11 décembre 2024

Douglas Engelbart ne sourit plus !

Le double clic est triste car Douglas Engelbart ne sourit plus. Le père américain de la souris d’ordinateur a en effet cassé sa pipe, à 88 ans. Et quel bienfaiteur de l’humanité fut ce pionnier de l’informatique qui a déposé en 1967 un brevet pour une nouvelle interface censée accélérer la communication entre l’utilisateur et la représentation graphique de l’ordinateur. Aussi simple que ça, car, à l’époque, on utilisait des mastodontes informatiques qui remplissent une salle et qui étaient contrôlées exclusivement via les claviers. Mais le grand petit bonhomme, qui avait de la suite numérique dans les idées et des octets plein la caboche, est amené alors à travailler sur les systèmes de visioconférences à l’Institut de Recherche de Stanford. Il étudie donc le principe de  « fenêtres » et bosse déjà sur certains éléments de l’Internet actuel, comme les liens hypertextes. Et c’est déjà une sacrée révolution ! Car les liens hypertextes, ce sont ces éléments d’une page HTML, soulignés lorsqu’il s’agit de texte, qui permettent aux internautes de naviguer vers une nouvelle adresse lorsque l’on clique dessus à l’aide de la petite souris de M. Engelbart.
Ces ancrages, ce sont ainsi ces liens qui permettent de lier des pages Web entre elles, qui rendent possible la navigation. Avec une intelligence aussi rapide que le clic de sa souris, ce sacré bonhomme comprend vite que les interfaces graphiques qu’il contribue fortement à développer avec le défunt Jacob E. Goldman, père par ailleurs du protocole Ethernet, de la programmation-objet et de l’impression laser, vont rapidement se complexifier. Il saisit surtout que le clavier ne sera pas toujours des plus pratiques et des plus efficaces pour assurer le dialogue entre l’homme et la machine. Et, Euréka ! Sa solution est donc un petit boîtier en bois, tout mignon, tout doux, équipé de deux roues de métal dirigeant un nouveau pointeur sur l’interface graphique des ordinateurs… La souris est ainsi née. Notre ingénieur fait donc la présentation de ce rongeur informatique en 1968 devant un millier de personnes à San Francisco, devenant par le même coup le précurseur des démonstrations publiques de ce type. Il est en cela le maître des Steve Jobs et autres Bill Gates et Paul Allen. Cet évènement est toujours nommé aujourd’hui la « mère de toutes les démonstrations ». Ah ce cher Engelbart, cet archange numérique qui a tout inventé ou presque dans l’univers fantasmagorique des TIC : recherches abouties sur la visioconférence, la téléconférence, le courrier électronique, les «fenêtres» et le lien hypertexte, et, cerise sur le clavier, la souris d’ordinateur. Et, last but not the least, son groupe de recherches avait aussi créé Arpanet, le programme fédéral qui fut le précurseur d’internet. Chemin faisant, le brevet de la souris a été finalement accordé en 1970. Il sera racheté par Apple pour 40000 dollars. La première souris de la prestigieuse Pomme d’Apple a ensuite été commercialisée en 1984 en même temps que l’ordinateur Lisa. Ah, Lisa Lisa, mais pas sad Lisa, comme le dit la chanson éponyme de Cat Stevens, mais happy Lisa, glad Lisa ! Lisa, le Lisa, cet ordinateur personnel lancé par Apple en 1983 et qui va révolutionner le marché, grâce au génie créatif emprunté à… Douglas Engelbart.
En effet, Lisa, du nom de la fille de Steve Jobs, est un des premiers ordinateurs personnels à posséder une souris et une interface graphique. Celle-ci était inspirée de celle des stations de travail Xerox. On ne le dira jamais assez, le génial inventeur a révolutionné l’ère de l’informatique. Chers lecteurs d’ItMag, amis geeks, vos mains, comme celles de centaines de millions de personnes dans le monde seront éternellement reconnaissantes à l’ange de l’informatique Engelbart. Et pour cause ! Grâce à lui, vos doigts caressent chaque jour avec plus ou moins de passion son invention géniale, cliquetant ici, double-cliquant par-là, pointant le curseur là où il faut. Mais vos mains sont aujourd’hui un peu orphelines : la souris a le blues numérique depuis qu’Engelbart est parti, heureux, au royaume de la mémoire vive, dans le monde de la Random Access Memory, en accès direct, s’il vous plait ! Grâce à une simple boite en bois et deux roues de métal. Oui, le mulot est en deuil. Alors, Douglas Engelbart mérite au moins une minute de clic de silence pour avoir, dès 1961, alors qu’il assistait à une conférence sur l’infographie, eu la simple mais génialissime idée d’un dispositif de pointage à faire rouler sur le bureau et permettant de déplacer un curseur sur un écran d’ordinateur.
Cette idée, c’est finalement Archimède, Copernic, Galilée, Einstein et le zéro mathématique des Arabes réunis ! Oui, c’est tout cela à la fois, le mulot pointeur, cet accessoire incontournable qui fêtait ses 44 ans en décembre 2012. Et, suprême injustice, Engelbart, chercheur visionnaire n’a pourtant été reconnu que tardivement par ses pairs. Alors qu’il aura déposé plus d’une vingtaine de brevets et crée les bases de l’hypertexte, des interfaces graphiques, de la visioconférence, de l’email, votre pain épistolaire de tous les instants. Alors, comme Mickey Mouse, sourions lui, enfin, en signe de reconnaissance, à chaque clic de souris !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *