel succès. La 3G pourra dans ce cas relancer les ventes des terminaux mobile à l’image des smartphones et autres tablettes numériques. Entretemps, il a fait savoir que l’ARPT envisage de travailler avec les opérateurs de téléphonie mobile pour « l’émergence d’une solution consensuelle » permettant une « implémentation » du numéro unique préservant la séparation juridique des licences 2G et 3G.En tout état de cause, Il ne faut pas espérer, dans un premier temps, enregistré un nombre important d’abonnés. Le besoin de la 3G devra être progressive dans le sens où cette nouvelle technologie ne couvrira pas toutes les villes. C’est Derdouri qui fait ces déclarations confirmé par le Président de l’ARPT qui parle d’un «10%» des abonnés.
Force est de reconnaître que notre pays est sur le point de devenir l’un des rares à vivre toutes ces péripéties pour le lancement de la 3G. Ailleurs, la machine a été plus huilée. Les Somaliens, longtemps marqués par les guerres civiles qui ont ravagé le pays, naviguent sur Internet à haut débit sur leurs téléphones portables. Ils accèdent à des applications sans fil, à la voix sur IP, à la vidéo, même à la télévision sur Internet. Presque tous les pays ont réussi l’introduction de cette technologie sans faire trop de bruits. Ne parlons pas des pays développés, mais on fait allusion au Maroc, la Tunisie, l’Arabie Saoudite, l’Afghanistan et le Rwanda. On n’a jamais parlé dans tous ces pays de problèmes techniques ou sécuritaire.
Ce report a été largement commenté par la presse nationale. Le quotidien El Watan dans son édition du 1 décembre titre : «Report de la 3G : des experts désavouent le gouvernement». « Il y a peut-être un autre retard qui pointe : est-ce que la notification suffit ou faut-il attendre la publication du décret dans le Journal officiel ? Ce qui est sûr, c’est que la commercialisation effective de la 3G ne pourra se faire qu’à partir de 2014», estime Abderrafiq Khenifsa, directeur du magazine spécialisé IT Mag.
Trois opérateurs dans la mêlée médiatique et publicitaire
Les spécialistes en télécommunications laisse entendre que cette décision ne semble obéir à aucune logique technique puisque le basculement de la 2G vers la 3G ne nécessite qu’une mise à jour à distance. Encore une interrogation : le lancement d’un aussi important projet en fin d’année est-il réellement le meilleur moyen de lui donner des ailes ? En fin d’années, les gens ont la tête ailleurs et les responsables sont plus préoccupés par les fêtes que par un lancement commercial d’un produit.
Faute de lancement officiel, Mobilis s’est contenté d’organiser des portes ouvertes au niveau de ses agences commerciales, sous le thème «la 3G de Mobilis à votre portée». Cette opération qui a duré trois jours, du 1 au 3 Décembre 2013, a permis aux visiteurs des agences en général et aux clients en particulier de mieux comprendre la fonctionnalité du réseau, de se familiariser avec les différents supports et de tester les services que peut leur offrir une connexion via le réseau 3G de Mobilis. Encore une fois, on est dans la…démonstration ! Rappelons que l’opérateur public de téléphonie mobile avait déjà présenté à l’hôtel Sheraton …. en 2004 le premier réseau expérimental UMTS en Algérie avec le soutien technique de son partenaire chinois Huawei Technologies.
L’UMTS était à l’époque le réseau téléphonique mobile du futur totalement indépendant du GSM et qui fonctionne en mode «paquets». Sa vitesse de transmission atteint 200 fois celle du GSM et 10 fois celle du GPRS. C’était à l’époque de Amar Tou, ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, qui n’est plus dans le gouvernement. Mais il y a une différence entre faire des annonces et lancer une offre commerciale.

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