Pour être encore plus Net @vec vous, je vous assure que l’information à la base de la chronique de cette semaine m’a laissé sans voix ! Et c’est justement pour cette raison que j’ai décidé de vous en parler. Figurez-vous que vos cordes vocales ont une signature numérique, des empreintes quoi, qui peuvent vous trahir, au même titre que les bonnes vieilles empreintes digitales de la police criminelle ou votre ADN. Donc, amis d’IT Mag, ne laissez pas trop balader votre voix sur Skype et ne la déposez pas systématiquement dans quelque boîte vocale que ce soit, même pas celle d’un proche. Elle risque de vous trahir un jour, même si l’enregistrement est de piètre qualité. Et même si votre belle voix, le jour où vous l’avez « déposée » ou qui aura été enregistrée à votre insu, était déformée par l’émotion ou une forte grippe. C’est ce qui est arrivé à un certain Jérôme Cahuzac, ministre des Finances, Franc-maçon de son obédience cachée, mais alors-là, pas franc du collier du tout même s’il est Français et accessoirement socialiste rose bonbon qui pensait avoir bien caché ses francs suisses dans un paradis fiscal. Ce Cahuzac, vous en avez sans doute entendu parler, vous qui êtes branchés sur les TIC et « parabolés » sur les chaînes de télé françaises. Eh bien, ce p’tit malin, qui a le nez plus long que celui de Pinocchio, c’est sa voix qui l’a fait tomber du haut de son piédestal et ses camarades socialos des nues ! Précisément, c’est un logiciel, dont le nom évoque Batman, qui l’a fait coincer. Effectivement, pour identifier le ministre dans l’enregistrement sonore qui l’accuse de posséder un compte en Suisse, les policiers français ont utilisé un outil de reconnaissance vocale redoutable. Il s’appelle Batvox. Pour être plus précis encore, c’est un enregistrement de trois minutes cinquante qui a entraîné sa chute et accentué encore plus la descente aux enfers sondagiers du président François Hollande. Pourtant, la conversation dans laquelle une voix avoue posséder un compte en Suisse, capturée sur un répondeur téléphonique en 2000, soit il y a une éternité, n’avait rien, a priori, d’une preuve accablante pour lui. Son de très mauvaise qualité, qui crachote et qui est perturbé par de nombreux bruits parasites et des sifflements : difficile, même pour ses proches, de reconnaître le ministre?sur une ligne aussi friturée ! Cela n’a pas empêché pour autant les techniciens de la police scientifique française d’identifier Jérôme Cahuzac. Avec un niveau de certitude suffisamment élevé pour que le parquet de Paris décide d’ouvrir une information judiciaire. Basés à Écully près de Lyon, ces graphologues de la voix sont regroupés au sein du discret Service central de l’informatique et des traces technologiques (SCITT).
Mais, me diriez-vous, comment ont-ils réussi une telle prouesse technique, alors que, souvent, quand il s’agit de revendication d’attentats terroristes, les experts peinent parfois à identifier les voix enregistrées?? Tout simplement – enfin, ma foi, ce n’est pas aussi simple que ça -, en utilisant le nec plus ultra de la technologie acoustique. Les cyberflics français ont commencé alors par « nettoyer » l’enregistrement en supprimant le plus possible les bruits de fond, craquements, chuintements et sons parasites. Ils ont ensuite transformé le son en ondes pour en avoir une représentation graphique nette. Le tout, dans un premier temps, à l’aide de logiciels accessibles au grand public, payants comme Audition d’Adobe et Sound Forge Audio Studio de Sony, ou gratuits comme Audacity et Goldwave.
Ce travail préliminaire a permis d’effectuer une comparaison audio et visuelle (graphique) avec un enregistrement de référence du ministre. Tout comme l’ADN ou les empreintes digitales, la voix a un caractère quasi unique, malgré ses possibles fluctuations et autres altérations et déformations. On ne peut s’en servir pour une identification que si l’on possède un original auquel le confronter. Les policiers se constituent à cet effet des bases de données d’empreintes vocales de criminels et de suspects. Dans le cas de Jérôme Cahuzac, rien de plus aisé : il leur a suffi de récupérer un discours enregistré ou une interview. Et procéder ensuite à une analyse phonétique. C’est là qu’est entrée en jeu l’arme secrète des enquêteurs, le logiciel Batvox. Inutile de le chercher, amis geeks, moi qui vous voie frétiller d’excitation numérique, vous ne le trouverez pas dans le commerce. A plus forte raison à Alger, car il n’est pas « piratable » ! Il a été conçu exclusivement pour les spécialistes de l’investigation numérique.
Les flics, quoi. Donc, pour en revenir à notre Cahuzac, peu importe ce que raconte le suspect ou la langue employée, Batvox a les moyens de l’identifier. Ce logiciel permet de représenter une voix sous la forme d’une courbe et de la comparer à un autre enregistrement. C’est ce qu’on fait les policiers dans le cas Cahuzac : la courbe de la conversation téléphonique a été confrontée à celle d’un de ses discours publics. C’est donc grâce à cet outil redoutable que les experts de la police – formés par l’éditeur – ont pu avancer dans l’affaire et permis au juge de le mettre en examen. Enfin, ultime comparaison : Jérôme Cahuzac est un ami du célèbre et priapique Dominique Strauss-Kahn. Il est tombé, à son tour, à la faveur d’un scandale financier devenu politique. Différent, il est vrai, du scandale de la gaudriole qui a fait chuter son ancien mentor. Mais, dans les deux cas, c’est un organe qui a finalement tué, politiquement, ces deux anciens grands argentiers de la France. L’un l’organe vocal, l’autre, l’instrument de sa virilité dévastatrice. L’un, c’est Batvox qui l’a coincé. L’autre, Nafissatou Diallo qu’il croyait « dialou » au Sofitel de New York.