20 janvier 2025

GeekWeek : Payer en cash dans les 5 étoiles !

geekweekEn dépit des discours qu’on entend çà et là, les TIC tardent à être adoptées par les opérateurs économiques. Le blocage se situe souvent au niveau des mentalités. On crée un site web pour faire plaisir au ministre, on se met sur Facebook pour sauver les apparences mais la conviction en moins. Et pour illustrer notre constat, prenons un exemple d’actualité. Lors d’un entretien accordé au quotidien national El Watan, Mohamed Benmeradi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, donne de l’eau à notre moulin. Quand il a demandé à la direction du tourisme de lui faire un sondage, uniquement à Alger, auprès des grands hôtels 5 étoiles où il a posé quelques questions : qui paie avec la carte de crédit, qui fait des réservations par Internet, qui accepte les chèques, comme par hasard, nos hôtels ne les acceptent pas ! Or, aujourd’hui au niveau international, quand on fait une réservation avec une carte de crédit, si on ne vient pas elle est débitée. Le ministre n’était pas au bout de ses surprises. Symbole fort de la capitale, l’hôtel El Aurassi, qui a ouvert en 1975, a bénéficié d’une réhabilitation. Le projet, d’un coût de près de 72 millions d’euros, a permis à l’établissement de mériter ses 5 étoiles. Mais il faut savoir qu’il continue d’être payé en espèces ! Et n’accepte pas les chèques ! Cette pratique, absolument innovante dans un hôtel d’un tel niveau, laisse pantois. Même les sociétés comme Sonelgaz et Algérie Télécom n’acceptent pas les chèques. En outre, les changements induits par Internet, ce nouveau média, sur la filière du tourisme sont nombreux, importants et durables, à tel point qu’on parle désormais de «e-tourisme». Nos agences de tourisme ont-elles conscience de cela ? Plus de 50 % des européens préparent leurs vacances en ligne alors que nous restons au stade de la distribution de prospectus et catalogues en couleurs dans les salons. Il est désormais possible de proposer à un client une visite virtuelle d’un gîte ou d’une chambre et de lui donner un avant goût de ses vacances via des photos ou de courtes vidéo de la région. Très peu de sites web algériens ont suivi cette tendance. Le projet « e-Algérie » comportait pourtant « 1 010 » actions supposées propulser notre pays dans le concert des nations ayant maîtrisé les TIC à travers, entre autres, la mise en place de services en ligne. Cependant, pour suivre ces actions, il aurait fallu un chef de projet. Malheureusement, très peu de concrétisations à ce mettre sous la dent. Et pour nous assommer, le rapport du World Economic Forum 2013 sur les TIC classe l’Algérie au bas du tableau mondial.
L’Algérie est à la 131e place dans le classement mondial 2013 des TIC, après avoir occupé le 118e rang en 2012. Pour le mesurer, l’indice NRI calcule l’aptitude d’un pays à exploiter pleinement les TIC en termes respectivement d’infrastructures des TIC, du coût d’accès et de la disponibilité des compétences requises pour un usage optimal, de l’utilisation des TIC par les gouvernements et le milieu des affaires, du contexte économique et du climat pour l’innovation, du cadre politique et règlementaire et de l’impact économique et social des TIC. Ne paie-t-on pas indirectement les retards accumulés pour le lancement de la 3G ? Une opération maintes fois annoncées mais qui n’a pas encore vu le jour. Des reports qui se sont avérés catastrophiques pour l’image du pays d’autant plus qu’aucune nation n’a connu de tels rebondissements pour introduire cette technologie. Autre déclaration qui nous situe par rapport aux nations : Jean-Pierre Temime, vice-président du groupe français Orange, a affirmé lors d’une rencontre sur l’économie numérique, organisée par la chambre de commerce et d’industrie Algéro-Française (CCIAF) : « En dépit de son potentiel financier, l’Algérie accuse un énorme retard dans la numérisation des entreprises. » Une politique volontariste pour accompagner les PME dans leur appropriation des TIC est vitale. Une entreprise vit souvent au rythme d’événements qui structurent son évolution technologique : un déménagement, un renouvellement d’équipement, voire une nouvelle application informatique. Force est de constater qu’il existe un décalage entre les deux secteurs. Il est temps de structurer le débat mais surtout de concrétiser les intentions.

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