Quand le fax est tombé avec un départ pour la Chine dans la semaine, je me suis dit «ils ont dû lire dans ma tête car je voulais visiter l’empire du milieu». Et nous voilà parti un lundi 4 novembre 2013, avec un passage par Doha pour la ville chinoise de la technologie: Shenzhen.
Aéroport international d’Alger toujours bondé et les passeports du groupe de journalistes arrivent avec les visa. Nous sommes presque les derniers à faire l’embarquement. Dépôt et pesage des bagages et nous montons dans la salle d’embarquement. Dernier café et dernière cigarette car une hôtesse annonce le départ dans l’immédiat. L’avion décolle à l’heure à destination de Doha et tout le monde est content. 7 heures et demi plus tard, atterrissage à Doha avec un peu de fatigue. Après l’atterrissage, l’avion roulera un bon quart d’heure avant d’arriver à la porte de débarquement. Nous sommes en transit et nous devons reprendre un autre avion vers Hongkong dans moins de 2 heures. Nous recherchons le «Gate» adéquat et on s’assoit sur les bancs en face de la porte d’entrée en attendant. L’autre hémisphère de la terre nous attend; quand quelqu’un nous fait signe de la main en nous disant «Hongkong, Hongkong», cela nous fait oublier la fatigue du trajet même si on sait qu’il va y avoir encore 6 ou heures de vol. Enfin, nous allons vers la Chine.
Les formalités à Hongkong sont vite passées et nous voila dans un grosse voiture en direction de Shenzhen. La route ou plutôt l’autoroute à 4 et 5 voies avec des ponts à n’en plus finir. Et nous voila arrivée à la frontière. Nous donnons nos passeports tout en restant à l’intérieur de la voiture. Le préposé prend les passeports et les regarde un à un avec une vérification visuel de la photo et ensuite ferme sa fenêtre. Nous regardons notre chauffeur et il nous dit que «ne vous inquiétez pas. Il va contrôler vos passeports et vous les remettre». Quelques temps plus tard, la fenêtre s’ouvre et il remet l’ensemble des passeports à notre chauffeur, la barrière se lève et hop, nous sommes en Chine continentale. La Chine nous ouvre ses portes, fidèle à son hospitalité légendaire. Tout le monde est accroché à la fenêtre pour voir, sentir et humer ce pays frère qui a aidé énormément notre révolution. je me souviens qu’après l’indépendance, à chaque rentrée scolaire un bateau chinois arrivait avec des articles scolaires que l’on retrouvaient quelques temps après en vente dans les magasins. Bon bref passons. Moins d’une heure après, nous sommes à Shenzhen.
Shenzhen, qui dépasse aujourd’hui les 15 millions d’habitants, est le croisement de deux villages de pécheurs, Shen et Zhen. Elle dépend de province du Guangdong. En 1979, cette zone acquiert le statut de zone économique spéciale -ZES- et devient l’un des principaux lieux d’expérimentation de la politique d’ouverture aux investissements étrangers. Une sorte de zone de test du capitalisme, ce qui a entrainé l’implantation de nombreuses entreprises high-tech mais pas seulement chinoises mais aussi étrangères. Au fil du temps, Shenzhen est devenu un peu la Silicon Valley chinoise. En effet, c’est là que se trouvent les grandes marques de high-tech qui préparent l’avenir et s’apprêtent à passer à l’attaque. Né à Shenzhen en 1987 et créé par Ren Zhengfei, un ancien cadre de l’armée de libération du peuple, Huawei, numéro deux mondial des infrastructures télécoms, est devenu un mastodonte avec un 34 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2012. Selon le bilan de l’entreprise, le chiffre d’affaires a augmenté de 8% à 220,2 milliards de yuans (35,353 milliards de dollars). Il a progressé de 12,2% en Chine (73,6 milliards de yuans), de 6,1% en EMEA, de 7,2% en Asie-Pacifique, de 4,3% en Amériques. Le bénéfice net progressant de 32% à 15,4 milliards de yuans (2,7 milliards de dollars). Le profit opérationnel se monte à 19,9 milliards de yuans (18,5 en 2011), 3,2 milliards de dollars. Enfin, Huawei a prévu une croissance annuelle composée de 10% sur les 5 prochaines années.
