Ce que le Stockholm Internet Forum a mis en évidence, c’est que l’ère d’Internet a changé le concept de la vie privée et qu’il est nécessaire d’accroître la transparence en matière de traitement et de stockage des données, à la fois par le gouvernement et les entreprises privées avec en soubassement la gouvernance de l’Internet et les guerres du XXIè siècle risquent d’être des affrontements pour accaparer sa gestion Organisée par le ministère des Affaires étrangères suédois et l’Agence suédoise de Coopération internationale au développement (SIDA) dans le but de débattre de la liberté et l’ouverture sur l’Internet comme levier pour le développement économique et social dans le monde, cette deuxième édition accueille des participants de plus de 96 pays. Cette semaine Stockholm devient le centre du monde de l’Internet et réunit les politiques, les représentants de la société civile, les activistes, les représentants de la vie économique et des technocrates et pas moins de trois ministres suédois y participent, soit le ministre des Affaires étrangères, M. Carl Bildt ; la ministre de la Coopération internationale au développement, Mme Gunilla Carlsson et la Ministre pour les Technologies de l’information et l’Energie, Mme Anna-Karin Hatt. L’axe principal de ce forum mondial a été liberté, innovation et ouverture sans oublier le respect des droits de l’homme. Pour ce deuxième forum, sécurité et liberté sur Internet et liberté sur Internet et développement ont été au menu. Un Internet libre est-il possible ? La première journée a été basée sur un internet libre et ouvert pour la croissance mondiale qui sont représentées par les défis de connexion qui est d’assurer un accès égal et le plus large pour tout le monde mais aussi de combler l’écart entre les régions, les femmes et les hommes, jeunes et vieux, pays développés et en voie de développement mais aussi les zones rurales et urbaines. « Nous devons changer la façon dont nous regardons internet et l’Internet doit être perçu comme un bien public », dira Parminder Singh , Directeur exécutif, IT for Change et l’ensemble des discussions tournaient autour de l’importance d’assurer un accès abordable à l’Internet mais avec une broadband intéressante et pour cela les recommandations tournaient autour de la constitution d’un véritable marché concurrentiel, un environnement réglementaire stable et un partenariat public-privé, le fameux PPP relayé par Anne Jellema Web Foundation, PDG de World Wide qui souligne que « l’Etat ne va pas nécessairement être l’entité qui peut fournir la connectivité la plus efficace et la plus rentable pour la plupart des gens ».L’autre aspect et non des moindres était la question sur la transparence, la confiance, la participation mais aussi sur comment le gouvernement peut rendre efficace l’Internet grâce aux applications eGov pour faciliter la vie au citoyen. Au cours des débats, très enflammés d’ailleurs, des représentants de pays émergents ont posé les problèmes de la disponibilité de l’Internet partout dans le pays. Ce qui a permis à certains de demander aux gouvernements d’assurer un Internet accessible dans les zones où les entreprises privées ne font pas de bénéfices, ce qui a fait dire à Anna-Karin Hatt, ministre suédoise des Technologies de l’information et de l’Energie que « la dépense publique devrait se concentrer sur les domaines où le secteur privé ne prendra pas sa responsabilité ». L’autre aspect qui a été mis en évidence est la discrimination des ISP et des entreprises de télécoms qui pourrait être une menace pour le développement d’un accès complet et abordable pour le Net. Le contenu ou plutôt, comme le disent les participants, « contenu pertinent », a pour effet non seulement de démocratiser un Internet libre et ouvert mais aussi de le rendre compréhensible pour tout le monde. Et surtout sécurisé… L’autre grand thème traité au cours de ces deux journées marathon a été le thème de la sécurité de l’Internet. Il va de soi que parler de la sécurité de l’Internet, c’est aussi chuchoter la gouvernance de l’Internet et dans ce domaine, Dubaï, en décembre 2012, a abrité une grande réunion où 89 membres sur 193 ont signé le nouveau traité sur le règlement des télécoms qui a été rejeté par les Etats-Unis, qui gèrent pratiquement l’Internet dans le monde. Les Etats-Unis ont rejeté le document risquant, selon eux, d’ouvrir la porte à une régulation d’Internet. Le texte contient une résolution non contraignante indiquant, entre autres, que « tous les gouvernements doivent avoir une responsabilité égale en matière de gouvernance