8 septembre 2024

Second Forum arabe de la gouvernance de l’Internet: La technologie au service du dialogue inter-arabe

derdouriLe Forum arabe sur la gouvernance de l’internet est l’un des événements arabes le plus important qui a été initié mors du SMSI de Tunis en 2005 et il est entré en vigueur en 2006. Le premier forum s’est tenu au Koweït et le deuxième s’est tenu à Alger du 1 au 3 octobre dernier. Le Forum arabe sur la gouvernance d’Internet (AIGF) est une édition régionale du Forum international de la gouvernance d’internet (Internet Governance Forum). Le Forum comprenait la participation des gouvernements, des organisations intergouvernementales, des représentants d’entreprises, de la communauté technique, les organisations de la société civile, ainsi que des utilisateurs individuels d’Internet qui s’intéressent aux questions de gouvernance de l’Internet. 
Le Forum arabe sur la gouvernance de l’Internet –seconde version sous le thème « Partenaires pour le développement – a pris fin jeudi dernier en fin d’après-midi après trois jours de débats qui se sont focalisés notamment sur les questions liées à liberté individuel, les jeunes, la création et la créativité ainsi que sur le contenu arabe –Digital Arabic Content – et les problèmes de sécurité de l’Internet.
Cette rencontre régional, crée en 2012 sous l’égide de l’Onu, constitue une plateforme de dialogue multilatérale et décentralisée sur les problèmes et priorités de gouvernance de l’Internet dans le monde arabe, impliquant toutes les parties prenantes, en l’occurrence les représentants des gouvernements, le secteur privé, la société civile ainsi que la communauté technique et académique.
Cette rencontre qui a vu 7 sessions et 7 ateliers s’est penché sur les thèmes du jour à savoir les politiques générales de la gouvernance de l’Internet en vue d’échanger, de sécuriser mais aussi de développer le réseau Internet dans les pays arabes et entre les pays arabes.
« Les pays arabes ont besoin de prendre des engagements ambitieux et des mesures politiques » nous dit un participant tunisien. Et dans ce cadre, il a été question de GIX –IXP- ou internet connexion point- entre les pays arabes même si cela doit passer par des GIX régionaux.
forum arabeL’autre thème qui a fait énormément de buzz est la coexistence entre la liberté d’expression et la protection de la vie privée qui sont toutes deux des droits fondamentaux qui sont reconnus de manière égale dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, par de nombreuses conventions. « Les deux sont présents mais il faut un équilibre » ou un arbitrage dira une participante marocaine qui a recadré le débat. Il en est sorti que les participants ont demandé un cadre juridique qui arbitre entre le droit à la liberté d’expression et la protection de la vie privée et des biens. L’Internet offre beaucoup de potentiel et les opportunités pour le développement. Mokhtar Lakhdari, expert juridique, met en avant les principes qui consacrent la liberté d’expression et il propose que ces principes soient traduits en loi mais pour cela il faut aussi mettre en place des normes « qui puissent situer les responsabilités des Etats, des fournisseurs Internet, des opérateurs et de la société civile et autres intervenants ». Le maitre mot au cours de cet atelier a été ‘arbitrage’ ou ‘équilibre’ entre la liberté d’expression et la protection de la vie privée. Le sujet est très sensible puisqu’il envisage de rendre  aux internautes le contrôle de leurs données car la liberté n’est pas le sous-produit inévitable du changement technique, et il faut la sauvegarder par des mesures législatives et réglementaires appropriées. Dans le monde, il s’est formé des blocs avec des visions différentes car c’est un dossier hautement stratégique et très polémique.Au cours du débat riche, il en ressort que les participants à cet atelier « sont pleinement conscients » que « la liberté d’expression sur l’Internet est complexe » et que cela veut dire qu’il faut travailler « à trouver un équilibre entre ce droit et d’autres impératifs parfois contradictoires » tels que la sécurité nationale, la protection des droits des auteurs et le respect de la vie privée. Le problème est que les mécanismes destinés à protéger la vie privée en ligne peuvent parfois être utilisés pour porter atteinte à la liberté d’expression. La Confidentialité et sécurité ont été les questions qui se posent à l’utilisation de ces données et qui ont aussi été longuement discutés tout au long de l’atelierPour un expert juridique résume en disant « tout cela tient à la discordance des cadres juridiques entre territoires en ligne et hors ligne, ainsi qu’entre compétences nationales et internationales ». Internet met les projecteurs sur la vie privée et remodèle cette dernière mais il faut un projet de règlement qui viserait à améliorer la protection des données personnelles de l’ensemble des citoyens arabes quand elles sont stockées dans des bases de données ou qu’elles circulent sur Interne et aucune recommandations pratiques concernant la vie privée et la liberté d’expression sur l’Internet ne saurait être réellement réalisé si l’on passe sous silence les principaux utilisateurs de l’Internet, c’est-à-dire le grand public.
L’absence d’un cadre législatif clair pour l’utilisation de ces données à des fins de développement a également été noté.
Ce forum qui a permis de faire rencontrer les pays arabes où la langue anglaise dominait les débats est très enrichissant et qui a fait dire à Mme Derdouri, ministre des PTIC que le forum a constitué un «espace de dialogue» entre les pays arabes.
Les autres thèmes abordé lors de ses 3 journées et qui ont fait l’objet d’un large débat, sont l’attribution des noms de domaine, la sécurité, la cybercriminalité et la protection de l’enfance en ligne et les droits de la propriété intellectuelle.
La tâche est immense, mais les efforts concertés de l’ensemble des pays arabes mais aussi du secteur économique et des associations concernés peuvent beaucoup.

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