Une plaque « Huawei « indique la sortie d’autoroute. Nous l’a prenons. Nous sommes dans la ville de Huawei. C’est aussi là que ce trouve son siège social. Le siège social s’étale sur un vingtaine de kilomètre carré divisé en bloc de 2.5 kilomètres carrés, le tout relié par un lac artificiel et où est planté plus de 10.000 arbres. Tout les espaces sont agrémentés de pelouses impeccables, de massifs de fleurs et où se trouve pas moins de 60 000 employés dont 80%, nous dit-on, uniquement dans la recherche et développement (R&D). Une sorte de Campus à l’américaine où chaque bâtiment a son propre design et différentes architecture ultramoderne de verre et de béton, portiques blancs façon Nouvelle Angleterre, pavillons chinois copiant l’époque Qing ou la coupole de Washington. Un cadre sophistiqué, destiné aux cols blancs qui forment l’essentiel des salariés du groupe.
Première visite: le showroom.
On rentre dans la ville Huawei et on arrive au bloc showroom, de la taille d’un aéroport, où trône savamment des commutateurs et routeurs pour les opérateurs et pour les entreprises aux smartphones, en passant par les solutions sans fil, de stockage, les serveurs, les BTS de toute taille. L’équipementier chinois Huawei a su construire une véritable offre réseau de bout en bout. Cette maîtrise technologique de la chaîne permet à la firme chinoise d’élargir ses offres au développement de solutions verticales de type cloud computing (privé, public, hybride), de datacenter mais aussi l’e-gouvernance, l’e-santé, l’e-finance, l’e-education… sans oublier les offres alternatives pour la vidéo surveillance, la télévision sur IP, la gestion de l’énergie, et la visioconférence/téléprésence.En plus de cela, on y apprend que Huawei travaille également sur les réseaux mobiles de future génération. Alors qu’en Algérie on commence à peine à découvrir la 3G, ici, on nous parle déjà de 5G. D’ailleurs, Huawei vient d’annoncer qu’il allait investir 600 millions de dollars dans la préparation de cette nouvelle génération de mobile des années futures qui permettra d’atteindre des débits astronomiques allant jusqu’à .. 10 Gigabits par seconde. Le but sera de déployer dès 2020 les premiers réseaux 5G d’autant plus que Huawei estime, selon notre guide, que 100 milliards d’objets connectés seront présents sur le marché en 2020. La recherche, véritable nerf de la guerre absorbe 14% du chiffre d’affaires, nous dit-on.
Deuxième visite : la factory
«nous allons visiter une usine Huawei mais vous ne pouvez ni filmer ni photographier» nous dit Hanane Benhadjoudja, responsable PR de Huawei Algérie. Cette demande à été faite par votre serviteur. On arrive au bloc et tout le monde a un badge. On rentre et là on nous ‘habille’ avec des habits antistatiques de tête aux pieds. Nous traversons un portique électronique grâce aux badge Rfid. Nous sommes à l’intérieur de l’usine. Un guide est mis à notre disposition. Première étape, le stock. Une immense verrière où officie un robot. En effet, il n’y a personne à l’intérieur de l’immense espace d’étagère. Un bras articulé prend les pièces qui lui ont été commandé et les dépose dans un casier qui sera acheminé vers l’extérieur à la fin de la commande. Notre guide nous dit que «il n’y a que le robot qui sait exactement où sont les pièces exactement». On passe à la partie préparation pour le montage en surface. Des postes de travail où de jeunes techniciens coupent et mesure les mètres de pièces électroniques selon les commandes qui s’affichent sur leur écran. En face d’eux, les unités de montage en surface, presque de même type que ceux qui nous avons vu travaillé chez Condor. 4 ou 5 lignes qui remplissent des PCB -Printed Circuit Board, circuit électroniques- et à la fin un banc de test. Cette usine fabrique des cartes électroniques ‘pour presque tout les produits Huawei’ nous dit notre guide. Ce qui est frappant c’est que tout se fait en silence, presque pas de bruit sauf ceux des robots de transport qui roule tout seul au dessus des rails de différentes couleurs.
