Les débats sur le projet de loi régissant le secteur de la poste et des technologies de l’information et de la communication (TIC) ont baissé d’intensité. « Normalement, quelques amendements vont être proposés puis la loi sera votée, comme d’habitude? », ironise un opérateur des TIC. C’est-à-dire au-delà de la polémique qui a fait les choux gras de la presse nationale entre le ministre du secteur et la patronne de l’ARPT, la montagne va accoucher d’une souris. Il ne faut pas se faire trop d’illusions. Et puis une loi pour quoi faire ? Sera-t-elle appliquée ? Va-t-elle contribuer à faire accéder l’Algérie à la société de l’information tel que promis par le président de la République lors de la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) qui s’est tenu à Tunis en novembre 2005 ? Enfin, ne jouons pas aux trouble-fêtes. Projetons-nous sur l’avenir. En cette période printanière, il y a beaucoup d’événements à ne pas rater. Le 14e SIFTech, dont la thématique choisie pour cette édition est l’école numérique aura lieu du 13 au 15 mai 2013 dans la charmante ville d’Oran et réserve la part belle à la créativité et à l’innovation.
Le message de l’organisateur est clair comme l’eau de roche : transmettre des savoirs à des enfants qui évoluent depuis leur naissance dans une société irriguée par le numérique et donner à chacun les clés pour réussir dans sa vie personnelle, sociale et professionnelle future nécessitent de repenser en profondeur notre manière d’apprendre et d’enseigner ainsi que le contenu des enseignements. Hier, c’était l’époque du tableau noir et de la craie. Aujourd’hui, le multimédia a tout révolutionné. Mais il faut une véritable révolution des mentalités pour prétendre à un avenir radieux. Autrement dit, il ne suffit pas d’offrir un iPad à un enseignant pour que cet outil ait de l’effet sur sa manière de scénariser et d’orchestrer sa leçon, voire sur l’apprentissage de ses élèves. Les ordinateurs massivement implantés dans les classes depuis les années 2000 ont donné accès à des logiciels et au Web. On est en droit de s’interroger sur l’impact réel des TIC dans le paysage éducatif algérien, au-delà des apparences et des grandes déclarations sur les équipements des établissements scolaires.
Les descriptions des usages actuels peuvent occulter fortement les vrais problèmes, renforcer le règne de l’apparence et semer l’illusion. On peut avoir des ordinateurs, des sites, des espaces et des tableaux modernes partout sans que rien ne change au fond. Un développement des TIC à l’école ne peut avoir de sens et d’efficacité que si elle est inscrite dans un grand projet éducatif moderne, neuf, démocratique, lui-même inscrit dans un projet de société qui ne se satisfait pas des indicateurs matériels, quantitatifs, financiers pour soutenir un développement éducatif durable. Dans un autre registre, la journée du 17 mai prochain, deux ministres risquent de se croiser : Moussa Benhamadi, ministre de la poste et des TIC et Amar Tou, ministre des Transports et qui a la nostalgie du temps où il était justement ministre des TIC. Pourquoi ? Eh bien pour fêter ensemble la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information qui a été placée cette année sous le signe des « TIC au service de l’amélioration de la sécurité routière ». L’inattention des automobilistes et le comportement des usagers de la route qui, par exemple rédigent des SMS au volant, sont parmi les principales causes du nombre de tués et de blessés dans les accidents de la route.