9 décembre 2024

Le crowdfunding ou la touiza sur la Toile ! En Chaque semaine, qu’il soit en veine, en verve ou même à court d’

cnetavecvousOn connait la touiza, système solidaire à l’origine de la mutualité populaire en Algérie, naguère très répandu et toujours en vigueur dans certaines régions du pays. On sait donc que la touiza est la plus remarquable manifestation traditionnelle d’associationnisme chez nos paysans. Elle est ainsi basée sur l’assistance mutuelle et n’a jamais le caractère d’une obligation. Exactement l’esprit même du crowdfunding ! Mais jamais, de mémoire de journaliste, je l’avoue, ici même, amis geeks et fidèles d’ItMag, je n’ai pu imaginer un jour, à distance, un lien entre une tradition associationniste typiquement algérienne et une forme de financement participationniste de projets sur Internet ! Et comme la touiza hier, l’essor des plates-formes de crowdfunding ne se dément pas de nos jours. Grâce à elles, les internautes dans les pays développés financent directement des start up. Et ce marché pèse déjà plusieurs milliards de dollars et va révéler probablement les trésors financiers et les pépites technologiques de demain. Amis technophiles, retenez-le bien, le crowdfunding est en vogue… en Amérique du Nord, les montants collectés par ce biais ont représenté 1,6 milliard de dollars rien qu’en 2012 ! Avec, à la clé, des records impressionnants : Pebble, concepteur d’une montre qui se connecte aux smartphones, a levé plus de 10 millions de dollars sur la plate-forme qui a le vent en poupe, Kickstarter. En France, le pays développé le plus proche de nous, le décollage du marché a été certes plus tardif, mais l’accélération est bien réelle, grâce au volontarisme du gouvernement Ayrault qui a nommé une ministre spécialiste des TIC. Les premiers projets concernaient alors surtout le domaine culturel (cinéma et musique). Par exemple, l’album Toi+moi du chanteur Grégoire, lancé grâce aux 70 000 euros avancés par des internautes, a été vendu à plus d’un million d’exemplaires et a fait connaître, à lui seul, le crowdfunding au grand public. Désormais, tous les types de projets font appel à ce financement nouvelle génération : mode, design, journalisme, mais aussi des activités plus pointues comme les biotechnologies. Et le bonheur des TIC est dans les plates-formes de crowdfunding qui  affichent des taux de croissance hallucinants de 100 à 200 % par an. “ A terme, elles représenteront des montants supérieurs à ceux investis par les business angels ”, prédit un expert français. Ce serait déjà le cas aux Etats-Unis. Mais alors, diriez-vous chers geeks, pourquoi un tel attrait, pourquoi un tel engouement et pourquoi une telle confiance des particuliers pour des projets de particuliers qui ne trouvent pas leur compte auprès de business angels et des circuits bancaires traditionnels ? Réponse simple : La demande vient à la fois des start up et des internautes. D’un côté, les entrepreneurs imaginatifs ont de plus en plus de mal à se financer auprès des acteurs traditionnels (banques, fonds de capital-risque, business angels notamment). La finance participative, c’est-à-dire le crowdfunding contribue à combler ce manque. De l’autre, les épargnants apprécient l’idée de pouvoir placer leur argent dans des projets qui leur parlent, qui les touchent ou qui les concernent. “ On remarque que ceux qui ont un impact direct sur la société, par exemple dans la santé ou les nouvelles énergies, attirent le plus de contributeurs, alors que les sociétés hypertechnos ou les projets de types e-commerce ou réseaux sociaux ne percent pas ”, précise le même spécialiste français. Dans cet univers de finance vertueuse, il y a trois grands modèles de crowdfunding qui permettent aux start up de faire appel à la foule : l’achat du produit ou du service par anticipation ou “ reward-based crowdfunding ” (dont l’Américain Kickstarter est le leader mondial), le prêt (Friendsclear) et le financement par entrée au capital (Wiseed, Anaxago, Smartangels…). En Europe, les acteurs français, exemple inévitable pour nous Algériens, pour des raisons culturelles, n’ont pas à rougir de leurs performances. Ulule, qui fonctionne selon le même principe que Kickstarter, revendique 150 000 membres et une position de leader sur le Vieux Continent. Disponible en six langues, le site a déjà financé 2 100 projets. Pour les start up qui font appel au crowdfunding, l’intérêt de l’opération ne se limite finalement pas au simple financement. “ N’ayant pas réussi à lever suffisamment de fonds auprès de business angels, je suis passé au modèle participatif : je n’y ai trouvé que des avantages ”, témoigne ainsi un autre connaisseur français. Sa société, NewWind, a inventé“ l’arbre à vent ”, un système en forme d’arbre dont les feuilles agissent comme autant de mini-éoliennes. Au début de l’année, elle a été sélectionnée par Wiseed. Pendant la campagne de souscription, qui a duré deux mois et demi, les internautes pouvaient prendre connaissance de la société et poser des questions aux dirigeants sur le forum. Un exercice formateur qui permet aux entrepreneurs d’affiner leur stratégie et leur argumentaire. Au final, la levée de fonds a été un succès : NewWind a dépassé son objectif de 150 000 euros. Les 84 contributeurs, qui détiennent ensemble 12 % du capital, “ sont autant d’ambassadeurs de la société, répartis dans toute la France ”. Mais, du côté des investisseurs, quel rendement peuvent-ils espérer en retirer, pourriez-vous vous demander ? ” La plate-forme se targue d’une première sortie positive : Antabio, qui a élaboré un médicament contre les maladies nosocomiales. Détenue à 15 % par la communauté Wiseed, elle a été revendue en 2012 à un fonds, avec un rendement de 45 %. Une belle référence ! Selon les spécialistes, c’est ce genre de success stories qui permettra au crowdfunding de passer la vitesse supérieure. De même que le chanteur Grégoire avait fait connaître le procédé au grand public, de belles sorties feront parler de ces plates-formes et atténueront les craintes des particuliers-investisseurs. Et le crowdfunding constitue une première étape idéale avant de devenir business angel. Les plates-formes de financement participatif vont ainsi contribuer à diffuser un esprit d’entreprise partout où le crowdfunding a droit de cité. Entreprendre, ce n’est pas seulement créer sa boîte, c’est aussi soutenir de nouveaux projets ! Classique. Mais les banques, qui n’ont pas désarmé, sont à l’affût. En toile de fond plane leur menace car les requins solidement établis ne voient pas d’un bon œil ce financement sans intermédiaires. Déjà qu’aux Etats-Unis, les institutions financières font pression sur le régulateur, qui est en train de vider de sa substance le JobsAct, la loi censée démocratiser le crowdfunding. Et il est à redouter une contre-offensive du même type en Europe et partout ailleurs où le Crowdfunding est encouragé. Le bras de fer ne fait donc que commencer. Pot de fer contre pot de terre. Classique. En Algérie, c’est une autre affaire. Une autre histoire. Si la Touiza a presque disparue, il n’y a pas de business angels et les banques, qui sont encore à l’âge de pierre numérique, ne financent pas ou si peu les start up, autrement que des projets souvent improbables dans le cadre de l’ANSEJ, les microentreprises de jeunes. Alors parler de crowdfunding ? Plutôt de fooding durant le ramadan !

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