internationale d’Internet ». Ce n’est pas encore terminé et les grandes batailles sont encore à venir. Le ministre des Affaires étrangères suédois, Carl Bildt, à l’ouverture du Forum pose les jalons en disant : « La sécurité ne doit jamais être utilisée comme prétexte pour limiter la liberté car essayer de faire cela est contre-productif » et il explique tout naturellement que les libertés « qui s’appliquent hors ligne doivent s’appliquer en ligne » tout en ajoutant que « la sécurité et la liberté sont les deux faces de la même pièce de monnaie mais qui se renforcent mutuellement ». Après avoir décortiqué ce qu’est la sécurité de l’Internet, tout le monde sort avec le constat suivant que la présence d’Internet est utilisée pour contrôler la population à une échelle jamais atteinte dans le passé dans tous les pays. Qu’ils soient totalitaires mais aussi au sein des grandes démocraties, qui mettent en avant la psychose sécuritaire post-11 Septembre, qui a accouché de plusieurs lois restreignant les libertés publiques durement acquises depuis le XVIIIe siècle. Mais ce n’est pas tout. « Pourtant, c’est aussi au nom du copyright que l’Internet est aujourd’hui espionné dans les démocraties », dira un participant. Mais pour faire cela, il faut des logiciels et on y apprend que 4 des 5 grands logiciels de surveillance dans le monde sont européens ; rappelle Emily Taylor, directrice des laboratoires sur l’information d’Oxford. On se souvient de l’affaire Amesys, une filiale de Bull. Pour ce qui est du débat de la surveillance, un participant dira que « les entreprises comme Google ou votre banque en savent plus sur vous que n’importe quel gouvernement ne pourra jamais en rêver car tout ce que vous faites en ligne est enregistré ». Cela n’empêche pas d’avoir des recommandations comme de traiter la cyber-sécurité comme la sécurité humaine. La cybersécurité doit être considérée comme une politique publique, les droits devraient être protégés à la fois dans la politique et dans la pratique. Continuant sur cela, Stephanie Hankey, Allemagne, Co-fondateur et directeur exécutif, Tactical Tech, dira que « l’Internet est une extension du domaine public. Dans la cyber-sécurité, le plus grand défi sont les risques autour de la data et spécialement les données se trouvant entre les mains de sociétés ». « L’Internet est une extension du domaine public en général. Dans la cyber-sécurité, le plus grand défi est les risques autour de données et les données se trouvant dans les mains de sociétés. La gouvernance de l’Internet devrait donc prêter attention à cette question et de poser la question sur ce que le secteur commercial est en train de faire en ce qui concerne la conduite du développement de l’avant ». Pour Eduardo Bertoni, directeur du Centre d’études sur la liberté d’expression et l’acc
ès à l’information, c’est encore plus profond et il explique : « Les pays en développement manquent de politiques et des lois, ainsi que la capacité, dans la gouvernance de l’Internet » tout en ajoutant que « les services Internet sont sous-développés et ceux produits dans l’Ouest ne sont pas adaptés au contexte local des pays en développement ». Pour Arturo Campos , directeur, Sécurité Active Media, « les gens sont l’atout le plus important de l’Internet. Si nous voulons créer un Internet libre, nous devons nous demander ce que les gens veulent. Les gens veulent la possibilité de parler et de ne pas être poursuivis ou déportés pour parler ». Au-delà de la surveillance de l’Internet, un des participants pose le problème de la mémoire de l’Internet en disant : « Je pense que nous devrions être en mesure de supprimer les données que nous possédons (ou devrait posséder): photos personnelles, des vidéos, des messages, ainsi que des traces ». Beaucoup de questionnements sont restés sans réponse mais dits. Internet permet de savoir, connaître, lire, voir et écouter mais il y a un risque en son sein tel que les risques et les préoccupations de disposer de données personnelles concentrées entre les mains de quelques acteurs. La répartition entre les multiples parties prenantes devient une nécessité et un apprentissage pour le citoyen. Par contre ; ce que le Stockholm Internet Forum a mis en évidence, c’est que l’ère d’Internet a changé le concept de la vie privée et qu’il est nécessaire d’accroître la transparence en matière de traitement et de stockage des données, à la fois par le gouvernement et les entreprises privées avec en soubassement la gouvernance de l’Internet et les guerres du XXIè siècle risquent d’être des affrontements pour accaparer sa gestion.