Plus d’un mois après sa présentation à l’APN par Moussa Benhamadi, ministre du secteur, aucune suite n’a été donnée au projet de loi sur les TIC. Comment interpréter cette situation qui laisse plus d’un perplexe ? Les TIC ne semblent pas être une priorité du gouvernement actuel.
Alors que d’autres projets sont adoptés sans grande difficulté et deviennent des lois de la République, celle-là a été gelée tout simplement. Les députés ont pourtant commenté en long et en large ce projet, lui trouvant des insuffisances qui ont abouti à 36 amendements. On croyait qu’après ce stade, il n’y aura aucune difficulté à l’adopter mais les arcanes du pouvoir semblent impénétrables ! Zohra Derdouri, présidente de l’ARPT, qui a formulé des réserves sur cette nouvelle loi sur les télécoms et ses inquiétudes quant aux ambitions hégémoniques du ministre de réduire les prérogatives du régulateur, a eu gain de cause. Mais ce bras de fer ne profite nullement au secteur qui navigue à vue. Aucune visibilité, pis : les professionnels sont de plus en plus sceptiques. L’épisode de la 3G a refroidi les ardeurs. En tout cas, cela va accentuer encore notre retard et agrandir notre fracture numérique. Alors que dans d’autres pays, les TIC sont la vitrine, voire la porte d’entrée d’une nation, chez nous, les TIC sont considérées comme une seconde priorité, un simple discours sans la moindre cohérence. Les effets d’annonce reviennent souvent ; alors le concret est rare ! Si la loi ne passe pas ces jours-ci, elle sera certainement mise sous le coude pendant longtemps, très longtemps même jusqu’à oublier son existence. La saison estivale est déjà là, le ramadhan frappe aux portes et en un clin d’œil, on sera en 2014, année de la présidentielle. Et dans les campagnes électorales, on entendra les prétendants parler du logement, de la jeunesse, du chômage, un peu de mal-vivre, mais les TIC dans le meilleur des cas seront expédiées en une petite phrase, au milieu d’un paragraphe en fin de document. Pourtant, peut-on sérieusement parler de modernité sans technologies ? Peut-on parler de diminuer la bureaucratie et lutter contre la corruption, thèmes fortement porteurs lors des élections, sans technologies ? A moins de vouloir faire partie des nations qui avancent le moins rapidement dans ce domaine. Au lieu d’augmenter le débit Internet, les décideurs se contentent de mesures ponctuelles. Ainsi, la dernière trouvaille est de faire passer les affaires religieuses à l’ère numérique ! Concrètement, il s’agit de la création de nouveaux sites internet, l’amélioration du site web du ministère ainsi que de celui des directions de wilaya, le déploiement de la base de données du wakf et l’élaboration d’un fichier national sur les biens du wakf afin de faciliter le règlement de litiges. Dans un autre contexte, l’opérateur étoilé Nedjma a offert une 7e nuit des étoiles aux journalistes. Une manière de récompenser les meilleurs travaux mais surtout une marque de reconnaissance pour une corporation qui en a vraiment besoin. Nous avons remarqué que ce que l’on nomme les « plumes spécialisées dans les TIC » manquent terriblement. Malheureusement, les TIC n’ont droit de cité que lorsqu’il y a un scandale quelque part (vie privée et Facebook, pornographie sur le Web, photos choquantes…). Or, les TIC sont des outils de développement extraordinaires sur le plan économique et social. Le Media Star a le mérite d’exister face au vide laissé par les pouvoirs publics. On aurait aimé voir ce genre d’initiative lancé par le MPTIC ou même le ministère de la Communication, ou celui de la Culture. Alors qu’on s’est empressé d’officialiser les festivals de chants (Chaâbi, Raï), la reconnaissance du génie ou du talent de la production journalistique reste marginalisée. Terminons par une interrogation : pourquoi les publications spécialisées ne bénéficient-elles pas du Fonds d’appropriation des usages et de développement des TIC (FAUDTIC) ? Ne sont-elles pas considérées comme des « porteurs de projet » dans le domaine des TIC ? Aux décideurs de nous répondre…