Aussitôt nommée en tant que ministre des PTIC, Zohra Derdouri impose immédiatement son style et prend les choses en main. Elle a tenu à être présente au moment de l’ouverture des plis des offres des trois opérateurs pour la 3G au siège de l’ARPT, assise aux premières loges, et elle a été aussi présente lors de l’ouverture d’un salon au Palais de la culture. Elle en rêvait il y a si longtemps de ce poste gouvernemental et aujourd’hui, elle y est, et son objectif est de durer le plus longtemps possible. «Tout à fait. Tu connaîtrais un (e) ministre qui n’aurait pas cet objectif ?», me lance un ami d’un ton satirique. Mais au-delà des expositions médiatiques, elle a réussi en catimini à faire retirer du bureau de l’APN le projet de loi sur la poste et les technologies de l’information et de la communication. Selon son avis, le projet de Benhamadi limitait les prérogatives de l’ARPT au profit du ministère. Une telle décision va certainement paralyser davantage un secteur qui a besoin en urgence de sortir la tête de l’eau.Les dernières années ont été caractérisées en effet par une politisation accrue et exagérée des TIC et la priorité a été accordée aux effets d’annonces. Qu’on en juge : Ousratic, 1 PC par famille, n’a pas été une réussite et n’est pas sortie de la phase des bonnes intentions. L’opération a fini tout naturellement par se faire oublier. Les PC de bureau cèdent la place aujourd’hui au netbook, tablettes et smartphones. Le nombre de connectés à l’ADSL est ridicule au regard des besoins exprimés, le nombre d’internautes évolue à la vitesse de la tortue, le passeport biométrique a été présenté comme une réalisation nationale alors que c’est une exigence international et le lancement de la 3 G a mis des années pour que le processus se mette en branle… Avec le temps, les retards se sont accumulés. Depuis 2011, seule la presse fait référence à e-Algérie 2013 ! Est-ce normal ?C’est dire que ce qui attend Derdouri n’est pas une mince affaire. Pourra-telle inciter les opérateurs mais surtout les institutionnels à suivre le rythme du « monde des technologies » qui évolue vite au-delà des modes et des événements ?Nous avons besoin d’un cadre opérationnel de déploiement des TIC en Algérie. Les réseaux de fibres optiques ne serviront à rien sans les contenus nationaux. Plutôt que de raisonner en termes de conflits d’intérêts, valorisons les convergences et les compétences. Il ne s’agit, au fond, ni d’imposer, ni d’exclure. Lors de sa rencontre avec les cadres du secteur, Derdouri, a consacré un joli passage dans son discours à son entrée au gouvernement Sellal : « Hier Président du Conseil de l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications, aujourd’hui Ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication, je ne fais somme toute que me déplacer dans une autre pièce de la grande maison de la Poste et des Télécommunications. C’est sans doute pour cette raison que je ne ressens nul dépaysement à être aujourd’hui parmi vous». Mais au-delà de cette métaphore, elle sait que personne ne lui fera de cadeaux et qu’elle sera attendu au tournant. Un aveu cependant : « l’on escompte légitimement de ma désignation à cette fonction éminente un mieux être pour le secteur et des avancées concrètes. Et je pense ici à un service public répondant aux attentes des citoyens aussi bien dans la poste que dans les télécommunications». La presse devra lui faire rappeler cette déclaration de temps en temps…Si certains se complaisent dans les discours, d’autres passent à l’action. Le nouveau ministre du tourisme et de l’artisanat, donne l’exemple en ouvrant une page Facebook de son ministère. A ses yeux, la communication gouvernementale doit fondamentalement changer de visage afin d’impacter positivement sur la vie des citoyens et sur l’image de marque de l’Etat. Les réseaux sociaux permettent d’ajuster les communications, les campagnes, les projets et les investissements. Ce sentiment de contact est exacerbé par une communication plus personnelle et humaine. D’après Mohamed Amine Hadj Saïd, pour qu’Internet devienne un outil de développement du tourisme algérien, il faudrait d’abord «combler le fossé qui existe dans l’utilisation des technologies de l’information et de communication (TIC) ». C’est seulement après cela que la promotion de la diversité touristique aux plans national et international sera possible. Le web est un élément clé (offres, réservations, social media) et les partenaires OTA (online travel agencies) sont de plus en plus puissants.Il ne faudra plus pousser la porte d’un cybercafé pour choisir sa destination de vacance, ni aller chercher sa brochure imprimée chez une agence de voyage. Il faut que le débit résidentiel augmente (1 méga en moyenne avec un seul fournisseur Algérie Télécom). Il faut multiplier les offres sur la Toile. Il faut aussi à notre humble avis redynamiser le portail Elmouwatin.dz et l’enrichir par un contenu plus pertinent. Le web algérien ne doit plus être un simple projet virtuel, ou une vitrine pour sites plaquettes.