Elles ne sont pas encore commercialisées, mais elles ont déjà leurs nombreux fans et quelques usagers béats et idiots. Et déjà que ces diablesses cybernétiques inquiètent les législateurs américains et mobilisent contre « elles » les associations de défense des consommateurs et des libertés. Huit membres du Congrès américain s’interrogent en effet et demandent à Google des explications sur les dérapages potentiels. Un groupe de militants, regroupés au sein de l’association « Stop the Cyborgs » part en guerre contre les lunettes connectées de Google. A leurs yeux, les Google Glass annoncent un monde glacial où la vie privée, ses épisodes intimes mêmes, n’existeraient plus et où les grandes entreprises globalisées auraient tous les leviers de contrôle et de manipulation. Le chroniqueur, qui est toujours « net @vec vous », ne joue pas ici aux Cassandres numériques, chers geeks et lecteurs de votre IT Mag, bien sûr que non ! Mais imaginez quand même un monde rempli de drones-espions humains, qui, partout dans la rue, les transports, à la maison ou au travail, enregistreraient les images et les sons de ce qui se passe devant eux. Cette perspective terrifiante représente simplement, pour les militants de « Stop the Cyborgs », un monde froid dans lequel les lunettes Google Glass sont aussi courantes que les smartphones. Ce n’est pas encore demain, mais c’est déjà presque aujourd’hui. Face à cette funeste perspective, les militants londoniens de « Stop the Cyborg », dont Slate.fr a révélé la campagne, ont donc décidé de tout faire pour que n’advienne pas « un futur dans lequel la vie privée est impossible et le contrôle des entreprises est total ». Pour cela, ces justiciers antinumériques, sortes de cyberécolos, ont commencé à faire connaître leur cause, la nôtre, la vôtre, chers amis, et à éditer des enseignes « No Surveillance Devices » à installer chez nous, dans nos commerces ou au travail. Et le plus vite, serait le mieux. Leur principale crainte est que les gens ont tendance à « s’en remettre sans réserve aux entreprises privées dont ils adorent les produits, alors qu’ils se méfient des pouvoirs politiques : Si le gouvernement installait des caméras de surveillance et des micros partout, alimentant une salle de contrôle centrale, vous y verriez certainement comme un risque de violation de votre vie privée. » Alors que, paradoxalement, personne ne voit le problème de voir des outils intrusifs tels les Google Glass se répandre partout dans les rues. Et trouver ça, fun, classe et même intik comme peuvent l’être les TIC quand ils sont à portée de clic ! Et comme un fleuve commence toujours par une goutte de pluie, les « Stop the Cyborgs » ont fait déjà des émules. Un bar de Seattle, le Five Point Cafe, a déjà répondu à l’appel du collectif en colère. Il semble être le premier établissement des Etats-Unis à interdire en ses murs les Google Glass : « Respectez la vie privée des consommateurs comme vous aimeriez qu’on respecte la vôtre », précisent-ils sur leur site web. Les commentaires ne montrent pas, en revanche, un grand engouement des consommateurs pour cette exhortation salutaire… Le consommateur, cet imbécile heureux ! Si les Google Glass attisent la curiosité des geeks et leur besoin compulsif de vouloir disposer de toute nouveauté TIC, elles commencent, comme on le sait déjà, à inquiéter le Congrès américain. Des congressmen ont en effet demandé à Google de donner des précisions sur l’usage des Google Glass, lunettes de voyeurisme satanique, équipées d’une caméra, d’un micro et connectés en WiFi ou via un smartphone : bonjour les dérapages ! Dans une lettre envoyée à Google, les députés s’interrogent sur la possibilité de « violer la vie privée de l’Américain moyen » avec ces gadgets. « Est-il vrai que ce produit serait capable d’utiliser la reconnaissance faciale pour dévoiler des informations privées sur quiconque, et même des objets, que l’utilisateur regarde ? », demandent-ils. Ils demandent aussi si les lunettes peuvent stocker des données ou si une identification de l’utilisateur est prévue. Mais, après tout, les Google Glass sont les lunettes que la firme de Mountain View est en train de mettre librement au point, et qui pourraient un jour remplacer nos époustouflants smartphones, et encore plus étonnant. Surmontées d’un écran, elles possèdent une caméra et un micro. Elles sont capables d’afficher sur le petit écran des informations en temps réel sur ce que l’utilisateur est en train de regarder. Pis encore, d’enregistrer le son et la vidéo de ce qu’il regarde à n’importe quel moment et très discrètement : elles devraient, à terme, pouvoir être contrôlées par les mouvements oculaires de l’utilisateur. Les Google Glass obéiront à la voix, aux doigts et à l’œil… Ya bouguèlb, même Big Brother n’en a pas rêvé ! Et alors même qu’elles ne pourraient sortir qu’en début 2014 seulement, elles proposeront des fonctions stupéfiantes, comme la possibilité de prendre une photo en clignant juste d’un œil, comme d’un seul clic ! Le géant de Mountain View avait en effet laissé entendre qu’une version « parfaitement peaufinée » de ses bésicles sataniques sortirait d’ici la fin de l’année 2013. Si les développeurs et quelques bêtas testeurs ont d’ores et déjà accès aux Glass de Google, moyennant 1500 euros, le grand public devra en revanche attendre encore quelque temps. En attendant, The Next Web, un contributeur de Reddit, site communautaire de social bookmarking permettant aux utilisateurs de soumettre leurs liens et de voter pour les liens proposés par les autres utilisateurs, a plongé dans le code des Google Glass, précisément de l’application MyGlass, qui lie un smartphone aux lunettes, pour y découvrir des pistes de futurs usages. On savait déjà qu’il sera possible d’interagir avec les lunettes par la voix, et le petit pad tactile. Il semblerait, en plus, que Google ait prévu un ensemble de mouvements des doigts, de la tête et même des yeux pour activer certaines fonctions. Ainsi, il sera possible d’utiliser ses doigts en pince pour zoomer et dézoomer dans un navigateur Web. Plus surprenant encore, inquiétant même, il pourra être possible de prendre des photos en clignant des yeux. Big Brother de « 1984 » en frémirait d’horreur lui-même ! Mais, en 2013, « Big Brother Is Watching You ».