Il y a comme une prétention chez les réseaux sociaux à se comparer aux courriels pour se donner de l’importance et un chouïa de convivialité supplémentaire, mais leur pérennité est loin d’être assurée. Ça, beaucoup d’experts l’affirme. Pas seulement le chroniqueur d’IT Mag, un tantinet ringard et surtout nostalgique de la lettre manuscrite, rédigée avec un stylo à plume Waterman ! Je vois d’ici le directeur de votre magazine préféré éclater de son rire sonore et me dire, goguenard, comme le chanteur de rap MC Solar, « les temps changent » mon vieux ! Certes, les temps changent, monsieur le directeur et geek acharné. Et dans l’univers des TIC, à la vitesse de la lumière ou même à celle du transfert de données, oui, c’est vrai… Oui, mais il y a quand même, depuis plusieurs années, une certaine vanité chez les acteurs des réseaux sociaux à décréter régulièrement la mort de l’e-mail. Ça rappelle à un vieux chnoque comme le chroniqueur le fameux graffiti dans le métro parisien, « Dieu est mort. Signé Nietzsche », auquel un autre auteur avait répondu, fort à propos d’ailleurs, « Nietzsche est mort. Signé Dieu ». Dans le cas des réseaux sociaux, pour être honnête, c’est-à-dire Net @vec vous, on constate bien l’émergence de nouveaux modes de communication qui viennent se surimposer au pépère courrier électronique, le courriel pour les puristes de la langue française. Mais, force est de dire qu’ils ne les remplacent pas, pas plus que l’e-mail n’a « tué » les communications téléphoniques. Pas plus que l’Internet n’a tué le livre et pas plus que les journaux en ligne n’ont tué la presse en papier. « Emziya », comme aurait dit ma grand-mère Yakouta ! Mais, diriez-vous, il y a bien des outils pour pallier les défauts de l’e-mail. Et on a bien constaté une adoption rapide par le grand public, comme par les organisations, de nouveaux canaux de communication. Des instruments qui autorisent les échanges simultanés à plus de deux personnes à la fois. Ces canaux viennent pallier la difficulté patente de mener à bien un travail en équipe à plus de deux par e-mail. Et, c’est une évidence même, avec ce dernier, il devient rapidement très laborieux de suivre les ajouts et modifications des uns et des autres, de garder trace des versions successives, et de faire émerger une vision cohérente commune. Rappelez-vous que c’est cela qui a donné lieu à la création des premiers outils de groupware, dont le célèbre Lotus Notes, qui a profondément transformé la manière de travailler dans de nombreuses organisations. Depuis, il semble que les innovations se situent plus du côté des concepts et du jargon employés que des réalités vraiment vécues. On est donc passé à l’entreprise 2.0 et au crowdsourcing, alors que les wikis se développent. Mais, et heureux de vous le faire remarquer, on en revient toujours aux fondamentaux d’origine : c’est la communauté d’intérêts qui crée le besoin d’interactions, pas l’outil. En tout cas pas au-delà du succès initial de curiosité car les communautés ont essentiellement besoin de partager des documents, dans des espaces plus ou moins protégés, ainsi que de tenir des conversations à plusieurs. Enfin, d’identifier des contenus déjà produits ailleurs, et des personnes dans le réseau qui peuvent faire profiter les autres de leurs compétences. Les réseaux sociaux qui fonctionnent le mieux sont donc, en général, ceux qui sont les plus simples et qui outillent des communautés-métier déjà structurées. Alors, les réseaux sociaux sont morts ? Puisque ces réseaux sociaux se déclarent être le tout de la communication, de mon côté, j’ose, je prétends et j’affirme même, du haut de mes cheveux blancs, que les réseaux sociaux sont presque déjà morts ou le seraient dans pas longtemps. S’agissant de l’échange par courriels, ils vont exploser en ligne, comme la grenouille de La Fontaine qui voulait se faire aussi grosse qu’un bœuf engraissé aux hormones. La petite batracienne, en choisissant un des plus gros animaux de son entourage, eh bien elle pensait la finaude que cela suffirait à lui conférer de l’importance. Tu parles, Charles ! De la même manière, les réseaux sociaux se comparent à l’e-mail pour se donner du poids. Mais leur rentabilité est, de ce point de vue, négative. Elle est adossée à une contradiction intrinsèque, qui est de demander aux individus de passer beaucoup de temps à être improductifs au travail. Tout ceci va peut-être mener à leur abandon progressif, une fois l’effet de mode passé, lorsqu’il deviendra évident de reconnaître que cette voie était sans issue. On aura alors franchi une grande étape vers la maturité et le réalisme, en reconnaissant que dans un contexte de travail, seuls les outils collaboratifs orientés vers un résultat en phase avec la vocation de l’organisation (entreprise) peuvent perdurer et prospérer. Et ces outils-là, au-delà de favoriser les comportements collaboratifs, seront économiquement rentables. Le MP de Facebook est mort, alors vive l’e-mail de papa !
Une réflexion sur « C'est Net @vec vous : Les réseaux sociaux sont morts, vive l’e-mail ! »