Troisième visite : le centre de formation
Un autre bloc, cette fois décoré d’une autre manière, moins austère mais c’est une véritable pépinière de chercheurs. C’est un immense centre de formation qui permet de délivrer tout type de formation allant de la formation d’un vendeur pour boutique à la 4G. D’ailleurs dans ce cadre là, nous avons rencontré trois éléments d’Algérie Télécom qui suivaient une formation pour la 4G et la data qui nous disent que «c’est excellent. les professeurs sont bon et on peut tester ce que l’on fait dans des laboratoires équipés pour cela». Et pour éviter tout les problèmes de transport et logistique, derrière le centre de formation se trouve un centre d’hébergement qui est composé de petits appartements pouvant accueillir de deux à trois personnes avec toute les commodités nous dit-on.Ce qui est sur c’est que l’on remarque que ces bataillons de salariés sont très jeunes pour la plupart. «La moyenne d’âge est de 29 ans» nous dit Hanane Benhadjoudja et qu’ils travaillent pour la plupart à créer les produits et les services de demain tout en ajoutant face au mur des brevets que «Huawei est l’un des trois premiers dépositaires de brevets au monde». Véritable machine à innover, l’équipementier chinois ne laisse rien et produit des innovations aussi bien dans les télécoms que dans les stations de téléphonie mobile fonctionnant à l’énergie solaire ou éolienne. Le centre de formation de Shenzhen, ouvert 24h/24 a vu «plus de 3 millions personnes qui sont passés pour ici» nous dit notre hôte en ajoutant que «du personnel d’Algérie télécom mais aussi des cadres de l’Arpt ont été formé dans ce centre». Au niveau du restaurant, plus grand qu’un terrain de football, que l’on se rencontre et que l’on voit de l’internationalisation de Huawei. D’un coup d’œil sur l’immense salle, on voit tout de suite qu’il y a presque tous les pays. Nous avons pu discuter avec un éthiopien qui travaille dans un organisme étatique. Il nous dit que «je fais une formation sur la data depuis une semaine et je terminerais la semaine prochaine». D’un autre côté, un ingénieur télécom mexicain travaillant pour un opérateur du Mexique nous dit qu’il suit une formation sur la 4G et en particulier sur la technologie de transmission Mimo à raison de 6 heures de cours par jours.
Un centre de formation Huawei à Alger
C’était l’occasion pour que notre hôte de nous annoncer l’ouverture prochaine d’un centre de formation à Sidi Abdellah pour la formation de compétence dans les nouveaux métiers et nouvelles technologies de la data tout en précisant que « ce centre permettra la formation du personnel des opérateurs de télécom mais aussi de nouer des partenariats avec les universités et les départements de recherche ». Ce centre de formation, en partenariat avec le MPTIC, offrira des formations de qualité sur beaucoup de spécialisations dans le domaine des TIC comme la sécurité informatique, le switching, le cloud ou la téléprésence… et «selon la demande exprimée» ajoute notre interlocutrice.
Conclusion
A travers cette visite au cœur d’un géant mondial, nous devinons que Huawei, est entrain de changer, veut se mettre au service des entreprises car «les opérateurs télécom sont déjà nos client traditionnels», nous avoue Mme Benhadjoudja. Huawei est entré dans le marché en fabriquant des équipement télécoms mais maintenant, la problématique n’est plus dans la boîte mais dans l’intégration du système des opérateurs de bout en bout. Pour cela, le constructeur chinois développe des solutions logicielles de gestion de contenus numériques car il sait que dans un marché où tout évolue très vite, un retard, ça ne pardonne pas. Et au vu ce que nous avons vu, senti et écouté, le chinois Huawei sera capable de négocier ce virage et de se transformer.