Cette promotion va-t-elle faire avancer les grands dossiers en suspens ? Quelle que soit la réponse à cette question, une chose est sûre : elle devra rentrer vite dans le vif du sujet et non se contenter de round d’observation inutile. Elle doit se mettre d’emblée en mode offensif. Le temps joue contre elle car elle ne dispose que de peu de temps justement pour convaincre. Son passage à l’ARPT lui a permis de s’imprégner des dossiers et de cerner les grands enjeux du secteur. Première mission : respecter les délais de lancement de la 3 G en Algérie, retardée à cause de profondes divergences avec l’ex-ministre Moussa Benhamadi. En étant aux commandes, elle ne pourra plus bénéficier de circonstances atténuantes. La 3 G est son premier examen de passage. Mais d’autres dossiers sont sur la table : généralisation du haut débit, probable relance de l’opération Ousratic, meilleure gestion d’Algérie Télécom et Algérie Poste, en somme, il s’agit de rapprocher le plus possible notre pays de la société de l’information et du savoir.
Les observateurs sont suivre avec un certain intérêt ses rapports avec les opérateurs et la presse qui n’ont pas été toujours au beau fixe. Connue pour être une femme de caractère, elle se veut incisive et combative et affirme haut et fort ses opinions. Son style de communication à l’ARPT n’a pas été un modèle du genre. D’ailleurs, la communication a été quasiment verrouillée et les journalistes n’avaient droit qu’à des communiqués de presse comme matière à traiter. Elle n’a accordé que quelques entretiens car elle préférait éviter l’exposition médiatique. Mais en tant que ministre, elle ne pourra pas continuer sur cette voie. Contrairement à son prédécesseur, elle va équilibrer ses déclarations évitant de tomber dans le piège des effets d’annonces qui lui ont d’ailleurs coûté son poste.
Réveil ou anesthésie ?
Va-t-on assister avec cette nomination à un réveil ou ce sera l’anesthésie qui continue ?
Malgré les deux plans de soutien à la relance de la croissance économique 2001-2004 et 2005–2009 avec un budget significatif réservé aux TIC, le secteur continue à faire du sur place.
L’Algérien continue à être un bon consommateur mais un mauvais utilisateur des TIC.
L’implantation anarchique des TIC dans les entreprises et les administrations n’a eu aucun impact significatif sur le développement. Pourtant, lors d’un conseil des ministres (décembre 2012), le chef de l’Etat a appelé le gouvernement à poursuivre les efforts déployés «en vue d’arrimer notre pays à la nouvelle économie fondée sur l’utilisation accrue des technologies de l’information et de la communication. Cette dynamique devra s’articuler particulièrement sur la promotion de l’accès à l’internet à haut débit et à très haut débit au profit des citoyens et des entités économiques». A l’heure des grandes mutations que connaît le monde dans le domaine des TIC, l’Algérie est appelée à évoluer au rythme de ces transformations pour se mettre au diapason des exigences de ces nouvelles technologies. Sans véritable haut débit, les services en ligne n’ont aucune chance de devenir une réalité, encore moins de devenir une pratique courante des Algériens. Sans haut débit, le commerce électronique restera au stade de projet ou de démonstration sans lendemain. Sans haut débit, l’administration en ligne ne se fera pas et le citoyen continuera à aller à l’APC, à la Daïra et aux entreprises pour affronter la bureaucratie et les lenteurs.
Reste à changer l’état d’esprit des dirigeants qui ne croient pas aux TIC. D’une autre manière, il faut être clair sur ce sujet : les TIC sont-elles des projets prioritaires au sein du gouvernement ou bien, sont-elles de simples thématiques de séminaires ?
Autre challenge et pas des moindres : faire passer le projet de loi régissant le secteur de la poste et des technologies de l’information et de la communication (TIC). Après avoir constaté que plus de 50% de la loi 03-2000 étaient à réviser, le gouvernement a décidé de promulguer carrément une nouvelle loi.
Nouveaux services, nouveaux comportements Il s’agit aussi d’encourager le contenu national sur le web. Le gouvernement avait exonéré la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) de la production du contenu et de l’hébergement des sites Web au niveau national pour amener les opérateurs à investir dans ce domaine mais cela n’a pas eu l’effet escompté. Il est clair que pour faire aboutir celle-ci dans le sens des attentes du citoyen et par rapport aux objectifs du développement socioéconomique, le ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication (MPTIC), l’ARPT et les opérateurs sont plus que jamais interpellés à œuvrer, ensemble, pour une meilleure prise en charge des effets entraînés par les nouvelles vagues de changements qu’apporteront dans les prochaines années, en Algérie, les incontournables Technologies de l’Information et de la Communication, porteurs de nouveaux services et suscitant de nouveaux comportements sociaux.