Le secteur de la Poste, qui assure un service public à travers le territoire national, « ne sera jamais privatisé », tranche le ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, Moussa Benhamadi, dans une déclaration, il y a quelques jours. Le ministre défend ainsi Algérie Poste, une entité phare du secteur public, dans un contexte d’ouverture économique, de libéralisation des services et de la concurrence que cette libéralisation va induire, dans les années à venir. La concurrence dans le secteur des télécommunications et de la poste sera féroce, une fois que l’Algérie adhèrera à l‘Organisation mondiale du Commerce (OMC). Cette donne, la Poste semble l’avoir intégrée dans sa stratégie et cela transparaît dans la déclaration de Moussa Behamadi. Ce dernier s’est dit « convaincu » qu’il n’y a qu’Algérie poste (AP) qui est à même d’assurer le service public, en ouvrant des bureaux de poste partout en Algérie, y compris dans les zones enclavées. Présente partout, la Poste l’est, mais grâce au soutien de l’Etat. L’Etat est en train d’investir des milliards de dinars pour son développement. Benhamadi a indiqué qu’en plus de la mission dévolue à cet établissement public (AP), il est prévu le lancement du projet de création d’une banque postale et d’épargne pour soutenir les « petits revenus » et « les petits crédits ». Il ne s’agit pas d’ouvrir de nouvelles agences postales, mais de créer une activité de la banque postale, a-t-il dit, expliquant que ce sera une banque « citoyenne de proximité » dont l’objectif consiste notamment « à collecter le maximum de fonds dans la perspective de la mise en place d’un système d’épargne très fort influant sur l’inflation ». La banque postale, qui consolidera davantage la mission de service public, n’aura pas pour but de faire du profit, mais d’aller vers l’équilibre des charges et des dépenses, tout en assurant un service de qualité. Algérie Poste, qui a été secoué par une série de mouvements, ces derniers mois, ne dégage pas de profits, mais essuie des pertes. Algérie Poste « continue de travailler à perte pour assurer le service public, partout et pour tous », relève le ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication. AP dispose actuellement de 3 500 bureaux de poste et se fixe pour objectif d’atteindre les 4 000, avant la fin 2014. Si Moussa Benhamadi veut protéger AP, c’est parce qu’il est dans son rôle. Dans de nombreux pays, deux secteurs ont réussi à échapper au rouleau compresseur qu’est la privatisation : la poste et le rail. En Algérie, Algérie Poste n’a jamais figuré sur la liste des entreprises à privatiser. Pourtant, au début des années quatre-vingt-dix, c’est-à-dire à l’introduction de la privatisation dans le pays, des milliers de sociétés opérant dans différents secteurs ont été proposées à la vente. Et, pendant que le ministre dit qu’il ne faut pas « toucher » à Algérie Poste, Mobilis, elle, veut aller à la privatisation. Le Pdg de Mobilis a annoncé vendredi dernier depuis Tlemcen que l’entreprise qu’il dirige s’apprête à franchir une nouvelle étape en ouvrant une partie de son capital par le biais de la bourse d’Alger. « Nous proposerons une partie de notre capital dans le but de donner un coup de dynamique au marché financier de notre économie », a indiqué Saad Damma. Et, dans ce processus de privatisation (soft), « la priorité sera accordée à nos abonnés dans l’acquisition des parts », a-t-il précisé. Mobilis compte douze millions d’abonnés. Et l’entreprise se porte bien. Son chiffre d’affaires a progressé de 11,4% en 2012, ce n’est pas rien. Mobilis a également enregistré une croissance de 25,36% dans le chiffre d’affaires au troisième trimestre de cette année. « Ces chiffres ne peuvent que nous encourager, dans le cadre du plan d’investissement 2013, à renforcer la capacité de notre potentiel humain par le recrutement de plus de mille postes au niveau de nos services clients » ; a souligné Saad Damma. Mobilis a dégagé en 2012, 160 millions de dollars de bénéfice net, en hausse de 100 % par rapport à celui de 2011. Le chiffre d’affaires a atteint, lui, 749 millions de dollars pour un investissement évalué à plus de 300 millions de dollars, le quadruple de celui de 2011.