IT Mag : Vous avez plusieurs casquettes. Autant vous êtes un investisseur, un gestionnaire, un développeur et là vous allez sur du Cobit. En fait, pourriez-vous nous parler de Cobit…
Malik Boukallel : Le CobiT (Control Objectives for Information and Related Technology « Objectifs de contrôle de l’information et des technologies associées) est un outil fédérateur qui permet d’instaurer un langage commun pour parler de la gouvernance des systèmes d’information, en tentant d’intégrer d’autres référentiels tels que ISO 9000, ITIL… En fin de compte, parler un même langage, c’est se comprendre. Et c’est aussi comment faire simple pour le manager de manière à combler le gap. Effectivement, comme vous dites, j’ai plusieurs casquettes. Nous sommes en phase de start-up et c’est, pour nous, les meilleurs moments et sûrement les meilleurs souvenirs à l’avenir. Et contrairement à l’aventure Google qui a commencé dans un garage, nous sommes actuellement à El Qods (Chéraga) et notre vision est axée sur l’innovation IT que nous pouvons apporter aux entreprises.
Qu’est-ce qui vous a poussé à créer une entreprise, dans un premier temps, et ensuite à aller vers Cobit ?
La démarche est venue d’un constat simple ; il y a un gisement d’idées et une demande énorme. Je me devais de m’inscrire dans cette dynamique. Et surtout contribuer à ce que l’Algérie ait un sens dans les classements mondiaux. Et pour cela, je fais appel à mon expérience au sein de différentes entreprises. Il faut avoir une vision mais aussi se dire qu’un tout, seul, ne peut rien faire. Il faut se créer un écosystème qui valorise le service IT. Je dis bien service IT. Deuxième constat, on doit avoir un moteur. Et le moteur, c’est l’entreprise car l’innovation est un grand apport pour l’entreprise. Troisième constat, ce sont les bonnes choses et celles qui réussissent qui sont les plus simples mais on reste collés à l’entreprise, à sa demande et à ce que l’on peut lui offrir. Vous savez, mon dada, c’est le labo.
Comme vous ne travaillez qu’avec les entreprises, pourriez-vous nous résumer ce que demande justement l’entreprise ?
L’entreprise est un énorme marché et c’est l’informatique, adossée aux télécoms et aux réseaux, qui peut l’aider. Je ne parle pas de gestion de stocks ou de la paie, je parle de produits pour le manager pour l’aider à faire des choix pour qu’il puisse mieux travailler, mieux gérer et mieux gagner de l’argent. Tout le défi est de passer de la machine à l’humain, à l’homme de terrain ou au manager. Notre démarche est une vue managériale ; c’est-à-dire que le manager doit avoir la bonne info. Il faut focaliser l’information pour le manager. Et pour cela, nous avons créé un premier produit qui a pour nom Texto. C’est une appliance utilisant des équipements commercialisés en Algérie et agréés par l’ARPT. De plus, nous avons déployé avec succès la solution Texto en bêta-test auprès de deux de nos clients. Texto fonctionne en one-way SMS et two-way SMS et le lancement commercial est prévu pour fin mai 2013 avec une vision stratégique de présence à terme sur tout le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest. Ce sont nos marchés et on y va. Si je touche 10% des entreprises, ce sera un très grand succès.
Mais que fait Texto ?
C’est une appliance que l’on met dans son smartphone ou laptop et qui permet de recevoir immédiatement des informations de son ERP. C’est une application basée sur des mots clés. Par exemple, un manager envoie un SMS qui contient « CA » et il recevra immédiatement son chiffre d’affaires sur son smartphone. Il peut demander ses impayés ou les impayés d’un client. Cela aide le manager dans son travail sans aller demander à l’informaticien de lui imprimer et de faire le travail. Comme je vous l’ai dit auparavant, nous ne travaillons qu’avec les entreprises et pour les entreprises. Nous avons aussi d’autres projets innovants dans le pipeline ; parmi ceux-là, un boîtier filtre de contenu en filaire et Wi-Fi adapté aux entreprises algériennes et aux particuliers. L’entreprise est en train de sortir de la bureautique. Les décideurs ont compris qu’ils ne peuvent aller pas plus loin sans un système d’information performant et simple qui lui permette de monter en performance. Nous avons constaté grâce à nos entretiens avec les managers que cela va aller très vite. Et cela va faire tache d’huile mais il faut les bons acteurs d’intégration et répondre aux bonnes questions car la demande est énorme.
Revenons à Cobit. Quels sont vos buts ?
Comme je vous l’ai dit précédemment, Cobit est un cadre de contrôle qui vise à aider le management à gérer les risques (sécurité, fiabilité, conformité) et les investissements. C’est à destination de confrères de l’IT avec cette question « Comment concilier ou comment remettre le DSI à sa place » car le métier de DSI n’est pas valorisé comme il se doit. Avec le lancement de Cobit 2013, nous avons reçu une immense adhésion. Cobit est une approche orientée processus, qui regroupe en quatre domaines (planification, construction, exécution et métrologie) 34 processus distincts qui comprennent en tout 215 activités et un nombre plus important encore de « pratiques de contrôle ».
Mais que va rapporter Cobit aux entreprises ?
Cela va apporter, ce que je considère comme vital, une norme fédératrice tout en valorisant la DSI. De plus, l’entreprise va avoir des indicateurs et cela permettra l’adhésion de tous les gestionnaires. Une fois installé et mis en œuvre, l’entreprise parlera avec des indicateurs clairs et connus de tous. Cela apporte un langage commun et on parle donc le même langage. C’est cela l’expérience mais nous sommes conscients que c’est une phase extrêmement importante et qu’il faut passer. Il est vrai que les exigences sont très hautes. Nous exigerons beaucoup d’engagement mais nous sommes prêts à former les RH. Cobit fournit aux gestionnaires, auditeurs et utilisateurs de TIC des indicateurs, des processus et des bonnes pratiques pour les aider à maximiser les avantages issus du recours à des techniques informatiques et à l’élaboration de la gouvernance et du contrôle d’une entreprise.
Il les aide à comprendre leurs systèmes informatiques et à déterminer le niveau de sécurité et de contrôle qui est nécessaire pour protéger leur entreprise, et ceci par le biais du développement d’un modèle de gouvernance des systèmes d’information tel que Cobit. Ainsi, Cobit fournit des indicateurs clés d’objectif, des indicateurs clés de performance et des facteurs clés de succès pour chacun de ses processus. Le modèle Cobit se focalise sur ce que l’entreprise a besoin de faire et non sur la façon dont elle doit le faire. Enfin, Cobit s’adresse à trois niveaux. Le management pour lequel il offre un moyen d’aide à la décision, les utilisateurs directs pour lesquels il permet d’apporter des garanties sur la sécurité et les contrôles des services informatiques et les auditeurs et les consultants auxquels il propose des moyens d’interventions reconnus internationalement.